Depuis jeudi dernier, les sportifs ont compris pourquoi les joueurs de l'équipe d'Algérie sont désignés comme «Les Guerriers du désert», un surnom flatteur bien porté par les successeurs de Bougherra et Antar Yahia. La comparaison avec Oumdorman coule de source, le Sénégal étant la nouvelle victime et résume fort bien la combativité des Verts. Le Sénégal, que tous les observateurs considéraient comme l'un des grands favoris de cette CAN-2019, a été comme l'Egypte en 2009 battu par des Algériens plus soudés et combatifs que jamais. Et pourtant, avec son riche effectif et ses deux stars Mané et Coulibaly, le Sénégal endossait l'habit de favori en puissance et cela en raison de la stabilité au sein de la barre technique (Aliou Cissé a entamé sa cinquième année) et de l'expérience acquise avant et pendant le Mondial 2018 en Russie. A l'inverse d'Aliou Cissé, Djamel Belmadi a dû reprendre à zéro dans tous les domaines, à commencer par l'état d'esprit. A titre d'exemple, qui aurait imaginé que Brahimi, star en Europe, accepterait sans rechigner d'aller s'asseoir sur le banc ? Agissant par étapes, le coach de l'EN a pris à bras-le-corps les volets technique et tactique, inculquant aux joueurs sa propre méthode, ce qui n'était guère évident après le passage de ses prédécesseurs dont quelques-uns ont fait preuve de laxisme. Sous la coupe de Belmadi, les cadres ont appris à se sacrifier pour le bien de l'équipe. Jeudi soir, on a vu des Verts connus par leur virtuosité technique comme Mahrez et Belaili endosser le bleu de chauffe pour préserver l'avantage du but inscrit par ce dernier. Ainsi, la bataille annoncée dans notre livraison de jeudi a bel et bien eu lieu, ce qui a provoqué quelques « puristes » qui ont qualifié ce match de « choc décevant », oubliant sans doute que les deux équipes se sont créé de nombreuses occasions au terme d'attaques et contre-attaques rondement menées et qu'il y eu des sauvetages des deux gardiens. Il est certain que l'âpreté des duels et les coups francs ont renforcé leur analyse. Dans ce domaine, les deux formations ont fait jeu égal (20 pour l'Algérie et 19 pour le Sénégal). Il ne faudrait pas oublier que, dans ce débat, on a relevé des actions collectives de bonne facture, surtout du côté des Algériens, un peu imprécis dans la finition. Ils ont oublié aussi que le duel des stars de la Premier League a été remporté par Mahrez. Au cours du dernier quart d'heure, Aliou Cissé a utilisé toute ses cartes pour au moins arracher le nul, mais Belmadi a su garder ce forcing avec pragmatisme. Si les Lions ont obtenu plusieurs corners, les Verts auraient pu inscrire d'autres buts en contres. Ceci prouve que les coéquipiers de Belaili sont restés concentrés jusqu'au bout. Par ailleurs, nous avons comptabilisé les balles perdues, sept en première mi-temps et trois en seconde période, ce qui prouve qu'ils se sont mieux appliqués dans ce domaine, l'un des points faibles auparavant. Finalement, lorsqu'il avait affirmé en conférence de presse avant match « connaître les atouts et la manière de jouer du Sénégal », Belmadi ne bluffait pas. La preuve a été fournie au cours de ce choc serré où la balance a penché du côté algérien où la combativité et le talent ont constitué un amalgame intéressant à plus d'un titre. Et là, les plus sceptiques sont obligés de reconnaître les fruits du patient travail de Belmadi. Car, hormis le fameux match d'Oumdorman en 2009, on a rarement vu une équipe nationale aussi soudée. Les Verts ont évolué en bloc, fermant tous les espaces par un pressing qui a fini par déboussoler les Sénégalais. Et c'est Claude Leroy, spécialiste par excellence du football africain, qui a mis l'accent sur la défaite tactique du Sénégal. Pour Belmadi, il s'agit du match référence qu'il cherchait pour faire progresser l'équipe nationale. Avec cet état d'esprit et le talent des cadres, l'EN est prête à revoir ses ambitions à la hausse.