Dans des déclarations faites samedi, à «TSA» et à «El Khabar», Farouk Ksentini, l'ex-président de la désormais défunte Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), a indiqué que le président de la République, qui l'a reçu la semaine dernière, dans la résidence d'Etat à Zeralda, lui a confié son intention de briguer un cinquième mandat présidentiel. «Les urnes décideront selon les principes de la démocratie» a encore rapporté Ksentini de son entrevue d'une heure avec Bouteflika. «Je connais le président depuis près de 40 ans, et ma relation avec lui ne s'est jamais interrompue puisque je lui rends visite, de temps en temps», explique-t-il, l'objet de cette rencontre. L'information telle que rapportée, émanant d'une personnalité nationale connue et reconnue, aurait donné plus de crédit au scénario d'un cinquième mandat n'était-ce le démenti «catégorique» de la présidence de la République apporté aux déclarations de Farouk Ksentini. Le communiqué d'El Mouradia ne laisse aucune équivoque et pose plus d'interrogations qu'il n'y répond. Rendu public, hier, le document, repris par l'APS, indique qu'«un certain nombre de déclarations rapportées par la presse électronique et quotidienne ( ) stipulent que le président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika aurait accordé une audience à Maître Farouk Ksentini qui aurait abordé, avec lui, des questions ayant trait à la situation actuelle ainsi que les perspectives futures». La même source d'information précise que «la présidence de la République dément, catégoriquement, autant la véracité de l'audience que celle du contenu qui lui est accolé et considère qu'il s'agit là de pures affabulations». Le communiqué désavoue, publiquement, Me Ksentini qui doit, certainement, se retrouver dans une situation des plus inconfortables. Ou l'homme a inventé ce rendez-vous ou bien a-t-il, réellement, rencontré le chef de l'Etat et le contenu de ses déclarations n'aurait pas été apprécié, en haut lieu ? Deux hypothèses mais une seule explication, rendue officielle par la réaction de la présidence. Si dans le cas de la véracité de la version de l'avocat, ses propos sur l'envie présidentielle de briguer un cinquième mandat ne choquent pas d'autant que l'option est sérieusement envisageable, dans la bouche des partis dits de la majorité. L'état de santé de Bouteflika n'est pas non plus en cause puisqu'il est de notoriété publique qu'il souffre toujours des séquelles d'un accident ischémique transitoire (AIT) survenu, en 2013, qui a sérieusement affecté son élocution et sa mobilité. Dans ses propos rapportés par El Khabar', et sur l'état de santé du président de la République, il précisera que sa voix était inaudible et qu'il souffre de faiblesse des membres inférieurs du fait de leur inactivité pendant un long moment, tenant à rassurer sur sa mémoire qu'il a qualifiée de «forte» et sur la clarté de ses idées. «J'ai constaté chez lui une profonde connaissance de ce qui se passe dans le pays», ajoute-t-il encore. Reste le volet ayant trait à l'oligarchie qui, selon la version de l'avocat, a fait réagir Bouteflika qui lui aurait déclaré qu'il fallait extirper l'Algérie des mains des hommes d'affaires, accusant certains d'eux, toujours selon Ksentini, «de ne chercher que leurs propres intérêts». Si cette hypothèse était la bonne, le lobby tout puissant des Affaires aurait-il frappé de nouveau après l'épisode Tebboune ? Le Premier ministre a évoqué la question de la succession de Bouteflika, samedi dernier, dans un entretien télévisé sur la chaîne El Bilad' indiquant que son parti, le RND, soutenait le président dans l'optique d'un cinquième mandat alors que la SG du Parti des Travailleurs déclarait, pour sa part, hier, dans un entretien avec El Khabar' qu'elle ne pensait pas que Bouteflika se présentera pour 2019.