Le président Bouteflika a fixé au 10 mai la date de la tenue des élections législatives. Il en a fait l'annonce jeudi par un discours à la nation. Voilà qui donne le coup d'envoi à trois mois d'agitation politico-partisane dont les protagonistes espèrent qu'elle leur procurera des dividendes dans les urnes à la mesure des supposés ancrage populaire ou notoriété dont ils se revendiquent. La compétition électorale s'annonce a priori comme allant être très ouverte et au final réserver des surprises quant à ses résultats. D'une part, parce que le pouvoir s'est engagé à garantir la transparence et la régularité du scrutin, et d'autre part, parce que de nouvelles formations partisanes seront sur les «starting-blocks» en vertu des agréments qu'elles ont obtenus en application de la nouvelle réglementation pour la création de partis. Elle sera peut-être ouverte mais pas forcément le rendez-vous de l'engouement populaire. Malgré les enjeux supposés de ces élections législatives pour lesquelles les partis déjà activant sur la scène nationale sont en campagne bien avant la convocation du corps électoral décrétée jeudi par le chef de l'Etat, il n'y a nul signe d'intérêt populaire pour la joute engagée. L'arrivée de nouvelles formations dans le paysage politico-partisan ne semble pas avoir eu d'effet attractif susceptible de réveiller cet intérêt populaire. En théorie, certes, «l'enrichissement» du paysage politico-partisan suite à l'agrément d'une abondante charretée de nouvelles formations donne au citoyen électeur la possibilité du choix. Sauf que la plupart de ces formations lui donnent l'impression du déjà vu, au constat que les personnages qui en sont les fondateurs et têtes de «gondole» ne sont pas de nouveaux venus sur la scène politique mais des chevaux de retour à la réputation sulfureuse et controversée. A tort ou à raison, le citoyen ordinaire, déjà déçu par le multipartisme tel que se déclinant dans le pays avant les réformes politiques, ne voit dans son ouverture dans le sillage de celles-ci qu'opération de recyclage pour acteurs politiques en rupture de ban par opportunisme et ambition personnelle et en quête d'un tremplin pour rebondir. Le foisonnement partisan dont la scène nationale est le théâtre peut de ce fait avoir pour effet de conforter la désaffection populaire à l'endroit du politiquement partisan et de la chose électorale. D'autant que les nouveaux acteurs politiques ne semblent pas se distinguer de ceux auxquels sont habitués les Algériens, ni par la vision ni par le programme. Comme ces derniers, ils pensent exister et se faire des assises populaires en tirant à boulets rouges sur le pouvoir. Sauf que dénoncer le pouvoir ne fait pas automatiquement de ceux qui le pourfendent une alternative crédible. Et cela, les citoyens et électeurs l'ont clairement fait comprendre aux partis qui, avant eux, se sont limités à cette posture de la seule fustigation du pouvoir en place. Et comme les citoyens algériens ne se font aucune illusion sur la volonté de changement de ce pouvoir en place, mais également sur les capacités de leur classe politique, tous courants confondus, il n'est pas certain qu'ils se départiront de l'indifférence qui a été la marque de leur comportement électoral, se traduisant par une vague d'abstentionnisme toujours plus haute. Et c'est bien l'abstention qui risque d'être la caractéristique du prochain scrutin, réformes politiques ou pas.