Les premières cerises qui apparaissent sur les marchés proviennent des vergers de la localité d'Attar, situés près du plateau de Lalla Setti sur les hauteurs de la ville de Tlemcen, et de la région montagneuse de Ouled Sidi El-Hadj, Yebdar, Beni Hammad, Beni Ghezli de la commune d'Oued Lakhdar (ex-Chouly), et de la commune de Béni-Smaiel (Aïn Yessar) dans la daïra d'Ouled Mimoun, à l'est du chef-lieu de Tlemcen. Ces localités sont surtout célèbres pour leurs cerisiers (Gaouar et Bigarreaux) que viennent chercher des commerçants de toutes les régions d'Algérie. Pour le moment la récolte s'annonce un peu moins importante que les années précédentes. Cet arbre majestueux greffé par les anciens à partir du merisier (arbre sauvage recherché pour son bois) importé probablement d'Orient ou d'Espagne, se prête très bien au climat de ces localités merveilleuses où mûrissent les fruits à la chair rouge et savoureuse au pied des collines toutes proches qui offrent le maximum d'abri aux plantations des cerisiers. Il faut le souligner, ces contrées sont devenues de véritables centres arboricoles. La culture des cerises a sensiblement modifié le paysage depuis quelques années. Selon l'ingénieur agronome Lablack Azzedine, cette richesse récente a trouvé dans le milieu physique des conditions assez favorables. « Le relief, le sol, le climat comblent de bienfaits ces zones et atténuent dans une certaine mesure les méfaits du froid, du vent et de la pluie. Tous les vergers sont établis en tenant compte de la forme du relief et de la nature du sol. De cette façon, les arbustes peuvent porter des fleurs et garder leurs branches les plus fines sans subir chaque année ces rafales désastreuses. La nature du sol est pour beaucoup également dans l'abondance et la précocité de la récolte. Le climat qui règne au printemps dans ces lieux est en général propice aux cerises précoces, même si les fruits ne sont pas nombreux sur les branches de la partie inférieure des cerisiers à cause d'une floraison chaotique et le détachement des pétales du fait des coups de froid et le brouillard humide. Ces arbres conservent leurs feuilles tout l'été », expliquera M. Lablack. La cueillette a déjà débuté sur les innombrables arbres fruitiers qui envahissent toute la plaine et montent à l'assaut des pentes. « La production de cerises s'annonce bonne cette année, car les champs ont été épargnés par le brouillard, la grêle et le froid qui frappent durement certaines localités en hiver, et les vergers sont bien protégés de part et d'autre par les collines qui servent de brise-vent. Sur le plan de la production cette année pour la quantité, on risque d'être un peu en retrait. En revanche pour la qualité c'est plutôt bon parce que le fruit sera plus gros et plus sucré. Moins il y a de fruits moins il y a de dilution. Certes, on craignait beaucoup les pluies trop abondantes qui font éclater les cerises au moment de la maturité et qui font perdre ainsi une grande partie de leur saveur, mais il n'y a pas eu de dégâts et les conditions climatiques excellentes ne compromettent pas la récolte. Le ramassage se fait à la main sur les arbustes », nous soulignera un arboriculteur de Béni-Smail. Dispersés à travers des pêchers et des abricotiers, ou bien alignés dans les vergers, des centaines de cerisiers prennent leur parure de fruits en cette période ne laissant pas les habitants et visiteurs indifférents. Les premières cerises sont actuellement cédées à 600, 500 et 350 dinars le kilo au bord de la route de Béni-Smail qui mène vers Sebdou. « Elles sont trop chères, personne ne les prendra à ce prix-là. Pourquoi une telle envolée des prix de ces cerises ? Pourtant la récolte est bonne cette année, ou ils veulent nous répéter le scénario des oranges de cette année, qui malgré leur abondance sur les étals, leurs prix ont été exorbitants, on ne comprend rien du tout !», s'emportera un habitant de Sidi Medjahed venu acheter des cerises en ce mois de Ramadhan. « Les cerises sont toujours chères en début de récolte mais le prix finit toujours par baisser. On trouve des cerises à tous les prix en fonction des variétés et du calibre », tempèrera un jeune vendeur d'Ouled Mimoun. Cependant, malgré le prix excessif du kilo de cerises charnues et veloutées, à 600 dinars, beaucoup de gens sont tentés de goûter « hab el-moulouk ». « Allah Ghaleb, Ramadhan nous oblige à les acheter autrement dit on s'en passera », souligneront des citoyens rencontrés sur les lieux.