Le commerce informel se réinstalle dans les paysages des quatre communes que compte la daïra d'Aïn El-Turck et ce, après s'être quelque peu éclipsé à la faveur des opérations initiées par le gouvernement pour lutter contre cette transgression à la loi. Du coup, les impacts négatifs sur le cadre de vie de la population et de l'environnement ressurgissent après l'envahissement des rues, des boulevards et même de la voie publique, par une multitude de commerçants ambulants activant dans l'illégalité. Cet indésirable état de fait a malheureusement encouragé certains gérants d'établissements de commerce à s'accaparer des espaces et/ou à squatter les trottoirs en n'hésitant pas à laisser déborder leur marchandise sur la chaussée. Ce triste constat est visible dans l'ensemble des communes essaimées à travers cette région côtière, avec toutes les contraintes et autres désagréments qui se répercutent négativement sur la circulation automobile et routière. L'informel semble avoir tendance ainsi à enlaidir encore un peu plus les paysages des ces municipalités côtières au grand dam des nostalgiques, natifs de cette partie de la wilaya. A titre d'exemple, il importe de citer la prestigieuse et principale artère du chef-lieu de la daïra d'Aïn El-Turck, qui, dans un passé encore vivace, n'avait rien à envier aux boulevards des stations balnéaires de renommée du vieux continent. Aujourd'hui, hélas, elle a énormément perdu de son aura avec la débandade relevée dans le névralgique secteur du commerce. Les normes élémentaires sont allégrement piétinées par l'insouciance des uns additionnée au mélange d'indifférence et de complaisance manifeste des autres. Ce malheureux état de fait a grandement contribué à l'enlaidissement de ce boulevard, qui était jadis un lieu agréable où s'épanouissait la badauderie après le crépuscule. A l'époque, les terrasses achalandées où étaient judicieusement alignées des rangées de parasols et de tables recouvertes de nappes aux couleurs attrayantes et garnies de petits bouquets de fleurs, constituaient un lieu privilégié de rencontres pour les riverains des différentes communes de ladite daïra, qui s'y retrouvaient à la tombée du soir dans une ambiance conviviale. «Avec mon défunt père, nous allions souvent voir un film western à la salle de cinéma en plein air, qui agrémentait cette artère avec ses vitrines illuminées. Ce cinéma a malheureusement disparu et aujourd'hui, je ne reconnais vraiment plus mon lieu d'enfance. C'est dur de constater cette déchéance. J'aurai préféré de loin garder la belle image que j'avais flashée avant mon départ et que je gardai jalousement gravée dans mon subconscient durant de longues années», a déploré, avec une pointe de dépit à peine voilée, un ancien résident de la commune d'Aïn El-Turck, actuellement installé à l'étranger. Des remarques similaires ont été formulées par nombre de riverains originaires de cette commune. «L'informel a aussi détruit d'illustres points de repère, qui relatent tout une histoire de cette région où il faisait bon de vivre». Nos interlocuteurs suggèrent à l'unanimité la poursuite régulière de la lutte contre l'informel comme assainissement de cette situation, qui tend vers la déliquescence du cadre de vie de la population de cette daïra côtière, aspirant, ironie du sort, à promouvoir le tourisme.