Face à l'ampleur de l'épidémie de coronavirus à Tlemcen où le bloc 470 des patients Covid-19 du CHU est complètement saturé, les équipes hospitalières et soignantes en première ligne sont débordées et épuisées physiquement et moralement. « Vraiment on ne s'attendait pas à une recrudescence affolante du Covid 19 ! On est très fatigués et on a peur d'affronter ce nouveau rebond ! Certains cas suspects sont traités à leur domicile pour alléger un tant soit peu la pression exercée sur le bloc 470 de 90 lits qui ne peut plus contenir de nouveaux patients ! Mais, on ne sait pas comment on va gérer les arrivées massives d'autres patients qui présentent des formes parfois graves de la maladie Covid-19». Depuis plus de trois mois et demi, Samia, spécialiste des maladies infectieuses au bloc 470, est sur le front. Comme tous les soignants médicaux et paramédicaux spécialisés dans les maladies infectieuses, pneumologie et médecine interne, depuis le début de la crise, elle ne recule devant aucun sacrifice en ce combat contre la mort qui continue encore pour ces « combattants sur le front », qui sauvent des vies humaines malgré tous les dangers. Il est à rappeler dans ce cadre qu'une quinzaine de médecins et infirmières ont été infectés par le Covid-19. « Le personnel soignant de première ligne fait face à de nombreuses difficultés, comme l'exposition directe aux patients ayant une charge virale haute, l'exposition au risque de contamination, la pénurie de matériels, l'épuisement physique, la réorganisation des espaces de travail, le sentiment d'épuisement et la sensation d'être dépassé au travail. Il y a aussi la crainte de contamination des proches, des collègues ou des amis avec des conséquences dommageables pour leur santé, le port permanent des équipements de protection et la chaleur dans les salles de soins notamment celles du trouble de stress», indiquera Abdelhafid Bedjaoui, professeur de chirurgie «A» du CHU de Tlemcen. Selon un médecin spécialiste de l'unité de réa-Covid, la canicule qui sévit en cette période estivale n'a fait que compliquer les choses pour les nombreux soignants qui sont en première ligne et qui sont mis à rude épreuve par le port continu de leurs équipements de protection contre la pandémie. «Nous passons beaucoup de temps dans ce service pour soigner les patients atteints de Covid-19, mais avec la chaleur qui sévit tout particulièrement à l'intérieur des salles de soins, ça se complique de plus en plus pour nous, car on évite la climatisation qui fait circuler rapidement le virus. Vraiment, on n'était pas prêt à supporter cet aléa qui nous gêne beaucoup. Ça suffoque ! », témoignera un médecin de l'unité réa-Covid-19, expliquant que des signes de fatigue et de faiblesse se font sentir. «Le stress est intense pour tous les personnels médicaux, paramédicaux et même administratifs qui portent en permanence leurs équipements ! Certains d'entre eux commencent des fois à perdre patience. Les médecins et infirmières ont comme des palpitations dans les yeux et suent tout le temps, c'est très dur surtout avec les hospitalisations qui continuent d'augmenter. Ce que nous vivons aujourd'hui est pire de ce qu'on a vécu depuis le début des trois premiers mois de la crise. Les prochains jours vont être particulièrement difficiles pour nous !», ajoutera-t-il. Il faut rappeler dans ce cadre que de nombreux professeurs et spécialistes de médecine du CHU ne cessent de mettre l'accent sur les raisons de l'aggravation rapide de la situation épidémiologique liée au Covid-19 dans la wilaya de Tlemcen notamment en ce qui concerne les attitudes irresponsables de certains citoyens, qui ne respectent pas les gestes barrières et mesures de distanciation sociale. Pour leur part, les autorités de la wilaya de Tlemcen ont recouru à de nouvelles mesures de prévention portant sur le port de masques et bavettes de protection qui est désormais obligatoire pour tous les propriétaires et employés des locaux commerciaux autorisés à exercer leurs activités, les personnes fréquentant les magasins, centres commerciaux, administrations et structures publiques ainsi que pour tout conducteur de véhicule, afin de préserver la santé publique et lutter contre la propagation du coronavirus. Les services de la Sûreté de la wilaya, de la Gendarmerie nationale ainsi que les agents de contrôle de la direction du commerce veillent scrupuleusement à l'application et le respect de ces mesures, qui stipulent aussi que les contrevenants à ces dispositions encourent des pénalités administratives de fermeture, des poursuites judiciaires et des amendes allant de 10.000 à 20.000 dinars conformément à l'article 459 du code pénal.