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COMMERCE, L'AUTRE TERRIBLE CONSTAT
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 05 - 11 - 2015

L'Algérie n'a plus de flotte marchande qui lui assure la plénitude du transport de ses marchandises. Terrible vérité que celle annoncée par un responsable au ministère des Transports: 98% du transport des marchandises algériennes sont assurés par des navires étrangers. Un constat qui fait réfléchir sur cette politique d'abandon d'un secteur qui consomme paradoxalement plus de 60% des exportations algériennes d'hydrocarbures.
Le fait est que cette vérité vient de tomber à un très mauvais moment, celui d'une terrible restriction des dépenses publiques, d'une hausse annoncée dans le projet de loi de finances 2016 de certains produits, dont l'électricité et les carburants. Car sur les 60 milliards de dollars de rente pétrolière entre 2013 et 2014, au moins quatre milliards de dollars ont servi à payer les transports maritimes aux tarifs du marché du fret international. Le constat est d'autant alarmant que cette saignée va se poursuivre au moins jusqu'en 2020, à condition que les navires commandés auprès de constructeurs étrangers soient vraiment livrés en 2019, comme annoncé par le responsable de la marine marchande au ministère des Transports. Entre-temps, toutes les marchandises algériennes transitant par voie maritime, soit près de 98%, seront facturées par des transporteurs internationaux et acheminées par des navires étrangers. Entre-temps, la flotte marchande algérienne a été déstructurée, vieillie et son personnel parti en retraite.
C'est l'image grandeur nature d'un secteur des transports maritimes qui aurait été mis en radoub depuis de longues années. Comment en est-on arrivé là, alors que dans les années 1980 l'Algérie avait une des plus importantes flottes de ce côté de la Méditerranée ? Le moment n'est plus aux constats, mais à une réflexion sur les moyens à mettre en œuvre pour redonner son lustre à la marine marchande nationale, car il y va non seulement de la crédibilité du pavillon national mais également de récupérer le plus possible l'argent du transport de marchandises que prennent les transporteurs internationaux. Que signifierait alors une politique économique d'austérité, de maîtrise des importations, quand le pavillon national ne peut assurer plus de 2% du transport maritime de nos marchandises ?
Ce qui chagrine le plus, c'est que le constat est fait à un temps économique et financier particulièrement délicat, préoccupant pour le gouvernement. Même si on annonce un renforcement du pavillon national dans les trois prochaines années, l'Algérie va payer rubis sur l'ongle le coût de son fret maritime d'ici là, c'est-à-dire en pleine crise des prix pétroliers. Question parmi tant d'autres: qui nous dit que vers 2019, lors de l'acquisition de la nouvelle flotte, on aura le même niveau d'importations ? Le même sinon plus de niveau du commerce extérieur ? A moins que d'ici là des miracles seront accomplis et l'Algérie se mettra à exporter.


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