Malgré la crise qui se profile à l'horizon, les élus des 32 communes de Boumerdès ne s'empressent nullement de renflouer les caisses de leurs municipalités. Bien qu'elle soit imposée par la réglementation, la taxe liée au droit de place n'a jamais été recouvrée par les services concernés, a-t-on appris de source de l'administration. Depuis une semaine, tout le monde parle de création de richesse au niveau local et de ne compter que sur soi, mais voilà, les biens de la collectivité se trouvent entre les mains du privé. Depuis des lustres, ces derniers, se comportant comme les propriétaires légitimes, ne se gênant guère pour la grande majorité d'entre eux à louer ce bien communal à des tiers, avec une majoration de plus de 600% sans que la commune propriétaire du bien s'oppose. Plus encore, des biens immobiliers, des salles de sports, des locaux de clubs, des cafétérias d'associations sportives, sont aujourd'hui entre les mains de privés dans l'opacité la plus totale. D'autres commerçants exploitants de places et lieux publics ne déboursent aucun centime dans les caisses du Trésor public censé être récupéré par la commune. Les locaux dits du Président (100 par 32 communes) fraîchement distribués ont déjà fait l'objet de location. Des hôteliers ne paient pas leurs taxes, les exploitants de carrières, une cinquantaine répartis à travers le territoire de la wilaya, causent des désagréments énormes tant aux citoyens qu'à la chaussée et payent leurs taxes au niveau de leurs sièges situés hors wilaya. Au chef-lieu, au niveau de la placette du centre-ville, la commune a procédé, il y a une année, à sa restauration avec l'implantation d'une fontaine, investissement de plusieurs millions, pour embellir les lieux mais en contrepartie, les exploitants de cafétérias, restaurants et de la dizaine de commerces occupent, à titre gracieux, cette vaste terrasse, propriété de la collectivité sans se conformer à la réglementation. Ce qui fait perdre à la seule commune de Boumerdès près de 38 millions de DA. Un président d'une commune de l'est de la wilaya, contacté pour avoir son avis sur le sujet, fait le constat suivant : « Le bien de ma commune a été dilapidé durant la dernière décennie; le DEC de l'époque s'est désisté du café communal au profit d'un de ses proches, et d'un espace de plus 600 m2 cédé à un autre citoyen, ce dernier possède aujourd'hui un document légal », et d'ajouter : « Ce n'est pas à la veille de notre départ (fin de mandat) que nous allons taxer les pauvres commerçants de notre commune ». La richesse locale peut attendre. A Boumerdès, une commission de l'inspection générale des finances a fait un constat édifiant : des centaines de biens communaux de première importance ont été cédés à des particuliers qui, depuis, ont légalisé leurs documents. Les commerçants de fruits et légumes, occupant des espaces au niveau des marchés couverts, ne payent à la commune que 600 DA/mois, alors qu'ils les louent en deuxième, troisième main, au-delà de 12.000 DA/mois, tandis que ce sont les services de la commune qui s'occupent des ordures, de l'éclairage et des compteurs d'eau. Rien que pour les ordures ménagères, la commune de Boumerdès révèle qu'une perte avoisinant les 240 MDA de taxes est subie par la caisse communale. De l'argent, il en existe, comment le récupérer ? C'est le grand défi auquel les élus locaux doivent s'attaquer.