Alors que la participation d'observateurs européens à la prochaine élection présidentielle, du 17 avril, n'était pas chose acquise, voilà que le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, annonce, hier, depuis Le Caire que l'Union européenne (UE) a décidé d'envoyer des missions d'observation, à ce rendez-vous. Selon le chef de la diplomatie algérienne, deux groupes d'experts de l'UE et des Nations unies seront présents en Algérie, attendus la semaine prochaine, pour assurer le suivi technique de l'élection. En outre, a-t-il indiqué, des personnalités internationales indépendantes de France, d'Italie, de Belgique et d'Espagne, notamment, sont également, attendues pour l'observation du scrutin à Alger et sur tout le territoire national, sans, pour autant, dévoiler leur identité. Rappelons qu'à quelques mois, seulement, de l'annonce des élections, la présence des observateurs européens n'était pas acquise, puisque Alger et Bruxelles n'avaient pas trouvé un terrain d'accord à propos, notamment, de l'accès au fichier électoral, avant l'élection présidentielle. Une condition sine qua non de l'UE, depuis les dernières législatives. Un communiqué de l'Institution européenne avait suggéré, dans un premier temps, qu'elle «ne déploiera pas d'observateurs à l'élection présidentielle algérienne, prévue, en avril prochain et à laquelle le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, est candidat pour un 4ème mandat». La décision est expliquée, alors, par le retard pris par Alger dans la sollicitation de l'UE pour l'envoi de ses observateurs. Pourtant Bruxelles ne fermait pas, définitivement, ses portes puisque, dans le même communiqué, elle indiquait une autre possibilité pour peu que «les autorités algériennes mettent en application les recommandations de la Mission électorale européenne, déployée dans ce pays, en 2012, à l'occasion des législatives». Et l'accès au registre central des électeurs, inscrits sur les listes, reste parmi la priorité de ces recommandations qui ont eu pour résultat d'empêcher la Mission d'observateurs européens de se prononcer sur la validité des législatives de 2012. «Nous espérons que cette question sera résolue avant la présidentielle», avait déclaré le président de la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb au Parlement européen, en visite à Alger, en octobre dernier, Pier Antonio Panzeri. Pour rappel, Alger a toujours refusé de fournir les données des Algériens, en considérant que c'est une question qui relève de la souveraineté nationale. Ramtane Lamamra ne s'est pas prononcé sur cette question, mais il avait, déjà, souligné, concernant les recommandations européennes que sur les 32 d'entre-elles qui ont été formulées, «17 étaient acceptables», expliquant qu'elles sont «compatibles avec l'arsenal juridique algérien». A propos de la demande de Bruxelles d'accéder au fichier électoral, il avait démenti qu'elle ait fixé des conditions par rapport à ce dossier. Du côté des partis politiques, le PT, par la voix de sa secrétaire générale, Louisa Hanoune, a, toujours, exprimé son rejet de la présence d'observateurs étrangers, à la prochaine élection présidentielle, car constituant «une ingérence dans les affaires intérieures du pays». En parallèle de la présence des Européens, le ministre des Affaires étrangères a annoncé que l'Union africaine a décidé de déployer 200 observateurs, pour ce scrutin alors que l'Organisation de la Coopération islamique (OCI) dépêchera, également, plusieurs personnes pour la même mission. Quant à la Ligue arabe, elle enverra, pour sa part, 110 observateurs. Un accord entre les deux parties sur la mission des observateurs de la Ligue, lors de la prochaine présidentielle a, ainsi, été signé, hier, au siège de l'Organisation panarabe, au Caire. Pourtant, et malgré la présence des missions d'observateurs, lors des élections en Algérie, les partis politiques ont dénoncé des fraudes massives de l'Administration.