Le ministre de la Justice, Tayeb Louh, a tenu à souligner, à l'issue de l'ouverture du colloque international sur la lutte contre la drogue à Tlemcen que : «l'Afrique est l'un des continents les plus touchés par le fléau de la drogue qui s'est développé dans les couches sociales défavorisées de nombreux pays africains ruinés par les guerres civiles, la famine et l'activité grandissante de groupes armés. Ces bandes qui activent non seulement à l'échelle nationale, mais aussi internationale, puisent leurs ressources des bénéfices de la consommation, du commerce et de la distribution de la drogue, menaçant ainsi la sécurité et la stabilité des pays africains notamment ceux du Sahel, et a des conséquences graves sur le développement et la sécurité publique. De nombreux navires provenant de l'Amérique latine transitent par l'Afrique pour acheminer la drogue vers l'Europe. Devant cette situation amère et critique, la problématique de la drogue ne concerne pas un pays tout seul, mais l'ensemble des pays. C'est donc un problème universel, qui interpelle toute la communauté internationale, qui doit élaborer des plans de prévention, d'information et de lutte contre la drogue et définir des stratégies globales afin d'éradiquer le phénomène grandissant qui menace la sécurité. L'Algérie a mis en place un important arsenal juridique et législatif pour lutter contre la drogue, la contrebande, et le blanchiment d'argent et ce, conformément aux conventions et chartes internationales. L'Algérie accorde une importance cruciale à la prise en charge des personnes droguées et souffrant des addictions. De nombreuses structures psychopédagogiques dotées de médecins et de psychologues ont été réalisées. Dans le milieu carcéral, des mesures ont été prises pour traiter et accompagner les détenus souffrant de ces maux sociaux. Mais le rôle de l'Etat et des structures officielles ne suffit pas à lui seul. Il faut que tout le monde s'implique dans la prévention et la lutte contre la drogue et les addictions». S'adressant à un parterre composé de quelque mille participants représentant la gendarmerie, police, douane, justice, assemblées élues, mouvement associatif, université, éducation, jeunesse, santé, ONG locales, spécialistes et avocats de différentes nationalités africaines, arabes et européennes, le ministre de la Justice a en outre indiqué que le marché de la drogue est celui qui connaît actuellement la plus forte expansion. «La drogue demeure une marchandise prohibée, et son commerce est extrêmement lucratif. Le trafic de drogue est devenu, selon des experts internationaux, le deuxième marché économique au monde, juste derrière les armes, mais devant le pétrole. Le chiffre d'affaires de la cocaïne, héroïne, cannabis et autres types de drogue, est estimé entre 300 et 500 milliards de dollars. Les bénéfices sont eux de l'ordre de 200 milliards de dollars et le blanchiment d'argent sale de 150 milliards. Les bénéfices et les sommes en jeu sont donc colossaux. Je prie les participants à ce colloque à bien se pencher sur ce fléau qui ne fait que s'aggraver, et constitue l'activité principale du crime organisé précédant tous les autres trafics». Il faut dire que le trafic de drogue, qui fait l'objet d'un colloque organisé depuis hier à Tlemcen est un fléau nocif qui irrite de nombreux pays, vu l'ampleur de ce phénomène grandissant sur le plan local, régional et international. Dans son allocution de bienvenue, le wali de Tlemcen a souligné le rôle des services de sécurité dans la lutte contre la drogue. Dans ce contexte, il a affirmé que près de 50 tonnes de stupéfiants sont saisies chaque année dans la wilaya de Tlemcen. Le bâtonnier de Tlemcen, Seffahi Mohamed, a pour sa part indiqué que : «le colloque a pour but de s'informer sur les nouvelles tendances des drogues sur le plan régional et international, du point de vue de la culture, du trafic et de la consommation, montrer les efforts de la communauté internationale en matière de lutte contre la drogue et les addictions face aux menaces sur la sécurité publique, la santé publique, le développement durable et la stabilité du pays et de mettre en relief les meilleures modalités d'implication de la société civile dans la prévention contre la drogue et les addictions». Plusieurs communications seront présentées lors de cet évènement, qui voit également la participation de nombreuses institutions régionales et internationales concernées par la question, notamment le conseil des ministres arabes de l'Intérieur, l'université Naief Ibn Abdelaziz des sciences sécuritaires, et le groupe Pompidou (Conseil de l'Europe). Parmi les communications, les «Tendances et défis de la drogue sur les plans régional et international», de Thierry François (Directeur de l'office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants, Paris), «L'impact de la drogue sur la sécurité publique, la santé publique, le développement durable et la stabilité des pays», El Moula Ibrahim Hassen (Président de l'institut international du droit), «Les instruments et les mécanismes régionaux et internationaux de lutte contre la drogue et les addictions», Malliori Melpomeni (Professeure en psychiatrie, Grèce), «Dimension géopolitique du phénomène de la drogue», Maître Abdelghani Bedraoui (Secrétaire général de l'ordre des avocats, Tlemcen). La deuxième journée (aujourd'hui), est consacrée à un débat général portant sur la prévention et l'information contre la drogue, les addictions et le traitement des toxicomanes, les conséquences de la consommation de la drogue, la lecture et l'adoption des recommandations générales du colloque. A noter, que le ministre de la Justice, Tayeb Louh, a procédé en marge de ce colloque à l'inauguration des tribunaux de Sebdou et Tlemcen.