Pendant la campagne électorale il n'est pas fait obligation au staff gouvernemental de mettre en veilleuse ses agendas de visites de travail dans les wilayate mais juste de ne pas prendre prétexte de celles-ci pour s'impliquer dans la joute électorale opposant les acteurs en lice. Passe encore que les représentants du gouvernement en profitent pour plaider en faveur d'une participation populaire massive au scrutin mais pas qu'ils se mêlent de suggérer le « bon vote » aux citoyens. C'est pourtant ce message qu'ils font passer sans le délivrer ouvertement mais en donnant à comprendre que l'action gouvernementale qui selon eux est à créditer d'un bilan positif doit s'inscrire dans la continuité qui ne peut lui être assurée sans une majorité électorale acquise à sa poursuite. L'agenda des visites « sur le terrain » que le Premier ministre s'est avisé d'entreprendre pendant la campagne électorale n'est pas à cet égard dénué de cette arrière-pensée électoraliste. En effet, s'il s'abstient pendant ces visites de dire pour qui les citoyens devraient voter, Sellal s'emploie néanmoins à leur instiller que la politique gouvernementale qui serait en train de porter ses fruits leur impose de faire en faveur des partis et candidats qui défendent le programme dont elle est la traduction. Sous couvert que la campagne électorale n'est pas une parenthèse entre laquelle le staff gouvernemental devrait se faire moins voyant et ne pas disputer le champ médiatique aux partis qui briguent le vote populaire, Abdelmalek Sellal et des ministre se sont programmé durant cette période des visites de « travail et d'inspection » sur le terrain à la connotation électoraliste évidente dont les partis d'opposition ne sont pas dupes. Au cours de ces visites, les membres du gouvernement ne sont pas en effet avares de promesses qui de rallonges budgétaires au profit des wilayate visitées, qui des inscriptions de nouveaux projets censés répondre aux attentes de leurs populations et qui des mesures sociales en leur faveur. Ils mènent en somme une campagne électorale au potentiel beaucoup plus persuasif que celle que mènent les partis qui roulent pour le pouvoir et le gouvernement. Ces mêmes membres du gouvernement, crise financière et économique oblige, se targuaient avant la séquence électorale de s'en tenir au discours de vérité excluant qu'ils fassent des promesses qui ne sont plus dans l'air du temps de la rigueur et de l'austérité qu'il faut observer pour être à même de gérer la situation de crise à laquelle le pays est confronté. Il est vrai que les périodes électorales affranchissent les acteurs politiques qui courtisent le vote citoyen de toute retenue dans les promesses qu'ils oublieront cyniquement car ayant à l'esprit qu'elles n'engagent que ceux qui y ont cru. C'est bien cette stratégie électorale que l'exécutif gouvernemental développe en appui des partis en campagne qui défendent son programme et son action et sont appelés à lui procurer la majorité électorale censée lui procurer la caution populaire.