Rencontré au dernier "Comparex Technology Days", au début de juin, le directeur exécutif de Comparex Algérie explique les raisons des réticences des entreprises à aller vers le Cloud Computing. Djaoued Salim Allal pointe aussi du doigt les sociétés IT qui ne vulgarisent pas suffisamment ce "concept technologique". Où en est le Cloud Computing en Algérie ? En fait, le Cloud Computing est un concept technologique et non pas une technologie. Souvent, beaucoup de gens utilisent le Cloud sans s'en rendre compte. Le vrai problème c'est le passage à la technologie de virtualisation qui est la première brique du Cloud. Il y a encore une frilosité chez les entreprises algériennes pour passer du monde physique au monde virtuel. C'est ce qui retarde l'avancée du Cloud. Cette "frilosité" ne serait-elle pas due à l'importance de l'investissement que doivent consentir les entreprises ? En fait, c'est souvent un manque de temps. Le DSI (Directeur des Systèmes d'Information) d'une entreprise est impliqué dans des tâches quotidiennes qui lui prennent énormément de temps. Il doit maintenir le "Word" et l'"Excel" alors que sa véritable fonction est de penser stratégie. L'écosystème ne fait pas convenablement son travail de former le client aux nouvelles technologies. C'est donc surtout le manque d'information et, aussi, le manque de valorisation de ce genre d'investissements au niveau de l'entreprise. Qu'est-ce que vous appelez "écosystème" ? Ce sont les sociétés IT, les constructeurs qui doivent organiser ce genre d'évènements pour expliquer aux entreprises les innombrables avantages d'aller vers les solutions de virtualisation. C'est justement l'objet de ces secondes "Comparex Technology Days" que nous organisons. J'espère que ce genre d'événements qui traitent de thématiques précises et non pas généralistes va se multiplier à l'avenir. Que diriez-vous à un patron d'entreprise pour le convaincre d'aller vers le Cloud Computing ? Si vous étiez patron d'entreprise, on va s'asseoir autour d'une table, prendre le business plan, on va prendre les bilans des années passées, on va comptabiliser le nombre d'investissements qu'on doit faire en informatique pour voir ce qu'on gagne en deux ou trois ans. L'idée est de transformer l'investissement en informatique en un centre de profit et non pas en centre de coût. L'informatique est toujours perçue comme un centre de coût, alors qu'elle doit obligatoirement pousser à accroitre le bénéfice de l'entreprise. Quel est l'écart, en termes de gains, entre la solution "classique" et celle du Cloud ? Je vais vous donner une image simple. Dans les années 70, l'informaticien était le patron de l'entreprise. A partir des années 80, avec la généralisation des PC, il est vu différemment. Passé les années 90, on a l'impression que les informaticiens sont devenus de simples techniciens d'entretien du service. Maintenant, pour augmenter les performances d'un utilisateur au service des entreprises, donc accroitre les résultats, l'informaticien a besoin de moyens IT. Pour acheter ces moyens, c'est déjà une autre histoire. Il faut des tas de procédures et autant de temps avant d'arriver à concrétiser une commande et rendre opérationnel l'équipement acquis. Si c'est une entreprise performante ça prend deux jours, sinon ça risque de prendre des semaines voire des mois, surtout dans le cas d'un appel d'offres. Alors qu'avec le Cloud, il suffit juste qu'il provisionne son système d'un simple clic. Et il a un serveur en plus, une machine, une mémoire et un disque en plus. On est dans la virtualisation. A partir de quel niveau d'un chiffre d'affaires le Cloud devient une solution rentable ? Vous savez, la virtualisation il y a certains systèmes qui la proposent gratuitement. Si vous achetez des produits Microsoft, l'Hyper-V est gratuit. Si vous achetez du VMware, il est accessible, mais le coût à la longue est nettement amorti. Ça peut démarrer à partir de deux ou trois serveurs. Je vous donne un exemple d'un concessionnaire automobile qui a trois filiales, il a virtualisé trois serveurs à l'intérieur d'un seul serveur, avec gestions différentes. Là, il est complètement dans le Cloud. Pour revenir à votre question, il n'y a pas de prix, ni de seuil à cet investissement. Aller vers le Cloud ne va-t-il pas faire disparaître certains métiers de l'informatique ? En aucun cas. Aller vers le Cloud c'est transformer l'investissement en un coût d'exploitation. Donc au lieu de prendre des investissements monstres et essayer de les amortir, on juste prendre les coûts d'exploitation. L'informaticien reste toujours, au niveau de l'entreprise, celui qui met en place la stratégie et la cadre. Il va jouer son vrai rôle. Il ne s'agit pas de rabaisser le rôle de l'informaticien à celui d'un opérateur, au contraire, il va pouvoir se concentrer sur son business. Le Cloud est-il une nécessité pour toute entreprise ? Ça peut être une nécessite pour certaines et ne pas l'être pour d'autres si une simple gestion de paie leur suffit. Le risque "sinistres" qui est très élevé au nord de l'Algérie n'incite pourtant pas les entreprises à aller vers le Cloud. Sont-elles mal informées ? En matière de Business Continuity Management (la gestion de la continuité du travail quotidien d'une entreprise), la virtualisation permet d'avoir un serveur dans une clé USB. Ce qui permet de nettement de diminuer le risque d'un désastre qu'il soit naturel ou accidentel. En fait, ça dépend de la criticité des données. Il y a des clients qui sont très conscients que s'ils perdent une heure de sauvegarde sur un serveur ils perdent beaucoup d'argent. C'est le cas des télécoms pour qui une heure de panne signifie une heure de facturation perdue. D'autres secteurs, peuvent considérer qu'une panne de 24H n'est pas significative. Combien coûte un serveur ? Tout dépend de l'utilisation et des caractéristiques voulues. Ça peut aller de 150.000 DA à 10 voire à 15 millions DA. Une machine virtuelle + serveur peut coûter 200.00 DA. Vous trouvez les bons ingénieurs en Algérie ? A Comparex Algérie nous sommes 40 personnes, tous algériens. Et je suis fier de dire que tous nos projets IT ont été réalisés par nos ingénieurs.