La crise du pain, avec des hausses illégales des prix, devrait se dénouer prochainement, après les déclarations samedi du ministre du Commerce Mohamed Benmeradi, selon lequel des solutions sont à l'étude. En attendant, une quarantaine de boulangers de la wilaya de Bouira, qui avaient décidé d'augmenter unilatéralement le prix de la baguette de pain de 10DA à 15DA, sont poursuivis en justice. «Les boulangers ayant augmenté le prix du pain à 15 dinars dans la wilaya de Bouira, au nombre de 40, sont poursuivis en justice. Ils ont reçu dimanche leurs procès-verbaux», a annoncé Mustapha Mihoubi, chef de service du contrôle des pratiques commerciales à la direction du commerce de la wilaya. Il a rassuré que 'l'augmentation qu'a connue ces derniers jours le prix de la baguette de pain (à Bouira) est illégale et anarchique, et ses auteurs sont tous poursuivis en justice». Les boulangers de plusieurs wilayas avaient dès jeudi dernier procédé à une hausse du prix du pain, le portant de 10 DA à 15 DA la baguette. En fait, depuis le début du mois de novembre, les appels des syndicats de boulangers se sont faits de plus en plus insistants et menaçants pour une révision du prix du pain. Des sources proches de la coordination nationale des boulangers indiquent qu'un ultimatum de 20 jours a été donné au ministère du Commerce pour satisfaire les revendications des boulangers, sinon une grève nationale de trois jours sera déclenchée. En outre, les boulangers ont réclamé, et appliqué dans certaines wilayas, une hausse de 5 DA sur le prix de la baguette de pain par rapport à son prix de 10 DA. Grosso modo, parmi les revendications des boulangers, il y a notamment une révision du prix de la baguette du pain à 11,90 DA. Selon une étude faite en 2014, le coût réel de fabrication d'une baguette de pain revient à 11,72 DA, sur la base d'un quintal de farine panifiable. 'Le dossier de la hausse du prix du pain est sur la table depuis plus de dix ans. Le ministère du Commerce a toujours dans les négociations avec les professionnels ou avec les syndicats, dont l'UGCAA, indiqué que le prix du pain devait être revu à la hausse, mais une telle mesure n'a pas vu le jour jusqu'à présent. Même M. Benmeradi reconnaît que l'augmentation du prix du pain est 'inévitable à l'avenir». Dans une déclaration faite à la presse au mois d'octobre dernier, Youcef Kalafat, président de la fédération nationale des boulangers, explique d'abord que 'même si notre fédération compte revendiquer une augmentation du prix du pain, ça ne sera pas 50%. Ça sera entre 20 et 25%.'' Il ajoute : «au niveau de notre fédération, les boulangers n'ont jamais demandé une hausse du prix du pain, mais revendiquent l'augmentation de la marge bénéficiaire». Les boulangers ont proposé deux solutions pour régler cette problématique: soit augmenter le prix à 15 dinars ou diminuer le poids de la baguette de 250 à 200 grammes. A Bouira, où la colère des citoyens était bien visible, des boulangers ont annoncé cette augmentation unilatérale par de simples affiches collées aux mûrs. Le ministre du Commerce Mohamed Benmeradi est revenu fatalement sur ce dossier lors d'une visite de travail samedi à Biskra. Il a expliqué 'qu'un dossier relatif au prix du pain est actuellement à l'étude au niveau du gouvernement, afin de trouver une solution pour éviter de recourir à une augmentation du prix». Le ministre, en réponse à une question des journalistes relatives à la hausse du prix de la baguette dans plusieurs wilayas, a minimisé ce mouvement, indiquant seulement qu'il existe de «rares cas» au niveau de certaines wilayas où quelques boulangeries ont procédé de manière «spontanée» à une augmentation du prix de la baguette de pain. Il a précisé que l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) «n'a pas initié cette hausse». Il a également souligné l'existence de «contacts permanents avec cette organisation syndicale pour trouver des solutions adéquates au problème relatif à la tarification du pain sans passer par une augmentation du prix». En clair, les pouvoirs publics privilégient l'option d'une hausse de la marge bénéficiaire sur des produits de boulangerie, plutôt qu'une hausse pure et simple du prix de la baguette. Vendredi, au lendemain de l'application de certains boulangers dans plusieurs wilayas d'une hausse du prix du pain, l'Association algérienne de protection des consommateurs (APOCE) avait dénoncé dans un communiqué cette décision. «L'APOCE désapprouve cette décision unilatérale prise sans l'aval des autorités compétentes», et a appelé les citoyens au «boycott des boulangeries « jusqu'à dimanche, car 'les agents de contrôle des directions de commerce ne travaillent pas les week-ends. « Plus explicite, l'APOCE indique que 'nous avons décidé d'appeler les citoyens au boycott de l'achat du pain jusqu'à dimanche, jour du retour des agents de contrôle à leurs postes de Travail». Mais, l'Association de protection des consommateurs a rappelé qu'elle 'a toujours soutenu les revendications des boulangers dans un cadre légal». Hadj Tahar Boulenouar, président de l'Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), a également dénoncé et qualifié la hausse du prix du pain 'd'illégale''. «C'est illégal, car à l'heure actuelle, aucune décision n'a été prise que ce soit par le Gouvernement ou par les représentants des boulangers», a-t-il dit. Il a cependant appelé les autorités à mettre en place une commission regroupant les représentants des ministères du Commerce, des Finances et les représentants des minoteries, ceux des boulangers et ceux des consommateurs pour déterminer le coût réel de la baguette du pain pour pouvoir ensuite déterminer son prix de vente.