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Etiquetage en langue arabe en Algérie des produits importés: Une nouvelle annulationet des interrogations
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 01 - 2017

  Les décisions du ministère du Commerce désarçonnent les opérateurs économiques du commerce extérieur.
Un jour «oui», un autre «non» ! Le vent tourne si vite ces jours-ci que des décisions ministérielles sont tout bonnement annulées en moins de deux semaines. La tout dernière instruction du ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, n° 714/MC/SPM du 26/12/2016 annoncée fin décembre dernier et qui avait autorisé l'étiquetage en langue arabe des produits importés sur le territoire national vient d'être abrogée par une nouvelle correspondance du SG de ce département ministériel qui justifie cette volte-face par des «difficultés d'application» ! L'étiquetage en langue arabe à l'étranger des produits importés avait coûté au pays près de 600 millions euros, selon les chiffres communiqués par le département ministériel de Belaïb qui avait précisé que le coût d'étiquetage serait beaucoup moins important s'il se faisait sur le sol national en étant estimé à 9 milliards de DA (soit l'équivalent de 81 millions d'euros). Depuis l'imposition de l'étiquetage en arabe à l'étranger en 2009, cette mesure aurait coûté au pays plus de 4 milliards d'euros. L'instruction ministérielle était salutaire pour réduire le transfert de devises à l'étranger dans ces temps d'austérité budgétaire. Elle a été bien accueillie par les opérateurs économiques du commerce extérieur qui pouvaient ainsi d'un côté réduire leurs coûts et de l'autre éviter les tracas des contrôles douaniers aux frontières. Pourquoi alors annuler une telle décision bénéfique pour l'économie nationale en ces temps de disette ? Quel message véhicule le gouvernement aux opérateurs économiques nationaux et aux investisseurs étrangers ? Pourquoi on ne veut pas libérer le marché de l'étiquetage et laisser la loi de l'offre et de la demande opérer ? Quels intérêts défend le gouvernement ? Autant de questions pertinentes qui méritent d'être abordées pour rassurer les opérateurs économiques. Le patron de la société CLEM (Consignation, logistique, étiquetage, marquage) implantée dans la zone de Hassi Amer dans la périphérie d'Oran, Bouzidi Hicham, plaide pour une libéralisation du marché de l'étiquetage des produits importés. «Nous sommes dans une situation rocambolesque. Nous n'avons même pas le droit de produire des étiquettes sur notre sol national pour des produits que nous avons importés. Je n'appelle pas au protectionnisme comme cela se fait sous d'autres cieux pour défendre les intérêts de notre économie et ceux des entreprises qui ont tant investi dans ce segment, mais au moins laissez-nous travailler. Nous ne voulons pas de faveurs. Nous voulons seulement le droit de travailler, de créer de l'emploi et d'économiser des sommes colossales en devises au pays. Comment le gouvernement accepte de gaspiller 600 millions d'euros annuellement sur l'étiquetage en arabe des produits importés, alors que cette prestation peut se faire ici et à moindre coût ? Le comble est que l'étiquetage fait ici n'est pas seulement économique, mais mieux, il est de meilleure qualité et permet d'alléger les procédures douanières dans les ports», affirme notre interlocuteur qui précise, preuve à l'appui, que l'étiquetage en arabe qui se fait à l'étranger est souvent illisible et de qualité médiocre. «L'étiquetage d'un seul container coûte en moyenne entre 3.000 et 5.000 euros en France. Cet argent n'est pas couvert par le transfert légal de devises. Les importateurs doivent recourir à des subterfuges pour régler les factures de cette prestation en euros. L'argent est en fait transféré sous le prétexte de payement des frais d'emballage. Ce que le ministère ne sait pas est que l'étiquetage en arabe à l'étranger coûte en réalité plus de 600 millions euros par an. Le ministère justifie la nouvelle annulation de l'étiquetage en arabe localement par des difficultés d'application ce qui est invraisemblable. Il faut savoir que de gros lots de marchandises (cosmétique, alimentaires, habillement…) sont introduits sur le sol algérien sans étiquetage. Ces produits sont écoulés à trois fois leurs prix réels dans les commerces en tant qu'articles de cabas. Non seulement nous perdons nos devises à l'étranger, mais en plus les consommateurs payent plus chers ces importations illicites», confie notre interlocuteur. Il est à rappeler que le ministère du Commerce avait officiellement autorisé le 26 décembre dernier l'étiquetage en langue arabe sur le territoire national des produits importés. Il avait expliqué que «l'instruction a pour objet de permettre aux opérateurs économiques de réaliser l'étiquetage en langue arabe sur le territoire national au niveau de leurs locaux ou dans les installations spécialisées d'une entreprise tierce (…) Cette mesure vise à réduire les coûts à l'importation, de développer un nouveau segment d'activité sur le marché national (société de marquage, codage et étiquetage industriel) et de protéger le pouvoir d'achat des citoyens».
Il est regrettable de constater l'écart entre les promesses du gouvernement qui préside aux destinées de notre économie et la réalité de ses faiblesses. Le lien de confiance entre le gouvernement et les opérateurs économiques a été rompu.


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