Ils ont été sortis par la porte, ils tentent de revenir par la fenêtre. «Ils», ce sont ces « ex» quelque chose qui briguent un mandat parlementaire, tremplin au « come-back » dans les allées du pouvoir dont ils s'estiment avoir été injustement écartés. Ils sont nombreux à s'être porté candidats, qui par le biais des listes dites « d'indépendants », qui en investissant celles de nouveaux partis en déficit de notoriété qu'ils pensent leur apporter en prenant la tête de leurs listes. Peu leur importe l'habillage sous lequel ils vont aller au-devant des électeurs, tant ils se pensent des « notabilités » dont la respectabilité et l'aura vont déterminer en leur faveur le vote de leurs concitoyens. Inaccessibles pour le citoyen lambda quand ils ont été aux affaires, invisibles pour lui car ne fréquentant pas les mêmes cercles et les mêmes lieux, ils sont devenus subitement « populaires » et « pas bégueules » à frayer avec le commun des électeurs potentiels. Une métamorphose qui s'accompagne d'un discours et de prise de position virulents dans la dénonciation des tares, fautes et autres dérives du système et des hommes en charge du pouvoir. Plus radicaux qu'eux dans l'exigence de changement, « tu meurs ». Pour autant, ils ne dupent pas grand monde. Leur passé et leur bilan jouent contre eux pour l'opération de « recyclage » qu'ils tentent de faire admettre aux citoyens. Ex-ministres, ex-walis, ex-hauts cadres de la nation, ils ont été à un moment ou à un autre des serviteurs zélés du système qu'ils pourfendent maintenant. Ils sont comptables pour le temps où ils ont été dans cette servitude des errements de ce système. Pour le citoyen dont ils courtisent le vote, leur posture et leur offre électorale sont celles de personnages qui crachent dans l'assiette à laquelle ils ont goulûment mangé et espèrent y avoir encore accès grâce à leur réhabilitation que sanctionneraient les urnes. Le rêve secret de ces « candidats » d'un genre spécial n'est nullement de contribuer à mettre bas le système qu'ils se sont mis à pourfendre avec une véhémence si peu crédible. Il est de retourner dans son giron et d'avoir à nouveau la possibilité de jouir des avantages et privilèges qu'il dispense à ceux qui détiennent des parcelles du pouvoir en son sein. Favoriser, contribuer au « come-back » de ces intoxiqués du pouvoir, de ce qu'il donne de puissance et d'arrogance à l'égard du commun des citoyens, c'est persister à croire que l'on peut faire du neuf avec de l'ancien, qui plus est a prouvé son impéritie. Le meilleur service à rendre au système et au pouvoir en place serait que ces « ex » aillent peupler les travées de l'hémicycle parlementaire. Car une fois arrivés là, ils en seront leurs plus dévoués relais. L'adage populaire dit que « le danseur n'oublie jamais de bouger ses épaules ». Dès que le pouvoir fera résonner le « guallal » de la redistribution des postes et des honneurs officiels, ils se précipiteront dans la cohorte des prétendants en jetant aux orties le costume d'opposants et de censeurs sous lequel ils se présentent en cette période électorale.