L'augmentation en 2015 de la taxe sur le tabac fait craindre aux buralistes une réduction encore plus sévère de leurs marges bénéficiaires. Selon l'ancien directeur général des impôts, Abderrazak Naïli, « plus de 92% du prix du tabac sont des taxes, dont la taxe spécifique ». Pour lui, « l'expérience a démontré que les augmentations successives des taxes sur ce produit ont permis aux tabacs de la contrebande et de mauvaise qualité de mieux se vendre vu leur bas prix et du fait qu'il n'induit aucun coût de production ni de taxes ». « Avec une marge bénéficiaire allant de 2 à 11 DA sur le paquet de cigarettes de 70 à 150 DA, l'activité n'est pas rentable », affirment plusieurs buralistes de la place d'Alger qui s'approvisionnent chez des grossistes et demi-grossistes privés. En outre, ils estiment que cette hausse ne dissuadera pas les fumeurs. Un tour chez les buralistes d'Alger-Centre a permis de relever qu'ils ignorent le montant des taxes auxquelles la commercialisation du tabac est soumise. « J'ignore l'existence de ces taxes, je m'approvisionne uniquement chez le privé, car les frais de transport de la SNTA sont élevés en plus des risques d'agression dans le périmètre du nouveau siège de la société à Rouiba », soutient le gérant d'un kiosque à tabac à Alger-Centre. S'agissant de la marge bénéficiaire, il indique que pour le paquet de cigarettes de marque Nassim de 75 DA, elle est de 2 DA, alors que pour les Rym (le paquet est à 85 DA), elle est de 5 DA. Chez ce demi-grossiste de la rue Ahmed-Chaïb, à Alger-Centre, la marge est « d'un dinar seulement », affirme-t-il. C'est pourquoi, selon lui, « l'activité n'est pas rentable ». Pourtant, durant une heure, son magasin ne désemplissait pas de buralistes qui venaient s'approvisionner en cartouches de cigarettes de différentes marques. Son fournisseur est la STAEM, une société des tabacs algéro-émiratie. Selon lui, les différentes augmentations des prix qu'a connues ce produit ont fait baisser de 10% les ventes. Qu'en pense le consommateur ? « Les Algériens sont habitués aux augmentations. Donc, je ne pense pas qu'une hausse du prix du paquet de cigarettes va les dissuader de fumer », affirme un jeune. Pour lui, le véritable danger réside dans le fait que la cigarette est devenue un tremplin pour la consommation des drogues douces, dures et les psychotropes en tout genre. La solution ? « Il faut faciliter l'accès à la cigarette électronique », suggère-t-il.