Le dossier des migrants est de nouveau utilisé pour mettre à mal l'Algérie qui, pourtant, a clairement défini sa politique concernant cette question. Le nouvel épisode concerne cette fois-ci des ressortissants arabes, en majorité des Syriens, entrés illégalement en Algérie et qui ont fait l'objet d'expulsion. Si des organisations non gouvernementales crient au loup, Alger a expliqué que cette procédure a été dictée par la nature même de ces personnes, soupçonnées d'être des membres de l'Armée syrienne libre qui étaient à Alep. Devant les accusations des ONG nationales et internationales, le gouvernement a répondu par des impératifs sécuritaires au-dessus de toutes les autres considérations, du moment que la conviction de ses services de renseignements est établie. Entrées illégalement en Algérie, une centaine de personnes ont été arrêtées et traduites devant la justice qui a ordonné leur expulsion, a précisé le département de l'Intérieur. La réponse d'Alger ne souffre d'aucune ambiguïté, affirmant que les personnes refoulées dernièrement aux frontières sud du pays ne sont pas des migrants et qualifiant les allégations des rapports diffusés à ce sujet sur la base d'informations d'organisations de droits de l'homme d'«erronés et de fallacieux». Alger reproche à ces organisations de diffuser de fausses informations à des fins inavouables et fournit, dans sa réponse, des éléments sécuritaires s'interrogeant sur la trajectoire de ces suspects qui ont déboursé jusqu'à 200 millions de centimes, transitant par plusieurs aéroports, pour arriver aux frontières sud du pays. La situation est à l'urgence, puisqu'on n'évoque pas un mais deux itinéraires pris par ces personnes pour entrer illégalement en Algérie, ce qui suggère la mise en place d'un plan savamment étudié pour infiltrer des éléments djihadistes à l'intérieur du pays. Les différents services de sécurité et les forces de l'ANP Alger ont d'ailleurs intercepté, parmi les migrants clandestins arrêtés, d'anciens soldats des pays du Sahel qui ont servi dans des zones de conflit connues pour être les plaques tournantes de tous les trafics et du terrorisme. Alger a confirmé également l'arrivée de migrants qui viennent des zones de combat de pays arabes en conflit, comme la Syrie, la Libye et le Yémen. Les réseaux de passeurs sont encadrés par des groupes armés qui contrôlent ces territoires et font dans l'exfiltration d'anciens combattants, avec des tentatives de remonter sur le territoire algérien, précise-t-on encore. Pourtant, ce n'est pas la première fois que le terrorisme international est soupçonné d'infiltrer les réseaux de passeurs et d'investir les circuits classiques de la migration. Une étude de l'université de Warwick, publiée dans le «Journal of Politics», note que si l'immigration ne provoque pas une montée du terrorisme dans les pays d'accueil, les organisations terroristes sont susceptibles de se servir des réseaux migratoires pour recruter des adeptes et diffuser leurs idées.