La sérénité et l'optimisme qui s'affichaient au sein de la médiation internationale sous l'égide de laquelle a lieu à Alger le dialogue intermalien ont laissé place à l'appréhension que les affrontements de ces derniers jours ayant opposé mouvements touaregs et milices « Gatia » dans la localité de Tabankort au Nord-Mali, ainsi que le climat de tension et d'insécurité qui prévaut dans la région, sont de nature à mettre en péril le processus de paix en cours. Ce risque a fait réagir conjointement notre ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, chef de file de la médiation, et Hamdi Mongi, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU au Mali et chef de la Minusma, qui ont rendu public un communiqué commun dans lequel ils préviennent que suite aux consultations qu'ils ont eues avec différentes parties concernées sur les développements extrêmement préoccupants ayant marqué la localité de Tabankort, il s'est dégagé le constat que ces développements sont de nature à faire avorter le processus de paix d'Alger. En raison de quoi Ramtane Lamamra et Hamdi Mongi ont appelé « à la cessation immédiate des hostilités, l'arrêt de tout acte de harcèlement et de violence envers la population civile, le respect de la libre circulation des personnes et des biens et l'arrêt de tout acte ou propos provocateur pouvant nuire au renforcement de la confiance entre les parties » et exhorté ces dernières à « favoriser la création d'un climat de sérénité et de confiance nécessaire à la reprise dans le courant du mois de février du processus de paix en cours pour parvenir dans les meilleurs délais à un accord global et définitif ». Les parties maliennes interpellées ont réaffirmé « leur engagement pour la paix et souligné leur attachement aux dispositions de l'accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014 et ses modalités de mise en œuvre du 13 juin 2014 ainsi que la déclaration de cessation des hostilités du 24 juillet de la même année ». Mais pour aussi rassurant que se veut leur engagement réitéré, la question se pose de savoir si ces parties maliennes qui dialoguent à Alger ont maîtrise sur les acteurs au Nord-Mali dont les agissements sont à l'origine des affrontements et tensions dont la région est le théâtre. Apparemment non, car elles sont confrontées à des dissidences qui leur contestent de parler et de négocier en leurs noms et de ce fait s'ingénient à replonger le Nord-Mali dans la confrontation qui rendrait aléatoire la conclusion dans ces conditions d'un accord de paix à Alger. Certaines de ces dissidences ou parties impliquées dans les développements préoccupants auxquels l'ont assiste au Nord-Mali sont soit opposées aux buts qui sont recherchés à travers le dialogue intermalien en cours à Alger, soit dans la surenchère pour tenter de s'imposer en tant qu'interlocuteurs incontournables sans qui le dialogue intermalien ne pourrait que capoter. Le plus menaçant qui se profile derrière le comportement de ces parties est qu'elles sont à l'évidence encouragées à s'y en tenir par les milieux qui au Mali, dans la région ou internationalement ne veulent pas d'un dialogue en guise de solution à la crise malienne entérinant le principe de la prise en compte à la fois du respect de la souveraineté et de l'unité de l'Etat malien et des revendications de la rébellion touareg. Autant dire par conséquent que le processus de paix en cours à Alger ne sera pas aisé à faire aboutir.