Par un concours de circonstances propices à la protesta socioprofessionnelle, le syndicat Cnapeste qui boucle aujourd'hui sa troisième semaine de grève, n'est plus seul sur le terrain, confirmant quelque part que le malaise social n'est pas une vue d'un esprit étroit, ni qu'il soit uniquement le propre du secteur de l'Education. En sus du long mouvement de protestation des médecins résidents, il y a lieu de rappeler dans ce contexte la journée de protestation lancée par l'intersyndicale le 14 février dernier, et il y a surtout ce débrayage dans le secteur de l'Education, annoncée pour les 21 et 22 février, auquel ont appelé cinq syndicats, en l'occurrence l'Unpef, le Snapest, le Satef, le Snte et le Cla, et qui apporte, qu'on le veuille ou pas, de l'eau au moulin des enseignants affiliés au Cnapeste, déjà en grève. Dans cet ordre d'idées, et dans le but évident d'arriver à un accord qui annulerait cette grève, le ministère de l'Education nationale a entamé, hier, des rencontres avec des représentants de cinq syndicats du secteur l'Education qui ont déposé un préavis de grève de deux jours. Ces réunions ayant regroupé des responsables du ministère et les représentants de ces syndicats, dont les travaux se déroulent à huis clos, qui interviennent suite au préavis de grève lancé par ces syndicats pour les 20 et 21 février, sont donc organisées dans l'espoir de trouver un terrain d'entente qui amènerait ces syndicats, signataires de la Charte d'éthique du secteur de l'Education nationale, à renoncer à leur mouvement de protestation et donner une large manœuvre à la tutelle dans son bras de fer avec le Cnapeste. Peine perdue, vraisemblablement, car la grève est officiellement maintenue, selon M. M. Amraoui, député et ex-porte-parole de l'Unpef. Dans ce cadre, des représentants du ministère ont reçu en premier lieu le coordinateur nationale du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, et ce dernier a indiqué dans une déclaration à l'APS que cette rencontre intervenait à la veille du préavis de grève des 21 et 22 février lancé par ces cinq syndicats, ajoutant avoir demandé que le ministère « soit leur avocat auprès du gouvernement » pour la satisfaction de leurs revendications relatives notamment à l'amélioration du pouvoir d'achat des enseignants et la correction des anomalies statutaires. « Lors d'une négociation et pour gagner du temps, il faut qu'il y ait un représentant de la fonction publique, du ministère des Finances, pour sortir directement avec une décision », a-t-il encore expliqué, laissant entendre que le dialogue avec la tutelle n'aboutit à rien sans la présence de ces parties. Les représentants de lUnion nationale des personnels de lEducation et de la formation (Unpef), le Syndicat national des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (Snte) et le syndicat du Conseil des lycées d'Alger (Cla) seront également reçus séparément. M. Meriane a ajouté que dans l'après-midi, ils seront reçus « en principe » par la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit. Ainsi, le secteur de l'Education, déjà secoué par un mouvement de grève illimité enclenché, depuis le 30 janvier dernier, par le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'Education (Cnapeste), pénètre de plain-pied dans une zone de vastes turbulences. Joint au téléphone, hier, le porte-parole du Cnapeste, Messaoud Boudiba, déplore le recours de la tutelle à la menace qui pousse au pourrissement. Ajoutant que le taux de suivi a considérablement augmenté ce dimanche 18 février, en raison justement de ces méthodes répressives usées par la tutelle qui se réfère à une décision de justice qui déclare illégale la grève du Cnapeste. « Nous revendiquons l'application de la loi, et il ne faut pas tenter de faire respecter la loi en commettant des dépassements contre la loi, car ne pas appliquer des dispositions contenues dans un PV signé et approuvé par la tutelle en 2015 est une grave entorse à la morale de la loi », relève notre interlocuteur, qui considère que le problème peut se régler, pourtant, en quelques heures s'il y a une réelle bonne volonté du côté de la tutelle. « Hélas, la volonté aujourd'hui de la tutelle est celle de dénigrer notre activité syndicale », se désole M. Boudiba. En tout cas, même si les revendications soumises par les cinq syndicats qui ont appelé à la grève, les 21 et 22 février, ne sont pas les mêmes que celles du Cnapeste, il n'en demeure pas moins que les syndicalistes dans leur ensemble manifestent un élan de solidarité avec les enseignants grévistes du Cnapeste, notamment ceux qui ont été suspendus de leurs postes. Cette démarche répressive adoptée par la tutelle, allant vers la suspension des grévistes, est unanimement dénoncée par les syndicalistes, et cela peut s'exprimer par une grève en signe de solidarité avec les enseignants suspendus, ont laissé entendre des représentants des syndicats du secteur regroupés au sein de l'intersyndicale.