Sur le papier, elles existent, mais en réalité, non. C'est la triste situation des ZET dans la wilaya de Jijel. Une commission d'enquête nationale se rendra prochainement dans les 14 wilayas côtières pour faire le point sur la situation et le fonctionnement des Zones d'Expansion et Sites Touristiques (ZET), a annoncé jeudi à Jijel le ministre en charge du secteur, M. Abdelouahab Nouri, après avoir constaté l'extrême déliquescence avec laquelle est géré le secteur dans cette wilaya. En fait, le ministre est « descendu de haut» durant cette visite dans l'une des plus belles régions côtières du pays, «la côte du Saphir », où les disponibilités touristiques ne sont pas à la hauteur des potentialités et, surtout, les malversations et autres détournements de certaines ZET de leur vocation, en particulier le foncier, utilisé pour d'autres objectifs. C'est en tout cas le constat inquiétant et alarmant en même temps dont le ministre du Tourisme a parlé lors d'une rencontre avec des opérateurs et promoteurs dans les produits touristiques, à l'issue d'une visite dans la wilaya. Le ministre a en fait brossé un tableau noir sur la situation du tourisme dans la wilaya de Jijel, tirant la sonnette d'alarme sur la situation des ZET dont des terrains ont été détournés à d'autres fins, causant dès lors un grand préjudice au secteur et aux investissements prévus dans le cadre de la relance du tourisme. Il a, dans ce sens, rappelé que le nombre théorique des ZET dans la wilaya de Jijel est de 19, « mais quand on inspecte ces zones, il n'y a que 10 ZET fonctionnelles, le reste est parti en fumée », a déploré le ministre, pour qui la situation dans cette wilaya ne reflète pas la réalité du terrain du fait que beaucoup de ces ZET ont été squattées et érigées en zones d'habitation ou zones industrielles. « Celui qui veut investir dans le tourisme et participer avec nous pour développer le secteur, nous lui disons bienvenue ; nous le soutenons et l'assistons », a précisé M. Nouri. Il a en outre assuré que « nous sommes déterminés à assainir ce dossier au cas par cas » et qu'une «commission va faire le constat dans les quatorze wilayas côtières du pays ». Le ministre, visiblement désarçonné, sinon abasourdi par le laisser-aller de son département dans la wilaya de Jijel, qui attire plus de 2 millions d'estivants annuellement, a rappelé « l'intérêt et l'importance » qu'accorde l'Etat au développement et à la promotion du tourisme comme un des moteurs du développement local. « Le développement du secteur touristique qui est notre leitmotiv demeure l'un des axes prioritaires des actions du gouvernement », a affirmé M. Nouri. Le fonctionnement des ZET a été défini par la loi 03-03 du 17 février 2003, qui a notamment pour objet de « définir les principes et règles de protection, d'aménagement, de promotion et de gestion des zones d'expansion et sites touristiques ». Les objectifs de cette loi sont en particulier « l'utilisation rationnelle et harmonieuse des espaces et ressources touristiques en vue d'assurer le développement durable du tourisme, la protection des bases naturelles du tourisme » ou « la création d'un bâti harmonieusement aménagé et adapté au développement des activités touristiques et la sauvegarde de sa spécificité». Mais, dans la pratique, au jour le jour, le fonctionnement des ZET reste à revoir. Le directeur général de l'Agence nationale de développement touristique (ANDT) Nouredine Nedri avait annoncé en 2015 à Oran en marge du 6ème Salon international SIAHA qu'une opération de révision de ces zones avait été lancée en 2014. «Cette opération, qui s'achèvera en mai prochain, permettra de supprimer certaines zones et d'en délimiter d'autres qui se trouvent à l'intérieur du tissu urbain». Les zones d'expansion touristique ont été classées en 1998, 2009 puis 2010. Et, sur les 205 ZET existantes au niveau national, 78% sont concentrés sur le littoral. En outre, l'ANDT devait lancer en 2015 un programme de réalisation de 50 nouvelles ZET dans les Hauts-Plateaux pour développer notamment le tourisme écologique et thermal. La visite du ministre en charge du secteur à Jijel va-t-elle néanmoins remettre en cause tout le système de fonctionnement de ces ZET, qui n'ont pas pour le moment permis, de l'aveu des professionnels, au secteur d'offrir des produits et des prestations de service de qualité ? En fait, la création des ZET remonte aux premières années de l'indépendance, en 1966, avec la signature par le président Houari Boumediene de l'Ordonnance n.66-62 du 22 mars 1966. Cette ordonnance, publiée au JO n.243 du 29 mars 1966, stipule qu' «en vue de la réalisation d'un plan d'aménagement touristique, il sera procédé à la délimitation de régions ou de lieux prioritaires pour le tourisme, soumis à des mesures de protection particulières et où les efforts d'équipement et d'exploitation seront concentrés». 50 ans après, que reste-t-il, où plutôt, qu'a-t-on fait pour développer le tourisme en Algérie ?