Après avoir été évacuée près de deux mois auparavant par les forces de police, la prestigieuse esplanade du 1er-Novembre 1954 bascule encore, une fois de plus, dans la déchéance et ce, à la faveur d'un certain laxisme manifeste des uns et des autres. Située en plein cœur de la commune d'Aïn El-Turck, mitoyenne à l'ex-siège de la daïra, cette place, l'une des premières à être réalisée à l'époque coloniale et qui représente tout un pan de l'histoire contemporaine de cette contrée côtière, n'est malheureusement plus que l'ombre d'elle-même. En effet, cet espace public s'est encore transformé en un parking sauvage au vu et au su de tout un chacun, sans pour autant susciter une quelconque réaction. Les chainettes qui le ceinturaient ont été carrément enlevées pour libérer l'accès aux véhicules. «Personne n'a réagi ou tenté de rétablir l'ordre et encore moins de pénaliser les auteurs de ces actes répréhensibles», s'est insurgé avec une pointe de dépit un retraité qui avait pour habitude de faire un brin de causette avec d'anciens compagnons sur ce qui reste des bancs, aujourd'hui dégradés, entourant l'esplanade. Notre interlocuteur a également déploré «l'absence d'une opération de réhabilitation, promise pourtant par les responsables locaux deux ans plus tôt». L'envahissement des abords de ce lieu public par une multitude de taxis clandestins, contribue grandement à une anarchie, synonyme d'une touche sombre supplémentaire à ce triste tableau. Notons que les deux autres esplanades de cette commune, à savoir la place Vassas et la place du 20-Août 1956, sont presque logées à la même enseigne. Cet état de fait s'identifie notamment par l'absence de suivi et d'entretien des espaces verts tapissant ces deux places, hautement nécessaires à leur floraison. Le binage notamment, destiné à éliminer les mauvaises herbes et la flagrante irrégularité de l'arrosage, ont finalement eu raison de ces espaces de verdure, qui ont nécessité d'importants apports financiers pour leur réalisation. L'incivisme et sa fratrie n'ont eu qu'à esquisser les dernières retouches du massacre de l'environnement dans la grande majorité des zones essaimées dans la principale commune de cette daïra, qui méritent de loin un meilleur sort. Des riverains jaloux de leur contrée natale, las d'attendre ce qu'ils ont qualifié «d'un réveil d'hibernation des responsables locaux» ont exprimé leur vif désappointement à ce propos au Quotidien d'Oran.