Une situation lamentable La flotte commerciale nationale était forte de 80 navires. Toute cette immense capacité de transport s'est évaporée, du fait de la mauvaise gestion et de l'incompétence. Le transport maritime des marchandises se trouve dans une situation lamentable. Il n'assure que 2% des échanges commerciaux. Une situation qui fait perdre à l'Algérie près de 4 milliards de dollars annuellement. Tout cet argent va dans les caisses des compagnies étrangères, au lieu de rester au pays, tout en procurant du travail aux Algériens. Cette triste réalité a été rappelée, hier, dans l'émission «L'invité de la rédaction» de la Chaîne 3 de la Radio nationale. Mohamed Ibn El Boushaki, directeur de la marine marchande et des ports au ministère des Transports a précisé qu'avant le désinvestissement qui a frappé le secteur du transport maritime, la flotte commerciale nationale était forte de pas moins de 80 navires durant les années 1980. Toute cette immense capacité de transport s'est évaporée, du fait de la mauvaise gestion, de l'incompétence et d'un partenariat qui a pris les allures d'un contrat de dupes, avec les sept navires de la Cnan, saisis dans un port européen. Avant les «gaffes» en série, la flotte algérienne assurait le transport de la quasi-totalité des marchandises, à l'import et à l'export, y compris les marchandises stratégiques telles que les céréales. Aujourd'hui, tout a été inversé et les responsables du secteur, de conseil interministériel en conseil interministériel, tournent en rond et imaginent des solutions qu'on ne voit toujours pas sur le terrain, cela après avoir fait montre d'une grande négligence sur un secteur économique stratégique. Durant plusieurs années, cette situation a profité à des opérateurs étrangers qui se sont engouffrés dans la brèche et réalisé des affaires en or dans le commerce extérieur algérien. Les questions que posent les observateurs demeurent grandes, sur la mise sous silence de cette situation, laquelle a occasionné un comportement qui relève de la prise d'otages, avec à la clé un surcoût global de 200 millions de dollars de la facture du transport maritime. Il faut dire que l'absence d'une flotte nationale a ouvert l'appétit des armateurs étrangers qui appliquent des tarifs, souvent prohibitifs, autant pour les marchandises importées que pour celles exportées. D'un autre côté, nos interlocuteurs s'interrogent notamment sur les différents partenariats qui devaient relancer le secteur et qui ont échoué, sur les sept navires du pavillon national qui font jusqu'à aujourd'hui l'objet de saisie, et surtout sur le vieillissement des équipements et de l'appareil administratif, pour lequel aucune mesure n'a été prise. A cela, le directeur de la marine marchande explique que même tardivement les pouvoirs publics ont réagi, et apportent leur solution-médication au problème, et ce en lançant un plan d'investissement et d'acquisition de navires, en vue de renforcer et de réhabiliter la flotte nationale. Selon le responsable du ministère des Transports, ce processus est déjà entamé, par l'acquisition de six navire, sur 27 prévus dans ce programme, dont une enveloppe financière dépassant le milliard de dollars, dégagée par le FNI (Fonds national d'investissement). Il explique que l'acquisition des navires restants prend énormément de temps puisque la plupart sont en phase de construction, et que pour la construction de chaque navire, une durée de trois années est nécessaire, à la différence des navires déjà acquis. Cela étant, le responsable du ministère ne donne aucune indication sur les chantiers navals qui abritent la réalisation de cette commande, ni sur les échéances de leur réception. De fait, un flou artistique continue d'envelopper le secteur du transport maritime des marchandises. D'un autre côté, Mohamed Ibn El Boushaki informe que le secteur est en pleine restructuration. Une nouvelle organisation est en phase d'installation. Elle n'est donc toujours pas opérationnelle. Il s'agirait de créer trois groupes distincts, à savoir les groupes de transport maritime, des services portuaires, et du transport de voyageurs. A cela s'ajoutera le volet formation qui se chargera du renouvellement des cadres de gestion. En somme, le secteur du transport maritime des marchandises, en plus de procéder au renouvellement de sa flotte, se dote d'une nouvelle équipe de gestion, jeune et qui jouit de plus de prérogatives, et ce dans l'ultime but d'atteindre une couverture des échanges commerciaux de l'ordre de 20 à 30% à l'horizon 2020, sous réserve que la nouvelle flotte soit réellement livrée dans les délais, ce qui semble loin d'être le cas. Le cauchemar du transport maritime continue.