Nassim Kerdjoudj est le challenger paradoxal dans les élections à la présidence du FCE. Vice-président proche de Réda Hamiani, issu d'une expérience ANSEJ, dont il se dit fier, il représente dans le même temps le profil le plus branché mondialisation, avec son expérience à l'international notamment chez IBM. Il affirme ici ses convictions. Notamment sur le climat des investissements altéré par la règle de 51-49. Vous êtes vice-président du FCE depuis deux ans et candidat à sa présidence en même temps que votre président Réda Hamiani. En quoi vous vous distinguez si on excepte le fait que vous êtes plus jeune ? A quarante ans, on est plus jeune. Il n'y a pas d'âge pour assumer des responsabilités. Je ne suis pas dans un esprit de conflit de génération, mais dans une optique de construction. Nous sommes dans une organisation de bâtisseurs, nous sommes tous, quel que soit notre âge, ou la taille de nos entreprises au FCE au service de l'entreprise algérienne. En tant que vice-président, depuis deux ans, j'ai apporté mes idées, mis en œuvre un certain nombre d'initiatives et piloté plusieurs dossiers en collaboration avec le Président. Aujourd'hui, j'ai le sentiment que je peux apporter plus en passant à un autre stade de responsabilités, avec une ambition légitime, consolider encore plus les capacités de notre organisation et lui faire franchir un nouveau palier avec de nouveaux défis. La campagne électorale est ouverte et les autres candidats reprochent à l'actuelle direction du FCE d'avoir échoué à en élargir la base, d'en avoir fait un club élitiste et d'avoir fait fausse route en acceptant par exemple la concession dans le foncier industriel. Le FCE ne peut pas se targuer d'avoir réalisé tout son programme. C'est un fait. L'ensemble des candidats sont au FCE depuis pratiquement sa création et la démarche «élitiste» existait dès les premières années par souci de consolider la base au départ et de donner un poids à l'organisation. En terme d'élargissement, je note simplement que le nombre d'adhérents a doublé ces trois dernières années Il faut poursuivre bien évidement dans cette direction sans perdre de vue que les valeurs du FCE doivent être partagées par tous et la masse critique doit rester cohérente. Le FCE a toujours affiché une position constante sur le foncier et la concession. Notre organisation a pris acte d'une décision et a exprimé ses réserves aux pouvoirs publics sur les obstacles des enchères. En revanche, notre processus de concertation avec l'ensemble des membres est encore perfectible, c'est la raison pour laquelle j'ai proposé l'idée de décentralisation de la réflexion avec la création des Clubs FCE et le processus que suivront les axes des propositions du FCE, fondées sur la base. Aujourd'hui, la jeunesse représente l'écrasante majorité de la population. C'est elle qui construira l'entreprise et la société de demain. Le FCE est concerné au premier plan par ce chantier. Nous ne concevons pas la construction par une rupture avec nos aînés qui, pour la plupart, demeurent très actifs. Leur expérience est trop précieuse pour s'en passer. Rappelons leur résistance durant cette période pas si lointaine de la totale marginalisation de l'entreprise privée. Vous travaillez dans les «solutions informatiques», un secteur innovant mais un peu en marge de l'entreprenariat qui forme le FCE. Quel est le vécu d'entreprise que vous pouvez transmettre à votre gouvernance du FCE ? Vous sentez-vous en mesure de résister aux pressions politiques qui pèsent sur le FCE à l'approche d'élections présidentielles par exemple ? Après une carrière internationale (IBM et Microsoft) dans le secteur des TIC, j'ai créé mon entreprise il y a sept ans dans le cadre de l'ANSEJ en démarrant en EURL au capital d'un million de dinars. Aujourd'hui Net-Skills est une SPA au capital de 100 millions de DA, 100% algérien. J'ai développé mon entreprise à partir d'un dispositif de soutien à l'investissement duquel je suis fier et auquel je revendique l'appartenance comme beaucoup de jeunes de notre pays. Pour beaucoup d'entre nous ce modèle a permis de créer de la valeur et des emplois, dans des secteurs encore nouveaux. Le développement des télécom a tiré ce secteur par le haut mais il est encore très loin de ce qu'il doit être. Le développement de ma société se fait dans le cadre d'une vision à long terme. La transformation en SPA obéit à une logique de gouvernance et d'ambition que je qualifierai de standard. Avoir un conseil d'administration oblige à davantage de rigueur, de transparence et de collégialité dans les décisions. C'est un excellent exercice. Le FCE a le budget de fonctionnement d'une PME avec des enjeux de grande entreprise. L'expérience que j'ai acquise dans ses organes de direction me permet de mieux appréhender les ajustements à y apporter en termes de gouvernance et d'organisation. L'utilisation plus grande des TIC dans les échanges et l'information avec nos membres, la mise en place de plate-forme statistiques et le recueil des contributions pour mieux porter la voix de tous sera, bien sûr un de mes chantiers. Pour le reste nous vivons une période de changements où il est difficile de savoir si le contexte d'hier sera celui de demain. Il est déjà arrivé que des patronats européens soutiennent la candidature d'un Président cela n'est pas un cas algérien. Il y a un règlement et des statuts qui prévoient que les décisions qui engagent l'association relèvent exclusivement de l'AG. J'en ferai ma ligne de conduite en tant que Président du FCE. Quel bilan tirez-vous aujourd'hui de la disposition du 51%-49% ? Vous êtes un spécialiste du secteur des télécoms, comment pensez-vous par exemple que l'Etat devrait agir dans l'affaire Djezzy ? L'Algérie ne peut construire une économie autarcique. Léconomie mondialisée à laquelle nous faisons face aujourd'hui obéit à des codes et un rythme de changement nouveaux. Force est de constater que notre génération est plus familière de ces codes entre autres celui simple de la maîtrise de l'anglais. Des mesures de bon sens, à un instant donné, lorsqu'elles sont bien préparées et accompagnées, sont favorables à l'économie nationale. Elles peuvent constituer un mauvais signal lorsqu'elles sont perçues comme un virage à 180 degrés compte-tenu de l'ouverture excessive de notre code des investissements par le passé. Nous avons, durant presque vingt ans, eu un code des investissements pratiquement stable et inchangé. Contrairement à ce que l'on pense, sa modification a déstabilisé le climat des investissements. Les chiffres le montrent. Même s'il ne faut pas occulter l'effet conjoncturel de la crise et l'attractivité principalement concentrée sur la dépense publique. Nous possédons à l'étranger une communauté importante et très qualifiée dans différents secteurs qui peut nous amener concrètement du savoir faire et de l'investissement. C'est une des missions que je souhaite continuer à mener, sous des formes plus opérationnelles et mieux ordonnées. Pour ce qui est d'Orascom Telecom Algérie, la pierre d'achoppement est une transaction financière entre l'Etat et le propriétaire. De ce point de vue, il leur appartient de poursuivre leur négociation. Djezzy est une entreprise dont l'effectif est à 99% constitué d'Algériens formés compétents et motivés. Ils peuvent continuer à tirer le secteur vers le haut grâce à leurs talents. En tant que chef d'entreprise, je souhaite que ce capital humain continue à se développer et à porter ses fruits, et qu'on évite la dispersion de ce capital humain pour qu'il continue à générer de la valeur.