«A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire». Au point où en est la situation de l'équipe nationale, Rabah Madjer n'en a cure de cet axiome. Tout le monde est conscient que le choix de la Tanzanie n'est pas fortuit en raison de son niveau, et le score en faveur des Fennecs le prouve amplement. Le staff, conscient des exigences des fans de l'EN, tenait absolument à cette victoire dans un stade réputé sévère et très exigeant pour faire le plein de confiance avec le second test mardi prochain face à un mondialiste, l'Iran. Mission certes accomplie, mais force est de reconnaître que l'EN n'a pas convaincu au vu des lacunes relevées, surtout en première mi-temps où la peur de mal faire était évidente chez la plupart des joueurs, notamment ceux qui ont essuyé par le passé les réactions du «tribunal» du 5-Juillet. Sinon, comment expliquer les passes latérales répétées des défenseurs ? Cet abus prouve le manque de confiance, chaque élément craignant de commettre la faute irréparable qui l'aurait exposé à la vindicte populaire et au courroux du sélectionneur. Cette équipe nationale a paru «coupée» de son attaque sans un relayeur tel Taïder dont l'absence s'est fait sentir et que le milieu de terrain Boukhenchouche n'a pu faire oublier, loin de là. D'ailleurs, c'est à la suite d'une perte de balle du milieu de la JSK qu'a débouché le seul but tanzanien via un corner. L'absence d'un «remonteur» de balles prenant le relais des défenseurs, voilà le premier constat. Ces derniers ont fait preuve de nonchalance lors de la réalisation de la Tanzanie, étant donné que nous avons dénombré sept joueurs en défense plus Chaouchi. Ont-ils été perturbés par la nouvelle organisation de base décidée par Madjer ? A notre connaissance, le 3-4-3 demandera du temps pour bien être assimilé par les joueurs. Et pourtant le but marqué très tôt par Bounedjah aurait dû mettre en confiance des Fennecs peu inspirés et perdant de précieux ballons. Ce que des observateurs ont qualifié de non-implication n'est autre que le manque de confiance de certains joueurs. En seconde période, l'EN a montré un bien meilleur visage, et c'est logique lorsqu'on compare le niveau technique d'ensemble des deux équipes, celle d'Algérie possédant des capacités dont la pleine exploitation n'est apparue qu'en seconde mi-temps, Bennacer et Chafaï ayant apporté leur contribution par la justesse de leur jeu et coordonnant leurs actions avec Hanni, trop replié à notre avis, Mahrez, Soudani et Bounedjah, ce dernier s'avérant certainement le meilleur par ses appels de balle, sa confiance et son efficacité. L'ancien harrachi doit être considéré comme un titulaire indiscutable en EN, et c'est la grosse satisfaction de ce match. L'autre remarque positive n'est autre que le pressing haut exercé par l'arrière-garde de l'EN qui a mis hors jeu plusieurs attaquants adverses. D'ailleurs, ce pressing est à l'origine de l'auto-goal du joueur tanzanien contre son camp. En outre, la domination des Verts a poussé le capitaine Medjani à s'aventurer en attaque et à même réussi à inscrire un but somme toute important, car il a découragé les Tanzaniens. Certes, on dit qu'un entraîneur qui gagne a raison, mais il n'empêche que Madjer et ses adjoints ont du pain sur la planche avec cette équipe nationale largement remaniée où on dénombre quatre capés ayant affronté la République Centre-africaine, à savoir Mandi, Ferhat, Medjani et Mahrez. Les nouveaux comme Bennacer, El Mellali et Chaafaï méritent plus de temps de jeu pour montrer leurs qualités. Les observateurs aimeraient bien les voir face à l'Iran, car ce serait pour eux un test révélateur. Enfin, il faut déplorer la nervosité de Bentaleb qui nous a habitués à mieux. Un joueur aussi chevronné que lui et évoluant dans un grand championnat devrait conserver la tête froide, car ce n'était qu'un match amical face à un adversaire largement à la portée de nos représentants. Finalement, cette équipe nationale a montré deux visages différents et doit progresser dans bien des domaines pour matérialiser le projet du premier responsable, Rabah Madjer.