En Libye, les insurgés contrôlent désormais l'est du pays, d'où leur mouvement a démarré. Ils tentent désormais d'avancer vers le centre et l'ouest du pays, avec pour objectif d'atteindre Tripoli et d'en finir avec El-Kadhafi et son régime. Leur marche sur la capitale ne prend pas toutefois l'allure d'une promenade. Car, malgré les énormes pertes que leur a infligées l'aviation de la coalition internationale, il s'avère que les troupes fidèles au dictateur ne se sont pas débandées et semblent déterminées à faire face à leur offensive en direction de Tripoli. C'est qu'au centre et à l'ouest du pays, elles sont en région où manifestement l'insurrection ne bénéficie pas du soutien populaire qu'elle a rencontré à l'Est. Quoi que l'on pense de lui, Mouammar El-Kadhafi n'est finalement pas aussi isolé et réduit à ne compter que sur des mercenaires étrangers, ainsi que le représentent les puissances occidentales et leurs médias. C'est une véritable guerre civile entre Libyens à laquelle nous assistons et dont ces milieux ne veulent pas admettre la réalité. Kadhafi en porte la responsabilité première : il doit en payer le prix. Cela admis, la communauté internationale ne doit pas se laisser entraîner par le jusqu'au-boutisme franco-britannique qui ne veut pas d'une solution négociée au conflit libyen, mais d'une victoire totale d'une partie du peuple libyen sur l'autre. Autant qu'El-Kadhafi, le couple franco-britannique joue sur les inimitiés tribales, historiques et même économiques qui opposent les populations de l'Est libyen à celles du Centre et de l'Ouest. El-Kadhafi parti, les haines et les rancunes subsisteront au sein du peuple libyen en cas de dénouement au conflit tel qu'encouragé par Paris et Londres. L'armée de Kadhafi a commis des crimes de guerre dans les villes passées à la rébellion quand elle les a réoccupées. La presse étrangère n'a pas manqué de les porter à la connaissance de l'opinion internationale. C'était son devoir, mais c'est aussi le sien de ne pas faire silence sur le comportement des insurgés à l'égard des partisans d'El-Kadhafi dans les villes réoccupées par eux. Les crimes et les atrocités commises par l'un et l'autre camps dans cette guerre fratricide se déroulant en Libye, pèseront lourd pendant longtemps et rendent problématique une réconciliation nationale en Libye. Le couple franco-britannique fait semblant de croire que celle-ci interviendra aussitôt El-Kadhafi et son régime disparus. En réalité, il a froidement prémédité l'éclatement de la Libye. Pour l'heure, il met en avant le Conseil national de transition censé représenter l'ensemble du peuple libyen, présenté lui aussi comme unanime à vouloir le départ d'El-Kadhafi et la fin de son régime. Il s'en démarquera aussitôt cet objectif atteint et le laissera faire face seul aux contestations de sa représentativité nationale qui ne manqueront pas de se manifester. Paris et Londres tirent gloriole de leur fermeté à l'endroit du dictateur de Tripoli. Mais n'avouent pas «les arrière-pensées sordides qu'elles nourrissent à l'égard de la Libye. El-Kadhafi leur a permis de faire de juteuses affaires avec son pays pendant ses quarante-deux années de pouvoir. La Libye, dont elles ont contribué à ce qu'elle devienne un champ de ruine, continuera à leur offrir l'opportunité d'en réaliser d'autres encore plus profitables. Vu de Londres et de Paris, c'est tout bénéfice que les Libyens n'arrêtent pas de s'étriper et de se massacrer pendant longtemps encore. Ils ont créé les conditions pour.