L'Etat algérien a choisi l'option d'un achat de 51% des parts de l'opérateur Orascom Telecom Algérie (OTA-Djezzy) laissant ainsi le management de l'entreprise à l'opérateur Vimpelcom qui a absorbé le groupe de Sawiris. Mais cela reste tributaire d'un accord sur l'estimation de la valeur de l'entreprise. Le groupe Vimpelcom le conforme dans un communiqué rendu public sur son site : l'accord est tributaire d'un «prix acceptable» et de la satisfaction «d'autres conditions». Finalement, l'Etat algérien a tranché. Il ne rachètera pas la totalité d'Orascom Telecom Algérie (OTA Djezzy) mais se contentera d'exercer son droit de préemption dans le cadre de la règle des 51/49% introduite par la loi de finances complémentaire de 2009. Ladite règle avait été introduite après la cession par le groupe Orascom Construction de sa filière ciment au groupe français Lafarge. Tenues dans l'ignorance de l'opération, les autorités algériennes l'ont vécu comme un outrage et ont donc introduit un droit de préemption de l'Etat ou des entreprises publiques sur la cession des actifs détenus par des entreprises étrangères en Algérie. Lundi, le groupe russo-norvégien a signé avec le ministère algérien des finances un protocole d'accord «non contraignant» pour explorer une éventuelle vente par Orascom Telecom Holding à l'Etat algérien d'une participation majoritaire dans sa filiale Orascom Telecom Algérie ("OTA"). Vimpelcom précise qu'il a accepté d'examiner la vente d'une participation majoritaire «sous réserve d'un prix acceptable» et de «la satisfaction d'autres conditions». Les deux parties, indique le communiqué de VimpleCom, «ont également convenu d'examiner les scénarios d'acquisition alternatives qui pourraient être mutuellement bénéfiques aux deux parties». Vimpelcom a annoncé qu'il allait entamer un processus d'accord sur la valorisation de l'OTA avec la participation de conseillers financiers de chaque partie». Vimpelcom détient 51,7% d'Orascom Télecom Holding propriétaire de 96,81% des parts d'OTA, le reste étant le lot du groupe Cevital. «Il est envisagé que la gouvernance et le contrôle de gestion de l'OTA soient structurés de manière à permettre OTH et, par conséquent, VimpelCom de continuer à consolider l'OTA en vertu des Normes internationales d'information financière». «CE N'EST PAS UNE AFFAIRE D'HONNEUR» C'est une évolution dans l'affaire, ce n'est pas encore la fin du feuilleton. L'option du rachat ou de la «nationalisation» de Djezzy a fait polémique en Algérie, des experts exprimant ouvertement des doutes sur sa pertinence économique. Pour eux, cela relève davantage d'une décision politique «épidermique» que d'une évaluation économique. Pour eux, l'argent affecté au rachat de Djezzy peut trouver d'autres usages. Mais la décision était tranchée. «L'Etat algérien rachètera Djezzy» avait assuré Ahmed Ouyahia. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a assuré, début novembre, que l'achat d'OTA par l'Algérie n'est pas une «question d'honneur» mais «une opération économique qui a un intérêt pour l'Etat". LES REGRETS DE PHUTHUMA NHLEKO (MTN) L'affaire Djezzy aura laissé un goût amer chez l'ancien PDG du groupe sud-africain MTN Phuthuma Nhleko, le premier à se positionner pour l'achat du groupe Orascom Telecom Holding et qui a dû renoncer en raison des obstacles «règlementaires et institutionnels» en Algérie. Dans son bilan, cet échec a constitué un de «ses plus grands regrets» car l'acquisition d'Orascom aurait permis à MTN d'occuper «une excellente position en Afrique du Nord, malgré les défis d'aujourd'hui». Le groupe sud-africain se disait toujours intéressé par l'acquisition de Djezzy au cas où le gouvernement algérien s'ouvre sur d'autres options que le rachat total. Finalement, cette option va se faire avec le groupe russo-norvégien, Vimpelcom. A un «prix acceptable». Vimpelcom, pour rappel, a endossé à son compte l'estimation de la valeur de Djezzy faite par Naguib Sawiris : 7,8 milliards de dollars. Fort loin des chiffres donnés, officieusement, par les responsables algériens. L'affaire n'est donc pas encore conclue, mais l'Etat algérien a choisi, du point de vue de certains experts, la moins mauvaise solution. Celle qui lui permet de prendre le contrôle d'OTA tout en laissant le management à Vimpelcom. Dans un entretien accordé à Maghreb Emergent l'expert financier Omar Berkouk soulignait que l'option d'achat de 51% d'OTA par l'Etat algérien avec «une «valorisation acceptable pour le vendeur» a pour avantage de réduire l'impact du transfert du dividende sur la balance des paiements. Elle ne modifie pas l'operateur de la société ce qui évite une rupture de gestion. Il est évident que la réalisation de ce scénario reste tributaire d'un accord sur le coût des 51% de parts que l'Etat algérien va acquérir. L'option d'un recours à l'arbitrage international n'est toujours pas levée.