Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, est revenu jeudi sur les derniers mouvements de protestation qui ont secoué plusieurs villes du pays après la distribution de logements sociaux locatifs. Le ministre, qui répondait à une question d'un député lors d'une séance plénière de l'APN consacrée aux questions orales, a soutenu que «des efforts ont été déployés cette année pour distribuer 75.000 logements nouveaux et qu'on ne pouvait satisfaire tout le monde tellement la demande est considérable». Il a estimé que les protestataires «ne remettaient pas en cause le droit des bénéficiaires au logement mais le retard mis dans l'arrivée de leur tour de livraison». Cependant, a-t-il dit, «ce qui est inadmissible c'est le fait d'incendier les APC et les daïras et de déclencher des émeutes», précisant que «les auteurs de ces actes répondent actuellement de ce qu'ils ont fait». Le chef de la daïra, a-t-il souligné, «n'est pas responsable» des listes des bénéficiaires de logements «car ces listes sont étudiées au niveau d'une commission qui regroupe même les représentants des quartiers et des citoyens». Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Noureddine Moussa, a assuré, de son côté, durant la même séance que la règlementation régissant la distribution des logements sociaux en Algérie est «impartiale». Le décret 08-142 du 11 mai 2008, fixant les règles d'attribution du logement locatif «a introduit l'équité et la justice dans la distribution des logements», a-t-il affirmé. Conformément à ce texte, il a été créé un «fichier national du logement» où sont consignées l'ensemble des décisions d'attribution des logements publics locatifs, des logements sociaux participatifs, des logements cédés dans le cadre de la location-vente, des terrains à caractère social et des aides de l'Etat attribuées pour l'achat ou la construction d'un logement. Il a souligné que les ministres de l'Habitat et des Collectivités locales ont été désignés comme «destinataires de toutes les informations liées aux conditions et modalités de son attribution» pour assurer le suivi de l'attribution du logement public locatif. L'affectation des logements sociaux se fait, selon le même décret, en fonction du nombre de pièces (F2, F3 ou F4), de la situation de famille ainsi que du nombre des personnes à charge. Le ministre a toutefois avancé qu'une «série de recommandations, élaborées en concertation avec le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales sont prêtes afin d'appuyer l'actuel décret». Il a rappelé que pour l'année en cours, il est prévu la réalisation de 234.000 logements, alors que 60.000 unités ont été achevées durant le premier trimestre 2011. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme a aussi annoncé que 380.000 logements sont inscrits à l'échelle nationale dans le cadre du plan d'éradication de l'habitat précaire. «Mais, les disponibilités financières ne sont pas, à elles seules, suffisantes pour résoudre la problématique du logement en Algérie», a-t-il par ailleurs déclaré. Outre le manque des assiettes foncières dans le centre du pays, le savoir-faire est un autre problème qui entrave la bonne exécution des programmes de logements en Algérie, selon le ministre. «22.000 entreprises qualifiées activant dans le BTPH durant le dernier quinquennat et 34.000 aujourd'hui ne sont pas suffisantes quand on sait qu'une bonne partie d'entre elles sont des entreprises familiales employant moins de 9 personnes», a-t-il révélé. Des mouvements de protesta avaient éclaté un peu partout ces dernières semaines après l'affichage des listes des bénéficiaires de logements sociaux locatifs. Dans certaines régions de l'Est et du Centre du pays, la contestation des listes a été violente. Des émeutiers avaient saccagé et mis à sac plusieurs institutions publiques pour dénoncer leur «exclusion».