Avec un sujet comme celui du patrimoine urbanistique maghrébin andalou, le colloque de l'ordre des architectes arabes, présidé par le Libanais Emile Al-Akra, a donné lieu à plusieurs moments forts, en alternant discussions, rencontres et échanges d'expériences dans un cocktail franchement réussi. Une formule susceptible d'être reprise au cours des prochaines années, d'autant plus que Tlemcen, la ville andalouse la plus importante de l'Algérie et peut-être du Maghreb, selon des spécialistes, s'enorgueillit de posséder de nombreuses mosquées, medersas, zaouïas, hammams, ainsi que des monuments prestigieux, qui y ont été bâtis, donnant à la ville des caractéristiques architecturales typiques. Pour rappel, après la chute de Grenade, beaucoup d'Andalous sont venus en masse se réfugier en Afrique du Nord. Les réfugiés andalous qui ont débarqué à Tlemcen, ont marqué la ville d'un urbanisme particulier, à l'instar d'autres villes côtières ou de l'intérieur du pays comme Jijel, Alger, Dellys, Cherchel, Ténès, Mostaganem, Oran, Ghazaouet, Koléa, Blida, Mascara, Béjaïa Organisé par le conseil national de l'organisme des journalistes algériens en urbanisme à l'hôtel Renaissance de Tlemcen, les 24 et 25 du mois courant, ce colloque international a regroupé des architectes du Maroc, Tunisie, Liban et Algérie, et des responsables des musées d'art et d'histoire, archéologie et calligraphie islamique. Dans un message lu par le secrétaire général du ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Azem Nasreddine, à l'ouverture de ces deux journées, le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, M. Abdelmadjid Tebboune, a rappelé aux participants l'engagement de l'Etat algérien pour la préservation du patrimoine architectural de l'Algérie qui compte sur son territoire un nombre considérable de sites et monuments historiques témoins indéniables de sa diversité et de son épaisseur culturelle. Le ministre a souligné le rôle de l'architecte dans la préservation et la réhabilitation du patrimoine urbanistique national. De son côté, l'architecte Benosmane Abdelkader (membre fondateur de l'ordre des architectes de Tlemcen) a précisé que cette rencontre internationale a abordé de nombreux thèmes ayant trait à la préservation du patrimoine architectural national, dont « le patrimoine architectural et la préservation de l'identité nationale », « les mesures de préservation du patrimoine urbanistique de Tlemcen », « l'architecture des vieilles médersas et mosquées ». L'espace d'El-Mansourah, le palais royal d'El-Mechouar, Bab El-Karmadine, la mosquée de Sidi Boumediene, la mosquée de Sidi Brahim, la mosquée de Sidi Ghanem (Mila) et la mosquée Ketchaoua, pris comme modèles d'architecture arabo-andalouse datant de cette époque, ont retenu l'attention de tous les architectes présents. Il faut dire que malgré une forte adhésion pour la sauvegarde et la protection, la reconnaissance patrimoniale de ces sites et monuments historiques tarde à se mettre en place. Ce patrimoine qui reste largement marginalisé, est trop souvent méconnu. Tous les spécialistes s'accordent à dire qu'aujourd'hui des menaces pèsent sur ces précieux héritages. Si sa reconnaissance en tant que patrimoine national dans certains milieux universitaires et scientifiques est aujourd'hui en cours, beaucoup reste à faire quant à sa préservation.