A la veille du coup d'envoi des Jeux olympiques de Londres, le nouveau champion olympique du 1 500 m, Taoufik Makhloufi (24 ans) était inconnu. Même les membres de la délégation algérienne et la fédération algérienne d'athlétisme n'avaient pas évoqué les chances de consécration de cet athlète. Au contraire, tout le monde focalisait sur la boxe et le judo qui représentaient les « seules chances » de médaille pour l'Algérie. Celui qui a succédé à Nouria Benida-Merrah, la championne olympique du 1 500 m à Atlanta en 2000, était il y a quatre ans, un simple athlète au club de la Protection civile à Souk Ahras. Le mérite revient à Amar Brahmia, l'ancien manager du champion du monde et olympique Nouredine Morceli, qui l'avait repéré et avait vu en lui un futur champion dans l'épreuve reine de l'athlétisme. Aujourd'hui, Brahmia se souvient que les dirigeants de la fédération algérienne d'athlétisme qui glorifient la consécration de Makhloufi, avaient refusé de le prendre en charge en 2008. Même le GSP n'avait pas pris en charge convenablement cet athlète qui errait d'hôtel en hôtel à l'époque et ne faisait pas partie des athlètes auxquels le GSP avait loué une villa à Alger pour les héberger, raconte-t-il. Selon Brahmia, le nouveau champion du monde avait connu des difficultés au début de sa carrière internationale et il était hébergé par l'athlète Kamel Boulahfane qui l'aidait sur tous les plans. Les débuts de Makhloufi étaient intervenus aux Jeux méditerranéens de Pescara (2009) où il s'était classé 4e puis au meeting de Monaco en 2010 dans le 1 500 m avant de remporter la médaille d'or des Jeux africains de 2011 dans l'épreuve du 800 m. Mais du fait des différends de Brahmia avec les FAA, l'athlète a dû changer d'entraîneur pour intégrer le «club arabe» entraîné par le Somalien Jama Aden dans lequel évoluait le Soudanais Abou Bakr Kaki et le Qatari Hamza Derouiche. Un changement qui a eu un impact positif sur Makhloufi qui avait alors commencé à améliorer davantage ses performances et ses chronos, remportant ainsi le titre de champion d'Afrique du 1 500 m au Bénin le mois de juin dernier. La consécration de Makhloufi reste le fruit de sa volonté dans la mesure où il n'avait pas bénéficié de prise en charge et d'autres égards à la hauteur de ses capacités et de ses potentialités. Selon Brahmia, il avait dû céder au « chantage » pour changer d'entraîneur, dit-il, afin d'empêcher Brahmia de le coacher. Qu'à cela ne tienne, Makhloufi bénéficiera désormais de tous les égards sachant que le ministère de la Jeunesse et des Sports avait promis à chaque médaillé des primes de 30 000 euros et un salaire fixe pendant deux années sans compter les primes et cadeaux des sponsors et des entreprises algériennes. Une consécration méritée pour un athlète sous-estimé.