Des augmentations de prix variant entre 10 et 20 dinars ont touché plusieurs marques internationales de cigarettes fabriquées en Algérie. Ces augmentations ont coïncidé, selon plusieurs buralistes de la place d'Oran, avec l'entrée en vigueur des mesures de confinement adoptées par les pouvoirs publics dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus. A première vue, on pourrait penser qu'une diminution de l'offre sur le marché, induite par une probable baisse de la production dans les usines de la Société des tabacs algéro-émiratie (STAEM), qui commercialise des marques de renom telles que Marlboro, Winston, LM ou Gauloises, à cause de la crise sanitaire actuelle du coronavirus, pourrait expliquer cette hausse des prix. Mais selon des sources proches de la société algéro-émiratie, la production n'a pas diminué en cette période, et l'approvisionnement des grossistes régionaux s'effectue régulièrement et selon la même cadence habituelle. Pourquoi donc ces augmentations ? Interrogés hier sur la question, plusieurs buralistes oranais soutiennent que le marché est actuellement perturbé par une baisse drastique des approvisionnements à cause notamment de la mise à l'arrêt du service DSD (Direct Store Delivery) ou « Distribution directe aux buralistes » décidée par la STAEM en ce début de crise du coronavirus comme mesure préventive pour en limiter la propagation auprès de son personnel. Le service DSD, souligne-t-on, est rentré en service en septembre 2018 en tant que dispositif visant à assurer à la STAEM une meilleure maîtrise de la distribution en ciblant directement les commerçants de détail avec comme finalité garantir la stabilité des prix officiels et déjouer toutes tentatives spéculatives qui pourraient émerger au sein du marché. Mais avec la mise à l'arrêt dernièrement du service DSD, le marché est à nouveau livré aux seules mains des grossistes et des semi-grossistes, assure-t-on. Ceci sans compter le fait que plusieurs de ces buralistes, qui étaient jusque-là alimentés directement par la STAEM à travers le service DSD, sont maintenant obligés d'aller s'approvisionner auprès des semi-grossistes, avec tout ce que cela induit comme frais supplémentaires liés au transport de la marchandise. Deuxième élément avancé par les buralistes, la fermeture, au cours de cette période de confinement, de la majorité des semi-grosssistes. « Sur la trentaine de semi-grossistes qui activent à Oran, moins du tiers est resté actif, alors que les autres ont préféré carrément baisser rideau, ou pour certains, réduire leur temps d'ouverture à seulement deux heures par jour », affirment les mêmes sources. Une situation qui a créé, selon nos interlocuteurs, « une tension sur la demande, et par ricochet, des majorations de prix ». Contacté hier par téléphone, un semi-grossiste admet cette tendance de fermeture d'un bon nombre de semi-grossistes oranais. Néanmoins, pour lui, cette hausse des prix trouve surtout son origine dans les restrictions imposées par les grossistes. Les quantités que nous demandons ont été revues à la baisse et on nous impose des quotas limités avec des majorations de prix qu'on est obligés de répercuter à notre tour, a-t-il affirmé. Troisième élément qui peut expliquer cette hausse des prix a trait à la fermeture des cafés, notamment ceux équipés de distributeurs automatiques de cigarettes. Ces derniers, au même titre que le dispositif de distribution directe (DSD), offraient l'avantage de pratiquer des prix officiels et ne pouvaient en aucune manière permettre une quelconque spéculation. Voilà donc, ce qu'on peut retenir de manière globale comme facteurs clés pouvant expliquer ces hausses anarchiques des prix du tabac, même si le facteur de la spéculation qui est favorisé par le contexte actuel reste un dénominateur commun que les pouvoirs publics, notamment les services des directions du commerce sont les seuls à même de combattre efficacement. Il est à noter enfin que les marques locales de cigarette n'ont pas été touchées par ces augmentations grâce un dispositif qui permet aux buralistes de s'approvisionner directement auprès de la société productrice. Pour rappel, la Société algéro-émiratie de fabrication de tabac (STAEM) est une joint-venture créée en 2002 entre la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA), d'une part, et un consortium émirati d'investisseurs arabes, d'autre part. Cette société, dont le capital est détenu majoritairement par les investisseurs arabes, est officiellement « autorisée à importer et à distribuer, durant une phase intermédiaire, des cigarettes de marques destinées à être fabriquées localement. Suite à un contrat conclu avec la filiale du groupe Philip Morris International, la STAEM a été, dès 2005, l'importateur et le distributeur exclusifs des marques Marlboro et L&M sur le marché algérien. Ces deux marques de cigarettes sont fabriquées et importées directement de la Suisse.