Dans le monde des affaires, il n'y a pas de place au charme et à la séduction. La femme mène le même combat que l'homme. Compétence et crédibilité sont les seuls critères pour valoriser le travail de chacun. C'est l'avis des femmes managers et entrepreneuses, réunies jeudi à l'hôtel «Le Méridien» pour assister au séminaire régional sur l'entreprenariat féminin organisé, pour la première fois à Oran, par l'Association des algériennes managers et entrepreneuses (AME). L'idéal pour l'assistance féminine présente à cette rencontre est de dépasser tous les problèmes de genre dans ce domaine et d'axer toute son énergie au développement de son entreprise et à son épanouissement. Or, estiment certaines femmes managers avec qui nous avons parlé, le terrain réserve souvent des surprises aux femmes qui veulent monter leurs entreprises. «Le parcours est plein d'embûches et il est difficile de se faire une place en tant que leader. Les hommes n'aiment pas être commandés par une femme», nous diront des chefs d'entreprises. «Normal», nous diront d'autres femmes managers vu les concepts sur lesquels est basée notre société. Mais elles étaient toutes unanimes à dire que ces dernières années, la situation a beaucoup changé pour les femmes et les mentalités dans notre société ont beaucoup évolué. «La femme est plus libre dans la gestion de son entreprise. Elle est mieux considérée dans le monde des affaires et elle arrive tout de même à imposer une certaine autorité en tant que chef», nous confient des femmes qui ont osé tenter l'expérience. Une évolution qui n'est pas encore palpable en Algérie, selon le rapport de «Doing business», élaboré conjointement par la Banque mondiale et la Société financière internationale qui classe l'Algérie à la 152e place en ce qui concerne l'entreprenariat féminin, loin derrière l'Arabie Saoudite, Bahreïn et aussi le Maroc, a souligné Mme Sellami Mounira qui a présenté une communication sur «la femme entrepreneur algérienne entre participation économique et les défis du marché». Lors de son intervention, cette chef d'entreprise a mis en exergue le faible taux de création d'entreprises féminines en Algérie, montées, essentiellement, sur fonds personnels. Parmi les caractéristiques de l'entreprise féminine relevées dans une étude élaborée en 2011 est sa longévité par rapport à une entreprise gérée par un homme. Mme Sellami explique que «la femme préfère toujours travailler en équipe, contrairement aux hommes, et elle est considérée comme une bonne négociatrice dans les affaires». Elle a aussi plaidé pour que dans le code des marchés une clause soit ajoutée donnant droit aux femmes de bénéficier de marchés. C'est ce que nous ont confirmé des femmes managers au cours de cette rencontre. Mme Boudjellal Assia, directrice d'unité d'une entreprise de distribution de médicaments «Groupe Santé», a souligné sur ce point que «les femmes managers aiment toujours travailler en équipe et associer tous ses partenaires dans la prise de décision. Elle préfère créer son entreprise sur ses fonds personnels car elle a peur de traiter avec les banques, du moins au début de son expérience». Pour Mme Rachida Menaa, ingénieur en électrotechnique et chef d'équipe à la Sonelgaz et trésorière aussi de l'association AME, «la femme doit s'imposer pour prouver ses compétences car elle a moins de chance que l'homme pour bénéficier d'une promotion dans son travail. Elle doit aussi montrer un savoir-faire pour diriger une équipe et assumer le rôle de leader qui demande une bonne communication». Quant à Mme Kazi, représentante de l'association à l'Ouest, elle a indiqué, concernant ce séminaire, qu'il s'agit d'une série de rencontres programmées par l'association dans le seul but de promouvoir l'entreprenariat féminin. Une première rencontre a été organisée à Ghardaïa suivie de celle d'Oran. Un 3e séminaire est prévu prochainement à Adrar et un 4e à Sétif. La synthèse de toutes ces rencontres se déroulera à Alger. Un aperçu sur l'évolution de l'entreprenariat en Algérie à travers les statistiques a été donné par Mme Malti Nadjet, directrice de la pépinière d'entreprises, incubateur d'Oran et Mme Adou Souad, chargée de la formation à la Chambre de commerce et d'industrie de l'Oranie. En ce qui concerne les projets agréés et hébergés à la pépinière, Mme Malti souligne que seulement 4 projets d'entreprises féminines sur 28 ont été recensés par la pépinière. Sur le nombre de registres de commerce délivrés, Mme Adou a indiqué qu'en 2012, sur plus d'un million de registres délivrés au niveau national, 109.771 sont des registres pour des entreprises féminines, soit un taux de 12,27%. Au niveau local, sur 55.375 registres délivrés, 6.925 sont pur une activité féminine. Par rapport aux adhésions à la CCIO, 28 femmes chefs d'entreprises sont adhérentes sur 454 hommes.