Le premier sac de compost portant le sigle du marché de gros d'El-Kerma vient de sortir. A l'issue d'un processus d'expérimentation et de perfectionnement, l'entreprise gestionnaire du marché a produit un échantillon répondant aux normes de qualité de ce fertilisant à base de déchets organiques et verts. En principe, les premières livraisons à destination des agriculteurs ne sauraient tarder. Dans un lot mitoyen à l'espace commercial, composé essentiellement de hangars et de chambres froides, spécifiquement aménagé par la direction de l'EPIC de gestion du marché de gros de fruits et légumes d'El-Kerma en plateforme de compostage, la mise en sachet a bel et bien démarré. L'emballage spécifique pour ce compost ayant été commandé bien à l'avance, l'ensachage a commencé tout de suite après les résultats concluants de l'analyse de la qualité et de la conformité faite sur un échantillon du produit fabriqué à 100% localement. C'est-à-dire avec la matière première du marché, ces propres moyens et sa cheville ouvrière, techniciens compris. C'est l'aboutissement donc du projet de valorisation des déchets organiques générés par l'activité du marché par leur transformation en compost. En attendant bien sûr la phase commercialisation. Un détail trop important pour qu'il puisse échapper à la direction de l'entreprise gestionnaire. Le premier responsable du marché, Boussaada Abdelhak, a dans le cadre du marketing lié à ce projet déjà bien étudié les aspects placement et positionnement du produit, en ayant trouvé des réponses notamment aux trois questions élémentaires: Que proposons-nous comme produit ? A qui il s'adresse (nos segments de cibles) ? Et pourquoi nos clients doivent le préférer à d'autres ? Un scénario «crash-test» est même prévu pour faire en sorte que le compost portant la marque de fabrique du marché de gros d'El-Kerma comporte des avantages qui font la différence par rapport aux produits disponibles sur le marché. Le R20 pour commencer, l'APC d'El-Kerma pour conclure Dans cet objectif, des contacts ont été déjà entrepris avec la chambre d'agriculture de la wilaya d'Oran, qui enregistre un gros besoin et une forte demande en fertilisants -mais à des tarifs remisés- notamment en ce qui concerne la culture maraîchère et l'arboriculture. Il faut dire que le marché de gros de fruits et légumes s'imposait de lui-même comme l'endroit idéal pour une unité pilote de compostage. La matière première y est régulièrement disponible, une moyenne de 10 tonnes de fruits et légumes arrivés à péremption sont quotidiennement jetés. L'espace ne manque pas non plus. La main-d'œuvre tout autant. Les sources d'énergie pour faire marcher l'unité sont également disponibles. A ces atouts s'ajoutent les éléments proximité (par rapport aux différents réseaux, dont le transport) et la gestion-exploitation directe. A l'opposé, le premier choix du CET de Hassi-Bounif comme site d'emplacement était tout à fait inadéquat : perte de temps et surcoût de transport pour l'acheminement de la matière première et intrants, espace et environnement inappropriés, difficultés à mettre en place la chaîne logistique, moyens et main-d'œuvre comprise, et bien d'autres inconvénients. Le tir a été rectifié donc, le moins qu'on puisse dire, par le transfert des outils mis à disposition par le «R20 Med», dont notamment deux conteneurs-composteurs. Pour compléter le circuit, l'EPIC de gestion du marché a recouru au partenariat avec la commune d'El-Kerma. Celle-ci a mis à profit un lot de matériel, dont un broyeur et un rétro-chargeur. La boucle ayant été bouclée donc, l'unité s'est aussitôt mise en marche, avec comme idée-force du projet: la valorisation via un simple processus biologique des déchets organiques et verts pour améliorer la fertilité des terres agricoles tout en luttant contre les effets polluants des résidus. L'expérience, qui est à l'origine une action initiée par les pouvoirs publics, fait l'objet d'un accompagnement très sérieux de la part des autorités locales, à leur tête le wali Mouloud Cherifi qui suit de très près l'évolution de ce projet pilote. Pour preuve, ce dernier est, croit-on savoir, présélectionné sur le circuit de la visite prévue du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Un projet suivi de très près par le wali Un point digne d'intérêt d'autant qu'il combine harmonieusement plusieurs thèmes-phares d'actualité (recyclage, partenariat Oran-R20, partenariat public-public par le biais de la convention EPIC de wilaya-commune, création de ressources financières pour les collectivités locales, exemple à méditer pour toute collectivité territoriale d'un établissement EPIC de wilaya dont le chiffre d'affaires a réalisé un bond de 33% en mai 2017 avec près de 17 milliards d'entrées ) et à plus forte raison que l'on peut trouver là aussi autre élément d'économie verte, à savoir le recours par le marché d'El-Kerma à l'énergie solaire photovoltaïque, à hauteur de 50% actuellement, pour monter progressivement jusqu'à 100%. Pourtant, il ne s'agit là que de la première étape qui prépare un éventuel passage à un stade de production industrielle de compost écologique, issu de déchets organiques récupérés du marché de gros des fruits et légumes d'El Kerma, mais également des autres marchés de détail de la wilaya. Le passage au stade industriel à grande échelle, avec la mise en place d'une grande unité de production, est tributaire de plusieurs conditions, la qualité du compost devant être certifiée dans un premier lieu. Il va falloir aussi étudier le potentiel économique de ce fertilisant en élaborant une étude socioéconomique, qui se penche notamment sur la rentabilité du projet de la mise en place d'une grande unité de production.