«Constantine a donné à l'Oranie un nom (l'imam Abdelhamid Ben Badis) pour sa grande mosquée. L'Oranie a, pour sa part, donné à Constantine un nom (Emir Abdelkader) à son université des sciences islamiques. C'est un symbole d'unité nationale. Dans cette optique, je suggère que l'inauguration de la grande mosquée d'Oran ait lieu le 16 avril 2015, la journée nationale du savoir, célébrée en hommage au savant Ben Badis. Cet heureux évènement interviendra, si Dieu le veut, au cours de la manifestation Constantine capitale de la culture arabe' et nous permettra ainsi d'inscrire la grande mosquée d'Oran dans le programme des visites qui seront dédiées à nos invités des pays musulmans dans la capitale de l'Ouest algérien». C'est ce qu'a déclaré, hier, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Mohamed Aïssa, lors d'une visite d'inspection «inopinée» au chantier de la grande mosquée d'Oran. Interrogé par la presse locale, qui a été mise au parfum sur cette visite à la dernière minute, le ministre, qui a préféré différer l'ouverture de cette mosquée à la date du 16 avril malgré les garanties des autorités locales que ce lieu de culte et de savoir sera fin prêt le mois d'avant (mars 2015), a exprimé son «entière satisfaction» quant au taux d'avancement du projet, le rythme des travaux, la qualité de l'ouvrage notamment sur le plan de la finition, mais aussi, et d'une manière générale, «l'excellente prise en charge» dont est objet ce projet depuis sa remise sur les rails. Au fil d'une visite guidée à travers les différents compartiments de l'ouvrage, en compagnie du wali d'Oran, M. Zâalane Abdelghani, et du président de l'APW, M. Kazi Thani Abdelhak, des explications étaient fournies par les responsables du projet au ministre des Affaires religieuses. Les cadres de l'entreprise turque Bilyap, chargée de l'achèvement du projet après que celui-ci eut plongé dans une longue période de somnolence qui aura duré presque une décennie, ont assuré qu'ils allaient tout mettre en œuvre pour parachever cette mosquée tant attendue, qui aura à accueillir quelque 15.000 fidèles. D'après les informations données, les façades extérieures sont composées par des éléments architectoniques importés à cause du facteur temps mais à l'intérieur, un protocole serait respecté de la part de cette entreprise qui favorise et gère l'artisanat. Pour sa part, l'architecte franco-libanais, Julien Farhat, de l'agence ARCREA studio, veille à ce que l'architecture et la décoration de l'édifice s'harmonisent autour de thèmes arabo-andalous, interprétés par des matériaux et des techniques modernes. Le mois d'avril de l'année prochaine, la mosquée Ibn Badis accueillera ses milliers de fidèles en présence probablement du président de la République, avec toutes ses commodités et dépendances: des salles de cours, une bibliothèque, un centre de conférences et un grand jardin, notamment. Son minaret culmine à une hauteur proche des cent mètres. D'autre part, et selon un responsable local de la direction de wilaya des Affaires religieuses, pour la gestion de cette gigantesque infrastructure religieuse, ainsi que ses annexes, une centaine d'employés seront recrutés. Le directeur des Affaires religieuses avait annoncé que l'organigramme de ces postes est déjà prêt. Les postes seront répartis sur la grande mosquée et le centre islamique. En outre, il est prévu l'installation d'imams, de muezzins, de bibliothécaires, de gestionnaires de salles de prière, entre autres. Une étude approfondie sur les aspects techniques du projet a été effectuée, avant le lancement des travaux de finition de ce centre culturel islamique. D'autre part, et selon nos sources, une étude vient d'être lancée pour la réalisation d'un tunnel, allant directement du rond-point de la cité Djamel à l'entrée principale de la mosquée, pour faciliter l'accès aux fidèles et pour une meilleure fluidité de la circulation sur ce site connu pour être très fréquenté par les automobilistes. Ce projet, l'un des plus importants à l'échelle nationale, a accusé de grands retards et a nécessité une enveloppe de près de 7 milliards de dinars. Le chantier de cette grande mosquée a été lancé en 1999 et les travaux à maintes reprises suspendus, pour diverses raisons, notamment financières et techniques. En 2011, les autorités locales avaient lancé un avenant pour la consolidation de la structure afin de s'adapter aux nouvelles normes parasismiques. Interrogé, d'autre part, sur d'autres sujets, dont notamment la «problématique» de la liberté du culte en Algérie, le nouveau ministre des Affaires religieuses ne s'est, à aucun moment, départi d'une grande ouverture d'esprit et de tolérance, une qualité première prônée par l'islam. Néanmoins, le ministre dont le nom porte deux noms de prophètes (Mohamed Aïssa) a reconnu, dans un autre registre, que l'Algérie est plutôt sur la défensive. Et pour cause ! Même après la décennie noire où la religion avait été, et nous en souffrons encore, atrocement instrumentalisée, l'Algérie, de l'aveu même du ministre, continue d'être envahie à ce jour par des mouvements sectaires (le salafisme, le wahhabisme, l'ahmedisme ou le takferisme). «Les cibles sont précises et varient différemment selon les contextes», selon le ministre et c'est pourquoi, d'après lui, «il faut d'ores et déjà immuniser notre pays contre ces dérives et cette intrusion signalée de courants radicaux religieux».