L'exclusion des agences de voyages et de tourisme du rôle qui leur incombe dans l'absolu, à savoir réservation des billets d'avion, leur fait dire que l'Algérie n'a pas réellement rouvert ses frontières. «Pour nous, la situation n'a pas changé. Et la reprise des vols internationaux par la compagnie aérienne nationale est sans incidence pour les voyagistes, qui se trouvent encore dans l'inactivité depuis la fermeture des frontières au mois de mars 2020, jusqu'à présent», relèvent avec des soupirs de désolation des chefs d'agences de voyages en réponse à la question du degré de leur implication dans cette reprise du trafic aérien à l'international. «Nous sommes out», renchérissent d'autres, versant tous dans le même sens, à savoir une marginalisation qu'ils «ne comprennent pas» et qu'ils «ne digèrent pas plus», regrettent-ils. Au sortir d'une longue hibernation des voyages à l'international, seule Air Algérie est aux commandes de tout et de n'importe quel détail de voyage. La compagnie est au four et au moulin, elle assure le transport, sa vocation principale, et elle prend également, en exclusivité, la charge de la vente des packs aux voyageurs, en l'occurrence les billets d'avion et les frais de confinement dans des hôtels en Algérie dès leur descente dans les trois aéroports sélectionnés dans ce contexte, à Alger, Oran et Constantine. D'où la prise d'assaut de ses agences, qu'on aurait pu éviter en associant les voyagistes dans cette reprise des vols internationaux, estime-t-on. « Aussi graduelle soit-elle cette reprise des vols internationaux, on ne peut éviter les bousculades devant les agences d'Air Algérie, vu le nombre important de nos ressortissants qui veulent rentrer au pays », font encore remarquer des chefs d'agences, qui ne manquent pas de s'interroger sur la légalité de leur exclusion du programme alors que plus de 200 agences sont agréées par l'IATA pour faire ce travail de réservation des billets. Et au-delà de cette considération, les autorités auraient dû penser à lever un peu de misère dans laquelle pataugent les agences de voyages depuis plus de quatorze mois. Nombre d'entre eux ont changé de métier pour survivre à la crise qui les a frappés de plein de fouet, et ceux qui s'accrochent encore attendaient avec impatience cette réouverture des frontières pour reprendre du service. Mais ils ont été froidement douchés par cette exclusion «injuste», disent-ils. «Tout ce qu'on peut comprendre, c'est que les autorités donnent l'exclusivité à Air Algérie de la vente du pack de voyage, comprenant les frais du billet de transport et les frais d'hébergement dans les hôtels désignés, en application d'une stratégie visant le contrôle total de cette réouverture des frontières très limitée et sous haute surveillance », estiment les voyagistes. «Les clients ne cessent de nous contacter pour nous demander de leur prêter assistance, mais on ne peut absolument rien faire pour eux », relève-t-on, car nous ne pouvons même pas accéder au programme des vols en ligne. Les fake news pullulent sur les réseaux sociaux Les agences de voyages peuvent, par contre, faire des booking ou acheter des billets pour leurs clients auprès de deux compagnies étrangères, en l'occurrence Tunisair et Turkish airlines, qui opèrent des vols entre Tunis et Istanbul de et vers l'Algérie. Un petit morceau qui constitue une maigre consolation pour les voyagistes qui espéraient réaliser quelques bénéfices avec Air Algérie, vu le nombre important de la demande, notamment à travers le packaging et la possibilité du paiement des frais de confinement en dinars. Dans ce même contexte, on apprend que les fake news pullulent sur les réseaux sociaux. Des publications avec entêtes de la compagnie aérienne nationale livrent aux internautes de fausses informations sur des annulations fictives de voyages ou de nouveaux vols qui n'existent pas, déroutant complètement les gens qui se préparent pour le voyage vers l'Algérie, et qui guettent la moindre information en ligne liée à leur déplacement. Air Algérie a dans ce sens ouvert une page officielle que les voyageurs peuvent consulter et éviter de tomber sur de fausses informations, nous a-t-on appris. Le phénomène des fake news n'a pas épargné non plus le voyage vers la Turquie, obligeant l'ambassade de Turquie à Alger à rendre public un communiqué à travers lequel elle clarifie les conditions de voyage vers ce pays. « Certaines rumeurs stipulant que l'ambassade de Turquie en Algérie ne délivre pas de visas pour la Turquie sont totalement fausses. En effet, l'ambassade n'a jamais cessé de délivrer les visas et continuera à le faire », souligne-t-on à travers ce communiqué, tout en rappelant que pour se rendre en Turquie, les ressortissants algériens, qui ne sont pas soumis au confinement à leur arrivée en Turquie, doivent répondre à certaines conditions, dont un visa en cours de validité, un test PCR négatif de moins de 72 H ou un carnet de vaccination d'au moins 14 jours ou une preuve de guérison du Covid-19 des derniers 6 mois délivrée par les hôpitaux publics. Sur ce même plan, l'ambassade de France à Alger a rendu public un communiqué annonçant une reprise progressive à partir du 17 juin prochain de l'instruction, par les consulats généraux de France en Algérie, des demandes de visa présentées par des personnes se rendant en France pour motif professionnel et justifiant avoir obtenu par le passé un visa de circulation (visa de court séjour à entrées multiples) délivré par la France d'une validité d'au moins un an et arrivé à expiration après le 1er novembre 2019. Il s'agit seulement d'une entame de l'instruction des dossiers en question afin d'anticiper une levée de ces restrictions d'entrée sur le territoire français, dont la date n'est pas encore connue à ce jour, précise le même communiqué. Ajoutant que «les conjoints de Français, ainsi que ceux de ressortissants de l'Union européenne pourront également déposer leurs dossiers», précisant que «les demandes, quelle que soit la qualité du demandeur, seront reçues sur rendez-vous qu'il sera possible de prendre en ligne à compter du 9 juin 2021, selon le processus habituel». Bien évidemment, les voyageurs seront soumis au contrôle sanitaire avant leur entrée sur le territoire français, et doivent de ce fait présenter à la compagnie de transport et aux autorités de contrôle à la frontière, le résultat d'un examen biologique de dépistage virologique (RT-PCR COVID) datant de moins de 72 heures avant le départ (départ du premier vol en cas de voyage avec correspondance) et ne concluant pas à une contamination par la Covid-19, une déclaration sur l'honneur attestant qu'il ne présente pas de symptôme d'infection à la Covid-19 et qu'il n'a pas connaissance d'avoir été en contact avec un cas confirmé de Covid-19 dans les quatorze jours précédant le voyage».