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ONU-Palestine occupée: «Ce n'est pas une prière, c'est une conviction»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 12 - 2017

Alger a désapprouvé hier -à huis clos-la décision du président des Etats-Unis de reconnaître El Qods comme capitale d'Israël.
De nombreux Algériens se sont déplacés hier à la coupole du complexe sportif Mohamed Boudiaf pour dénoncer la décision de Donald Trump. Ce meeting a été organisé à l'appel de partis politiques et d'associations qui ont voulu se solidariser avec le peuple palestinien. L'interdiction des marches dans les rues de la capitale rappelle le paradoxe le plus absurde que l'Algérie traîne depuis de longues années. Les services de sécurité, tous corps confondus, répondront vite que c'est pour une raison stricte de sécurité que les marches sont interdites à Alger. L'interdiction est donc un moyen de protéger la capitale. Pourtant, quand le terrorisme avait force de loi et égorgeait dans les rues, en plein jour, Alger criait sa révolte à ciel ouvert, à la lumière du jour de ses nombreuses avenues, et non des projecteurs. Elle le faisait quand le monde s'était renfermé sur lui-même pour ne pas entendre ses cris et reconnaître son combat contre le pire des fléaux. La communauté internationale s'était contentée d'accuser l'Algérie d'enfermer son peuple dans une guerre civile sans images. Une guerre à huis clos. Encore une fois, ce monde sans foi ni loi démontre que la logique des uns n'est pas forcément la logique des autres. Les uns, ce sont ceux qui sous le couvert du vocable de «communauté internationale», dénoncent certains crimes, ferment les yeux sur d'autres ou en provoquent de plus ignobles à travers le monde au nom de l'instauration de la sécurité et de la lutte antiterroriste… Les autres, ce sont ceux qui subissent. Fallait-il ainsi attendre la décision de Trump pour que le monde se rappelle que le peuple palestinien est colonisé par Israël ? L'existence de la Ligue arabe ou de l'Organisation islamique ne sont que des subterfuges pour faire semblant de défendre les libertés et les intérêts des peuples arabes et musulmans opprimés. Depuis les accords de Camp David, la Palestine occupée a été mise dans un tiroir que seuls les Américains peuvent ouvrir pour en reclasser les dossiers selon les priorités d'Israël.
Quand les lobbys juifs commandent l'Amérique
Les lobbys juifs ont fait des institutions américaines leur chasse gardée. C'est ainsi que les présidents américains qui se sont succédé à la Maison Blanche ont eu chacun à faire aboutir une partie du scénario par lequel la Palestine est devenue une situation parmi d'autres à régler et non «la principale des causes» comme aux temps où les fidayîn, financés et armés par certains pays arabes et musulmans comme l'Algérie, la Syrie ou le Soudan, animaient la révolution contre l'entité sioniste. Le temps qui s'est écoulé depuis cette époque de la bravoure et de la vaillance jusqu'à celle actuelle des compromissions et des humiliations des dirigeants arabes, est trop long pour que les échines puissent se redresser. Ne restent que les slogans et les cris populaires pour couvrir leur écrabouillement devant les états d'âme du dernier parvenu de Washington. La Palestine occupée est alors devenue slogans et banderoles, agités le plus loin possible de son statut de la principale cause de décolonisation des Arabes et des Musulmans. Sans armée, sans armes, sans moyens financiers et matériels depuis pratiquement leur exclusion du Liban en 1983 sous les pressions militaires d'Israël, les Palestiniens n'auront dans peu de temps plus de terre, plus d'oliviers, plus de keffieh. Ils auront été dépossédés des symboles par lesquels ils tentaient pendant plus de 60 ans de prouver leur existence. Les appels à une nouvelle Intifadha resteront -sauf miracle- sans suite. Les consciences arabes éveillées n'existent plus pour rassembler les éclats de leurs Etats, constituer une force de persuasion ne serait-ce que pour «voter massivement pour la résolution sur le droit du peuple palestinien à l'autodétermination» comme lancé jeudi dernier par le représentant permanent de la Palestine auprès de l'ONU. L'appel de Riyad Mansour est pour «passer la barre des 180 voix au cours du vote prévu mardi prochain» comme il l'a souligné devant le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. S'ajoute à cet appel, une «menace», celle-là vient du sommet de l'OCI qui s'est tenu à Istanbul selon le communiqué final cité par le délégué turc: «le Conseil de sécurité (doit) assumer ses responsabilités et veiller à ce que toutes les résolutions relatives à la question palestinienne soient mises en œuvre sans plus tarder. A défaut, les membres de l'OCI estiment que ces questions devront être renvoyées à l'Assemblée générale»
«Ni Arafat, ni Rabin, seul Dieu…»
C'est aussi ce qu'a soutenu le représentant du Pakistan qui a toutefois demandé à la Cour internationale de Justice (CIJ) de «donner un avis consultatif sur les derniers développements au Moyen-Orient» Aucune institution, ni aucun pays ne demandera à constituer une force militaire pour combattre Israël et libérer la Palestine. Le jeune Macron a pourtant réussi à convaincre les pays du Golfe à participer dans celle constituée pour le Sahel.
Comme Trump, les monarques arabes ont fait un pied de nez aux Palestiniens en envoyant loin en Afrique, l'équivalant en dollars de contingents de leurs armées, ceci pour ne pas vexer les plus forts. Leur survie en dépend.
La Palestine occupée n'a droit qu'au verbiage des institutions arabes et musulmanes qui continuent d'interpeller le Conseil de sécurité, faisant semblant d'oublier qu'il n'a jamais respecté ses propres résolutions particulièrement celles au profit des Palestiniens. L'histoire le sait depuis au moins la résolution 242 prise en 1967, au lendemain de la guerre des Six-jours. Bien qu'élaborée par ses membres d'une manière ambiguë, certainement pour entretenir le doute et le flou sur le conflit israélo-arabe, mais votée à l'unanimité, la 242 restera un élément du dossier à charge de la communauté internationale qui a vidé la question palestinienne de son contenu pour l'orienter vers «un droit du peuple juif à son retour à la terre promise». Si les Juifs y croient, les Palestiniens aussi ont «leur religion pour un retour triomphal que les dirigeants arabes ne pourront ni négocier ni souiller». Rencontrés il y a près de 20 ans sur l'esplanade des Mosquées à El Qods à la fin de la prière d'El Icha, des Palestiniens nous avaient juré qu'aucun politique ne pourra résoudre ce conflit et permettre aux Palestiniens de récupérer leurs terres, leurs biens et recouvrer leur indépendance. «Ni Arafat, Ni Rabin, ni aucun politique ne pourra mettre fin à ce désastre, seul Dieu dictera de la solution qu'il faut, mais quand l'indépendance de la Palestine deviendra effective, elle sera le signe évident et fondamental de la fin du monde et du jour de la résurrection…» L'humanité qui s'est faite par et dans les guerres des religions verra donc un jour la Palestine récupérer jusqu'au mur des lamentations ?… «Ce n'est pas une prière mais une conviction», nous a dit un vieux Palestinien autour d'un thé dans l'un des cafés des ruelles d'El Qods tant chantées par Faïrouz. «Un fait n'est réglé que s'il étrangle (ma ettassaâ El amr ila idha Dhak)», a-t-il rappelé paraphrasant ainsi Djamel-Eddine El Afghani. Du fatalisme? «Non, une profonde foi».


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