Alors que tous les indicateurs concernant l'évolution de la pandémie de Covid-19 sont tournés vers l'éradication prochaine de ce virus, les statistiques se mettent soudain à mener une valse inquiétante à plus d'un titre, surtout si elle est couplée au comportement irresponsable de certains énergumènes qui n'hésitent nullement à fouler au pied toutes les recommandations des spécialistes de la santé. En effet, arriver à maîtriser plus ou moins l'évolution du nombre des cas de nouvelles contaminations puis, soudain, revenir à la case départ ou plus encore, a de quoi assombrir tous les horizons. Ainsi, le chiffre des nouveaux cas confirmés annoncé avant-hier mardi, soit 190 et 5 nouveaux décès dont deux pour Blida uniquement, qui est restée à zéro décès pendant plusieurs jours, nous fait penser aux feux de forêt quand les sapeurs-pompiers, au prix de mille sacrifices et efforts, parviennent à éteindre et qui reprennent de plus belle une ou deux heures plus tard à cause d'un feu qui couvait dans un maquis ou des broussailles et qui a profité du moindre coup de vent pour être ravivé. Les sapeurs-pompiers connaissent cela et font très attention puisqu'ils laissent toujours un piquet de surveillance pendant un jour ou même plusieurs jours, pour parer à toute éventualité. C'est la même chose pour ce qui est de cette pandémie -ou d'une autre- sauf que pour la pandémie, les citoyens de tout âge, de toute condition et, surtout, de toute instruction, constituent le gros des troupes qui luttent contre la maladie (ou le feu) et qui oublient trop vite qu'ils doivent être toujours vigilants pour éviter sa reprise, une fois circonscrit. Tout le monde en parle, mais tout le monde y participe, inconsciemment, obligé ou à son corps défendant, le citoyen algérien se trouve souvent dans des situations contraires à toute logique de prévention contre la propagation du virus. Il lui arrive de se trouver à distance respectueuse derrière celui qui le devance dans une chaîne et il y a quelqu'un qui vient derrière lui et qui se colle à lui, il rencontre des gens qui discutent sans fin au beau milieu du trottoir, l'obligeant à les raser pour continuer sa route, il se peut qu'une connaissance, sans bavette, se rapproche dangereusement de lui pour lui parler à l'oreille. Les exemples sont légion, les risques sont très grands aussi, la pandémie nous a pris de court et les moyens de sensibilisation, même s'ils existaient, sont inefficaces à cause de la perte de confiance entre les citoyens et l'Etat, entre les citoyens et les institutions quelles qu'elles soient et entre les citoyens eux-mêmes. Tout le monde espérait qu'avec le mois de Ramadhan, nous en aurions fini avec ce virus, le mois de Ramadhan est à son quatorzième jour et les choses ont plutôt empiré, les comportements irresponsables continuent de dominer et les gens commencent à perdre patience, bien qu'ils soient eux-mêmes les artisans de cette situation. Dernièrement, et alors que toutes les voix s'élevaient pour rappeler aux gens d'éviter les bousculades et la trop grande promiscuité, Algérie Télécom coupe l'Internet et les citoyens se sont rués en très grand nombre vers les ACTEL pour payer leur abonnement, formant des chaînes humaines compactes, longues de plusieurs dizaines de mètres, pour ne pas dire plus. Les gens restent là jusqu'à deux ou trois heures pour arriver au guichet et payer, risquant d'attraper le virus à chaque instant ou d'infecter leurs vis-à-vis trop proches et trop nombreux. Un citoyen à qui nous avions demandé pourquoi il n'utilisait pas les cartes de rechargement au lieu de se retrouver là, avec tous les dangers existants, nous informa que les revendeurs sont presque tous fermés et qu'il n'avait pas d'autre solution: «Vous vous imaginez en plein confinement, de 14h jusqu'à 7h le lendemain matin, au mois de Ramadhan en plus, et sans Internet ? Je risque de devenir fou, discuter avec des amis des heures durant, télécharger des jeux ou des films et passer mon temps ainsi, sont des choses dont nous ne pouvons pas nous passer actuellement. Algérie Télécom aurait pu attendre encore avant de nous couper l'Internet ou procéder par quartier pour éviter cette ruée dangereuse vers les ACTEL », nous répondit-il. C'est en effet incompréhensible qu'AT ait procédé à la coupure d'Internet pour tous les abonnés qui n'ont pas payé, et c'est presque la totalité qui sont dans ce cas, alors que le confinement est toujours de rigueur, que les ACTEL n'ouvrent que durant 4h par jour et que les gens ont été pris de court. Comme l'a suggéré notre interlocuteur, pourquoi ne pas avoir envoyé des messages d'avertissement, pourquoi ne pas avoir coupé l'Internet par quartier ou bien continuer comme avant en invitant les abonnés à s'acquitter de leurs redevances les uns après les autres. Nous espérons que la situation soit reprise en main et éviter ainsi une autre source de contamination à un moment où il nous faudrait plutôt être encore très vigilants.