Alors que la campagne pour le Hadj 2010 n'est pas encore amorcée, les devises sur le marché parallèle se font rares à Constantine. Une virée hier, chez les «cambistes» du marché informel de la devise, sis à la place du 1er Novembre, au centre-ville de Constantine, confirme les informations rapportées par des candidats au voyage, surtout de futurs «hadjis» qui veulent améliorer le montant du pécule octroyé par la banque. Les «cambistes» embusqués devant les bâtiments du Théatre régional et de la poste centrale, qui abordent ou interpellent les passants par le fameux mot «change» , proposent d'acheter 100 euros pour 12.650, voire 12.700 dinars. Mais à la vente, ils cèdent la même somme en devise pour 13.000 dinars. Au taux officiel hebdomadaire affiché à la banque, l'euro est échangé au taux de 100,12 dinars à la vente et 94,33 dinars à l'achat. Pour le dollar américain, la banque vous achète à 73,87 dinars l'unité et vous la vend à 78,38 dinars. «Le marché parallèle est fluctuant car les mêmes taux sont susceptibles de changer, dans un sens ou l'autre, en l'espace d'une heure ou deux», affirme un cambiste qui prévoit néanmoins encore une hausse conséquente à l'approche de la période du pèlerinage, comme cela est de tradition. D'autres «cambistes» que nous avons abordés, très méfiants au départ, ont consenti difficilement à discuter. Mais ils n'ont fait que se plaindre de la «morosité du marché» qui, selon leurs dires, ne cesse de péricliter à cause du tarissement des sources de la devise représentées par les retraités du régime français dont le nombre ne cesse de diminuer et, surtout par les émigrés qui, disent-ils, ont changé de destinations en préférant passer leurs vacances en Tunisie ou au Maroc. Pour des raisons évidentes, expliquent de concert un groupe de quatre cambistes, «nos émigrés ont changé de destination, préférant plutôt la Tunisie ou le Maroc pour passer leurs vacances car dans leur pays ils n'ont pas trouvé des structures de divertissement et de loisirs notamment». Toutefois, cette version des faits a été vite balayée d'un geste de la main par un employé de banque à qui nous avons posé la question. Ce dernier qui connaît très bien les usages dans le milieu des cambistes, a soutenu que la raison expliquant la rareté et la cherté de la devise au marché parallèle s'explique par une cause tout à fait autre. En effet, selon lui, à l'approche des campagnes de la Omra et du Hadj, les cambistes procèdent à la thésaurisation des devises dans le but de provoquer sa rareté sur le marché, et attendent le moment opportun où les taux atteignent des sommets pour les revendre. Et cette explication semble être la plus proche de la réalité car elle est corroborée par les informations recueillies auprès des candidats au voyage. Une femme qui veut accomplir le Hadj 2010, rencontrée hier, dans une agence de voyages, a raconté qu'elle s'était présentée chez des cambistes pour acheter la devise et qu'elle s'est entendue répondre par la négative, ce qui dit-elle, «est tout de même étonnant car le marché parallèle fonctionne toute l'année». «De plus dit-elle, ces cambistes, équipés de portables et de notes, savent pertinemment quand et comment opérer, grâce à leurs contacts »