La multiplication des déclarations traduit le fait que le gouvernement algérien refuse de céder au forcing de Bruxelles. La présence des observateurs européens à la présidentielle d'avril prochain n'est pas une chose acquise. Alger et l'UE ne sont pas parvenus, apparemment, à s'entendre. «L'Union européenne ne déploiera pas d'observateurs à l'élection présidentielle algérienne prévue en avril prochain et à laquelle le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, est candidat pour un 4e mandat», annonce un communiqué officiel européen. Pourquoi? «L'UE explique avoir reçu tardivement l'invitation du gouvernement algérien», précise le même communiqué. Cependant, Bruxelles n'exclut pas d'autres possibilités. Selon le communiqué, l'UE indique qu'elle pourrait envisager d'autres possibilités, «à condition que les autorités algériennes mettent en application les recommandations de la Mission électorale européenne déployée dans ce pays en 2012 à l'occasion des législatives». Bruxelles pose comme condition sine qua non l'accès au fichier électoral, avant l'élection présidentielle. Depuis les dernières législatives, l'UE fait pression sur l'Algérie en exigeant l'accès au fichier électoral. D'ailleurs, elle tient à le rappeler à chaque occasion. «La Mission d'observation électorale européenne n'avait pas eu accès au registre central des électeurs inscrits sur les listes, ce qui l'avait empêché de se prononcer sur la validité du scrutin», souligne le communiqué. S'exprimant sur cette question, le secrétaire général du ministère de l'Intérieur, Ahmed Adli, a déclaré, mercredi dernier à partir de Annaba, que des observateurs étrangers suivront le déroulement de l'élection présidentielle du 17 avril 2014 sans donner plus de détails sur l'identité des organisations. Interpellé sur la venue d'observateurs européens, il y a à peine deux semaines, le directeur de l'UE pour la région du voisinage, Michael Kôhler, a assuré que des négociations sont en cours. «Le gouvernement algérien a fait la demande auprès de l'Union européenne pour la venue des observateurs européens, mais des discussions sont en cours», a-t-il déclaré en marge d'une journée de partenariat UE- Algérie sous le thème «Avançons ensemble». L'UE a tracé ses conditions bien avant la convocation du corps électoral. «Nous espérons que cette question (fichier électoral, Ndlr) soit résolue avant la présidentielle», a proprement déclaré le président de la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb au Parlement européen en visite à Alger, en octobre dernier,M. Pier Antonio Panzeri. Ce responsable avait affirmé que sur demande de l'Algérie, l'UE participera à la supervision de l'élection, tout en souhaitant que le problème du fichier électoral soit réglé. La multiplication des déclarations traduit le fait que le gouvernement algérien refuse de céder au forcing de Bruxelles. Le gouvernement algérien a refusé de lui fournir les données des Algériens, en considérant que c'est une question qui relève de la souveraineté nationale. Or, aux yeux de l'UE, cet argument ne tient plus la route. Ce qui est sûr, la non-participation des observateurs européens risque de porter encore un coup à la crédibilité du scrutin. Même si le gouvernement rassure sur la neutralité de l'administration et la transparence du scrutin, il n'en demeure pas moins que l'opposition crie haut et fort à la fraude. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, est revenu sur ce point pour rassurer davantage l'opinion publique affirmant jeudi dernier à Tipasa que l'Etat avait pris toutes les dispositions à même de garantir l'organisation dans la transparence de l'élection présidentielle du 17 avril 2014. Une garantie avancée le même jour par le secrétaire général du département de l'Intérieur. «Toutes les parties concernées par l'opération électorale sont dans l'obligation d'appliquer les dispositions de l'article 160 de la loi organique relative aux élections, obligeant les agents de l'administration à agir en toute impartialité», a promis Ahmed Adli à partir de Sétif. Des assurances qui restent au stade de promesse pour les partis de l'opposition.