La 5ème soirée du festival culturel de la musique hawzi de jeudi dernier a été exclusivement réservée à l'association «Andaloussiat» de Rabat (Maroc). Et pour cause. La scène du grand Bassin accueillait à cette occasion deux grands noms de la musique andalouse marocaine, à savoir Ahmed Pirou (alter ego de Ahmed Serri) et Mohammed Badjdoub ainsi que Baha'Ronda. Cheikh Badjdoub considère que sa «participation à ce festival est un plus à son CV et représente un couronnement par rapport à son parcours artistique». En ouverture, l'orchestre dirigé par Mohammed Amine Debbi (au tar) a exécuté une wasla andaloussia gharnatia. Le duo Pirou-Ronda gratifiera le public d'une série d'extraits de la nouba djarka. En guise de prélude, un istikhabar araq «Walah law khayarouni» suivi de «Achq zine n'ssaha» et des khlassat «Ya mouqabil», «Amchi ya rassoul» et «Hada el ghram ladi katamtou». La prestation du ténor Badjdoub, une bête de scène, était le clou de la soirée. Il dédiera à la Perle du Maghreb «Qalou ahbabtou tilimsen wa anchaghaltou biha» qui provoquera des youyous en série. Il offrira également un mawel style Nadhim el Ghazali «Rahima el achiq mata sabra» suivi de khlassat «Quodoum el habib» et «Allah ma salli ala el mostafa». Avec en prime des madih «Ana mani fiyach», «Allah, Allah mawlana» et «Ana khdim rassoul Allah». Cette fois-ci, Badjadou sera accompagné en «karaoké» par des mélomanes. En finale, le trio Pirou-Badjdoub-Ronda fera un mixage entre le gharnati et tarab el ala. Il chantera entre autres «Ya law el assal» (sika), «Chams el achia» (muwashshah)... L'orchestre professionnel était composé d'un joueur de rebeb, un claviste, quatre violonistes, quatre luthistes, un violoncelliste, deux percussionnistes (dont le chef d'orchestre) ainsi que deux choristes. L'animation sur scène était assurée avec brio par le jeune Hawa en costume blanc immaculé, qui ne manquera pas de dévoiler à cette occasion ses talents de poète. La scène était par ailleurs dotée d'un datashow géant visionnant le déroulement de la soirée. Il faut mentionner que cette édition spéciale n'a été dédiée à aucune figure de la musique andalouse (alors que celui qui chanta «Ya Tlemcen el djouhara», en l'occurrence Cheikh Ahmed Mellouk attendait, lui qui est grabataire, un geste dans ce sens). Il convient de noter que cette soirée typiquement marocaine a été rehaussée par la présence du ministre d'Etat M. Yazid Zerhouni (en visite privée) accompagné du P/APC Abdou Brixi qui seront rejoints «discrètement» quelque temps après par le P/APW Mohammed Hamli et le chef de cabinet du wali Hocine Bettioui. Une brèche dans le boycott des manifestations du département de Khalida Toumi ? Quant au coordinateur national de la manifestation «Tlemcen 2011» M. Abdelhamid Benblidia qui était accompagné de sa famille, il donnait l'impression d'être là à titre privé puisqu'il prendra le soin de rester à l'écart, loin du parterre officiel. Notons enfin que Zerhouni a quitté les lieux au milieu de la soirée.