Le jeune PDG de IVAL Algérie est candidat aux élections à la présidence du FCE du 17 novembre prochain. Positionné clairement en critique du bilan du président sortant, il partage avec Hassan Khelifati, une authenticité «d'entrepreneur du terroir», face à «l'élitisme du FCE» cristallisé par les deux mandats de Réda Hamiani. Rencontre avec un jeune chef d'entreprise qui se raconte d'une voix posée, entre deux rendez-vous de campagne, sans doute plus trépidant. Mohamed Baïri a réuni, en grand messe, à l'hôtel Hilton à Alger ses pairs chefs d'entreprises, les médias et les amis pour annoncer sa candidature à la présidence du FCE. Rassembler est un trait de famille. Entreprendre aussi. Grand père dans les matériaux de construction dans les années 30. Père et oncles, essaimés dans la Mitidja est, entre activités agricoles, quincaillerie et distribution prolonge le sillon. Chez les Baïri, Zetchi, Yaici qui, entre Palestro, Ouled Moussa et Rouiba, fonctionnent «en tribu de la création de valeur», le challenge de l'entreprise a des racines lointaines. Mohamed, aujourd'hui 41 ans, est, en 1987, agent agrée SNVI à 27 ans. Une longue histoire avec la distribution début! e dans la mécanique. Il est formé dans le management de la filière et se retrouve avec l'ouverture de 1990, représentant en Algérie de Monroe, le fabricant américain d'amortisseurs. Lorsqu'en 2004, Mohamed Baïri est approchée par Fiat, pour distribuer sa marque, il est avec IVAL, à la tête d'une affaire qui tourne, la distribution des camions et des bus Iveco, «mon métier de base». C'est donc presque naturellement qu'il devient deux ans plus tard le président de l'AC2A, l'association des concessionnaires automobiles. C'est d'ailleurs, dans sa déclaration-programme en dix points, son expérience à la tête de cette association, qu'il a annoncé vouloir mettre à la disposition du forum des chefs d'entreprises. Mais aussi son énergie d'infatigable entre! prenant : «pour apporter un souffle nouveau» à une organisation, le FCE, qui en a besoin. Les chicanes sur la route de la concession automobiles en Algérie, -taxe automobile en 2008, suppression du crédit automobile et l'instauration du crédit documentaire en 2009-, «m'ont ramené vers mon grand-père». Diversification dans l'industrie des matériaux de construction où il devient en trois ans, un acteur important, avec notamment une nouvelle usine, livrée en 2012, au potentiel de 400 000 produits sanitaires par an : «85% des matières premières sont locales. Les prix pratiqués pour une salle de bain importée sont insensés». «TRAVAILLER EN SOLO CONDUIT A DE GROSSES ERREURS» Un parcours de chef d'entreprise à succès fait il un bon candidat à la présidence du FCE ? «J'ai appris aussi de mon vécu associatif et de quelques-unes de mes impasses professionnelles». L'opération FIAT va être rétrocédée à Cevital cette année. «Les italiens ont changé le modèle sans prévenir. Au départ nous faisions du volume avec des véhicules fabriqués au Brésil. Nous sommes passés à des voitures italiennes plus chères et au positionnement plus délicat sur le marché algérien». Sans que Turin ne cède rien sur ses marges. Dans ses affaires privées, comme lorsqu'il représente la filière, Mohamed Baïri aime à dire qu'il «privilégie le dialogue». «Cela ne sert à rien d'aller au clash sans avoir prospecter auparavant les solutions avec son vis-à-vis». Allusion à peine voilée à l'épisode Reda Hamiani -LFC 2009. La réaction, jugée vindicative du président du FCE, a été contre-productive, selon une partie des membres du FCE. Mohamed Baïri est un pragmatique. Une visite avec ses collègues de l'AC2A, sans médiatisation à la commission économique de l'assemblée nationale pour expliquer que «la taxe sur l'automobile n'est pas une mesure qui va réduire les ventes dans la durée» avant le vote parlementaire, lui parait «plus utile» qu'un grand discours dans les journaux. La réforme de la gouvernance du FCE où il occupe le haut du programme électoral. Illustration de propos: «élargir la concertation, associer les adhérents aux prises des grandes décisions, ce n'est pas juste une affaire de style. On peut commettre de grosses erreurs en travaillant en solo. Exemple, Réda Hamiani a dit oui à la concession dans le foncier industriel. Nous sommes une majorité de membres du FCE, y compris dans le conseil orientation stratégique, à être contre cette mesure». «CONTRE L'INGERENCE ? UNE ENTREPRISE SAINE» Mohamed Baïri aspire à diriger un FCE moins élitiste, plus ouvert aux profils variés des chefs d'entreprises «dans toute l'Algérie». La campagne d'adhésion tombe sous le sens. «Je regarde ce que sont l'Utica en Tunisie et la CGEM au Maroc, et je dis que nous avons beaucoup de travail qui nous attend». Il ne veut pas jouer la carte générationnelle «la performance n'est pas un problème d'âge. Nous avons les mêmes problèmes de chefs d'entreprises. Par contre il y a un besoin de rallumer la braise. Un souffle nouveau». Le candidat Baïri a une autre idée de l'utilité du FCE pour ses adhérents : banques de données, formation par profil avec des partenaires,! conseil et assistance juridique. Il réfléchit beaucoup Maghreb. Et veut organiser des assises nationales de l'entreprise. Pour un candidat parti en dernier, il avance vite. Et à découvert. Alors survient l'inévitable question des pressions politiques, en réalité du pouvoir, sur le FCE. Mohamed Bairi se retourne vers ses conseillers et amis. Un instant désarçonné, il fini par trouver la réplique : «il faut avoir au FCE des dirigeants à la tête d'entreprises saines pour ne pas subir les pressions. Le plus souvent les ingérences viennent à cause d'entreprises en difficultés». Pas de noms à citer. En vérité, la génération de Baïri intègre moins la gestion politique dans son champ de vision que celle de Réda Hamiani ou de Omar Ramdane. A prendre ainsi. Peut être que, dans son ingéniosité, lui au moins, ne fera jamais voter un soutien à un candidat «officiel» aux présidentielles. Pour éviter, par exemple, de perdre un adhérent du poids de Issad Rebrab.