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Alger-Bejaïa, ah si Akbou M était conté !
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 22 - 03 - 2014

Faire le voyage entre Alger et Bejaïa, un parcours d'une distance de 240 km, s'effectue selon Google-Map en l'espace de 2 heures 54 minutes. Et là fort de ces données, et au regard de celles récoltées auprès de ceux qui y vont et reviennent parfois en une seule journée, et de la densité des échanges entre la capitale de l'Algérie et la capitale des Hammadites, vous allez vous dire que Bejaïa est située juste pas loin de la porte à côté.
Bien sur, et vous allez vous dire aussi qu'il y a l'axe auto routier Est-Ouest jusqu'à Bouira, et là vous n'avez pas à vous en faire, circulation fluide et sécurisée, en dépit des nids de poules et autres crevasses qui persistent toujours sur ce tronçon de la wilaya de Bouira, mais peu importe, il n'y a aucune difficulté à y arriver au bout de cette première étape, surtout si vous avez fait votre plein de carburant et pris un bon café, question de vous donner du punch et aussi afin de rester concentré devant les fous du volant qui vous doublent à droite et à gauche et des gros camions qui vous toisent de haut, comme l'image d'un éléphant et d'une souris, et qui sont capables du pire surtout, sans scrupule aucun.
Chers lecteurs, votre serviteur en déplacement vers Bejaïa, n'a, malheureusement pas pris toutes les précautions afin de parer à tout imprévu, pensant que le trajet serait des plus confortables, notamment sur la route nationale numéro 26 (RN 26) menant de la bretelle de l'autoroute Est-Ouest jusqu'à bon port, c'est-à-dire jusqu'à l'ancienne Naciria, capitale des Hammadites. Je rêvais, car cela faisait près de six ans que je n'ai pas pris cette destination, et j'en ai sillonné des routes ces dernières années, et pris l'avion pour diverses contrées dans mon pays.
Certes, votre serviteur n'a eu aucun problème, mais ce que je vous conterais au sujet de la traversée de la zone d'Akbou, va vous vacciner pour la vie, en attendant la réalisation de la voie rapide ou autoroute devant relier Bejaïa à l'Autoroute Est-Ouest et dont les travaux ont déjà été lancés il n'y a pas si longtemps.
Akbou qui ne connait pas, soit pour y être passé dans ce gros village devenu une grande ville, et dont le nom a été immortalisé par la grande chanteuse kabyle qui vient de s'éteindre en cette mi-mars 2014, Cherifa, avec sa célèbre chanson " bqa aala khir ayakvou thoura yefouk zho " (bye bye, oh Akbou la fête est finie) que mon défunt père Allah yerhmou, trouvait un malin plaisir à répéter le titre quand il s'agissait de dire à n'importe qui que les marrons sont cuits, qu'il est trop tard pour bien faire !
Il fut un temps ou, me rendant à Bejaïa dans les années 80, je ne voyais d'Akbou que quelques maisonnettes ou cités, sur les hauteurs, la route nationale étant libre à souhait.

Lors d'un passage en 2008, j'ai constaté, après la coupure que nous a été imposée par les tangos dans notre propre pays, que cette ville était descendue vers les rives de la Soummam pour caresser la vallée du même nom.
Il y avait en cette période, saison estivale oblige, un petit bouchon que gérais, tant bien que mal, deux jeunes policiers, qui essayaient de rendre la traversée de la localité moins ardue pour les amoureux de Bejaïa et des villes côtières de cette belle région de Kabylie. Moins de six ans après, je ne vous raconterais pas. En y arrivant difficilement, et après près de deux heures de route en passant par Tazmalt ou j'ai fait une grande halte, la chaleur des premiers jours du mois de mars aidant, j'ai d'ores et déjà constaté qu'il y avait une trémie à Akbou, chose ou ouvrage que je considère et considèrerais toujours qu'il est... sensé faciliter la traversée de cette ville ou de toute autre contrée, en temps normal.
Cependant, excusez-moi, et j'en ai fais les frais et l'expérience, passer par Akbou est devenu en 2014, au regard du nombre de véhicules circulant sur la RN 26, un vrai calvaire durant la journée. On a beau connaitre les bouchons et " la queue leu leu " de la ville d'Alger, de celles d'Oran, de Tlemcen, de Sidi Bel Abbes, d'Annaba, de Constantine, de Blida et j'en passe, mais à Akbou, je vous promets que vous allez, comme le disent certains, y grandir. Je ne m'y attendais pas, mes partenaires ne m'ayant pas averti, je suis tombé à la renverse. Figurez-vous que sur un linéaire de près de quatre kilomètres vous êtes prisonnier, ne pouvant ni avancer, ni reculer, ni même marquer un arrêt, puisque vous faites du sur place sur l'asphalte et les bas côtés occupés par ceux qui veulent arriver plus tôt. Ne suffisant qu'à un seul véhicule, la voie, devient comme par enchantement une trois voies, et là tous les coups sont permis entre les automobilistes, rares sont les galants qui vous cède la place ou vous permettent de vous placer au cas ou vous voulez reprendre la route, si par pur hasard vous avez la chance de vous arrêter, pris soudainement par un besoin pressant ou tout autre raison de vous arrêter.
Et là, prisonnier de cette grande masse de tôles et de pneumatiques, il m'est venu à l'esprit, ces pauvres diabétiques, ces cardiaques, ces grands malades qui ne peuvent résister à pareille pression, ces enfants, ces bébés dans les bras de leurs mères, ces voyageurs empruntant les transports collectifs soumis à la poussière, à la chaleur, et à un paysage rebutant. On y rencontre des conducteurs stressés et sous l'effet des nerfs au point ou on ne vous lance qu'un petit regard sous cape, au cas ou, et vous allez aussi faire la connaissance malgré vous de ces petits et grands malins, dans des voitures particulières, des bus, et mêmes des camions qui occupent le bas côté de la route qui devient une voie supplémentaire d'où se dégage les poussières incommodant les usagers de la route, notamment les occupants des voitures légères, et qui se permettent de vous dépasser, vous narguant d'avoir pris une longueur sur vous. Il y a même ceux qui vont oser circuler à contre sens, sur le bas côté de la voie opposée, celle de ceux qui arrivent, afin de gagner du temps sur le reste des usagers, quel culot ! Il y a aussi certains, connaissant les dédales de la ville, qui quittent la route nationale, traversent tranquillement les rues et ruelles d'Akbou, puis ressortent de l'autre bout, moins stressés, mais ceci n'est pas donné à n'importe qui, sauf aux habitués de la ville.
Chaleur et poussière, nerfs et stress, c'est que vous allez trouver en traversant le bas de la ville d'Akbou et nous ne sommes qu'au mois de mars, et là je me pose la question : que serait la situation aux mois de juillet, aout et septembre, durant la saison estivale ou Bejaïa devient la destination la plus prisée pour un très grand nombre d'algériens et d'habitants des zones et régions voisines, telles les wilayas de Bouira, Bordj Bou Arreridj, Sétif et j'en passe, de ceux qui viennent d'ailleurs, car amoureux des côtes et du littoral de Bejaïa et de Jijel.
Et dire que les pouvoirs publics auraient pu interdire aux gens de s'installer des deux côtés de la route nationale pour des raisons évidentes, mais ce qui est fait est fait et nous avons sur place, une zone industrielle et commerçante, en plus de villas cossues, mal placées qui font que les usagers de la route ne savent pas ou donner de la tête pour pouvoir quitter Akbou au plus vite car n'ayant rien à faire dans le coin. Sauf pour ceux qui ont affaire dans cette localité pour acquérir n'importe quel produit ou effectuer une quelconque autre transaction commerciale ou industrielle, au regard des petites entreprises et des nombreux commerces de gros et de demi-gros, et des autres activités multiples et diversifiées implantées sur le parcours de cette voie.

Et au regard de cette situation cauchemardesque qui s'offre au visiteur et que votre serviteur a eu à subir, je déconseillerais volontiers aux automobilistes ayant de vieilles voitures dont les moteurs risqueraient de chauffer, de passer par cette ville qui devient un vrai calvaire pour ceux partant vers Bejaïa ou la quittant pour une raison ou une autre.
Et là, en attendant la réalisation de la route à grande vitesse devant relier l'axe autoroutier Est-Ouest, il est utile de trouver un palliatif à cette situation négative. Les deux pauvres policiers installés à ce qui est considéré comme étant un carrefour, ou des fûts remplacent des panneaux de signalisation, les trottoirs étant enfoncés dans le goudron, complètement empoussiérés, et apparemment pas formés pour la gestion de la voie publique, ne savaient pas ou donner de la tête devant le nombre de files créées par les automobilistes, chauffeurs de fourgons et de camions moyens et de semi-remorques et devant l'indiscipline caractérisée de ces mêmes usagers, irrités par ce qu'ils subissent.
En étant dans ces files de voitures, de fourgons, de bus et de camions dont les occupants étaient dans un état indescriptible, mon esprit et mon imagination sont allés un peu loin pour réfléchir à des utopies et dire pourquoi n'a-t-on pas pensé à rendre la Soummam navigable afin de transporter les voyageurs et leurs moyens de locomotion comme le font certains pays transalpins. Je me suis dis que ceci pourrait être réalisable, le train pourrait également être un autre moyen devant faciliter la vie des voyageurs, des gens qui habitent dans la région et qui sont obligés d'effectuer des déplacements au quotidien pour n'importe quel besoin, des gens qui viennent d'ailleurs pour aller vers le littoral des wilayas côtières.
Dans ce contexte, il faut aussi savoir que le port de Bejaïa, un des ports commerciaux les plus importants, draine à lui seul, des centaines de camions de toutes capacités, en plus du port de Jijel dont les opérateurs sont obligés de passer par la RN 26 tant pour se rendre à Alger, Bouira que vers d'autres régions de l'intérieur et du sud du pays.
Les vrombissements de moteurs, les klaxons des chauffeurs énervés ont mis fin à mes divagations pour «avancer» sur place car il n'est pas impossible de rester à un endroit cinq minutes, comme on peut y passer un bon quart d'heure.
La délivrance intervenue malgré elle après une grande peine endurée, se déroule par à coups, mais dès ses premiers mètres, allez retenir ces fous de la route qu'on peut assimiler à une meute d'animaux lâchés derrière une proie après une longue disette. Les compteurs se relâchent et les champignons des accélérateurs deviennent indomptables, c'est vraiment la course pour gagner le temps perdu à Akbou et atteindre l'objectif dans les délais impartis, ce qui est pratiquement impossible.
Cette délivrance pourrait être catastrophique au vu de la vitesse excessive des différents véhicules, qu'ils soient particuliers, bus, ou camions, et là les accidents ne pardonnent pas, d'où l'exigence d'une multiplication des patrouilles de surveillance de la route par les services compétents afin de protéger les vies humaines de dégâts aux conséquences désastreuses, notamment aux sorties de la ville d'Akbou en direction de Bejaïa et de la wilaya de Bouira via la ville de Tazmalt.
A vrai dire, et d'après le constat effectué par votre serviteur, le phénomène des bouchons touche plusieurs autres localités des wilayas de Bejaïa et de celles de Bouira, situées sur la Route nationale numéro 26, d'où la nécessité pour les différentes autorités locales de veiller à ce qui se passe à Akbou ne soit réédité avec l'installation de commerces et petites entreprises qui auront à l'avenir à constituer une grande gêne pour la circulation automobile. A bon entendeur, salut.


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