L'alerte donnée hier dimanche sur l'expulsion de migrants subsahariens vers le Niger, par le représentant de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Agadez, intervient alors qu'Alger et Niamey ont entamé les travaux de la 6e session du Comité bilatéral frontalier. Et qu'Alger ait réaffirmé qu'elle n'acceptera jamais l'installation de centres de rétention sur son territoire. Cette alerte, selon laquelle 400 migrants ont été laissés à la frontière algéro-nigérienne, est de nature à déstabiliser tous les efforts entrepris par les deux pays, et particulièrement par l'Algérie, pour gérer au mieux le phénomène migratoire. La 6e session du Comité bilatéral frontalier a, justement, comme ordre du jour de gérer ce phénomène, de le recontextualiser par rapport aux exigences humanitaires, mais également aux défis économiques qu'il impose au pays d'accueil. L'Algérie a, à plusieurs reprises, montré sa bonne foi dans la gestion du phénomène migratoire, avec un flux moyen de 500 personnes par jour qui entrent sur le territoire national, c'est deux à trois fois de ce qui se passait dans l'espace Schengen, avant que des pays comme la France, l'Italie et l'Allemagne ne rétablissent en catimini, selon l'expression du chef de la diplomatie espagnole Josep Borrell, les contrôles aux frontières. Pour l'Algérie, qui a refusé qu'elle soit utilisée pour recevoir les migrants chassés d'Europe, la vraie problématique du phénomène migratoire est sa prise en charge d'abord, ensuite donner à ces candidats à l'émigration clandestine les moyens de vivre dignement dans leur pays. Car si des ONG font certes leur travail, tout en restant silencieuses sur les raisons de l'expansion du phénomène migratoire, en signalant çà et là des dépassements dans la reconduite aux frontières de migrants clandestins par l'Algérie, elles occultent cependant que ces «expulsions» se font en étroite collaboration avec les autorités nigériennes, ou maliennes. En fait, l'explosion du phénomène migratoire aux frontières sud du pays est devenue problématique. Un responsable au ministère de l'Intérieur a en fait expliqué que le gouvernement est décidé à «garantir la sécurité aux frontières et réduire ce phénomène à un niveau supportable». Pis, les problèmes que pose à l'Algérie le phénomène migratoire sont de la même dimension, sinon plus, que ceux auxquels sont confrontés les pays européens. Et le flux migratoire est important, ce qui appelle de la part des autorités algériennes la prise en charge du volet humanitaire, car les Subsahariens arrivent aux frontières algériennes dans un état lamentable. La rencontre d'Alger entre les ministres de l'Intérieur algérien et nigérien devrait rebattre les cartes de ce phénomène migratoire et, surtout, identifier et annihiler les réseaux de passeurs, sécuriser la bande frontalière commune et accueillir certains migrants selon les capacités d'accueil et dans le cadre d'une migration légale. Un responsable au ministère algérien de l'Intérieur fait ce dramatique constat : «leur nombre (migrants) est tellement important qu'on ne peut ouvrir nos frontières à tout le monde». Une réponse claire aux récriminations de certaines ONG, qui n'ont qu'à de rares exceptions fait état de trafic d'êtres humains, de racket et autres trafics en tout genre qu'apportent avec eux certains candidats à l'émigration en Europe, n'utilisant l'escale algérienne que comme un simple transit vers l'eldorado européen. Et si les Européens ont déjà verrouillé leurs frontières, pourquoi l'Algérie subirait-elle le courroux des ONG quand elle veut sécuriser ses propres frontières ?