C'est l'affolement sur le marché parallèle de la monnaie en devises. Les cambistes affichent une mine presque navrée lorsqu'ils vous indiquent le taux de change de la monnaie nationale contre des devises, 100 euros s'échangent à la vente contre 1.625 dinars, nous dira un jeune cambiste, non sans tenir à préciser, en guise d'argument au taux avancé, que «l'euro a enregistré ces trois derniers jours une brusque hausse». Il fallait bien le souligner, car cette augmentation du taux de change sur le marché noir de la devise a surpris beaucoup de monde. Les petits acheteurs, surtout, qui n'en revenaient pas d'entendre que l'euro a franchi la barre des 160 dinars et va tout droit vers les 165 dinars pour un euro. Des vacanciers, ainsi que les candidats au petit pèlerinage, qui souhaitaient échanger de la monnaie nationale contre quelque cinq ou six billets de 50 euros, ont dû faire le tour des cambistes pour croire à ce nouveau taux et procéder au change contre mauvaise fortune. Selon un cambiste, ni la Omra ni les départs en vacances ne se trouvent derrière les raisons qui ont provoqué cette flambée de l'euro. «Les gros importateurs, ils sont toujours à l'origine de toute variation du taux de change», soutient-il. «Je suppose qu'ils ont raflé toute la monnaie en devise pour importer des conteneurs à la veille du Ramadhan et de l'Aïd El-Fitr», ajoutera notre interlocuteur pour conforter ses explications. Effectivement, l'euro, qui se fait rare sur le marché, a entraîné un déséquilibre entre (la forte) demande et l'offre (réduite), provoquant par effet d'entraînement, cher aux économistes, une hausse du taux de change. Certains cambistes, donc, estiment que la tendance à la baisse n'est pas à exclure, avec un retour dans quelques jours, d'ici le mois de Ramadhan, au taux de change généralement appliqué, ou celui en cours ces derniers temps, à savoir dans la fourchette des 150-154 dinars pour un euro. Mais la coutume dans ce créneau nous a toujours convaincus que la barre du taux de change parallèle est rarement tirée vers le bas. «C'est vrai, nous dira un cambiste, l'euro peut perdre quelques poids, selon les circonstances des affaires, mais cela sera sans grande incidence sur les petits changes».