Dans le football de notre temps, il y a parfois des paradoxes étonnants qui en constituent l'un de ses attraits. Face à la Mauritanie, les Verts ont déroulé en imposant leur évidente supériorité. Contre des Maliens exagérément agressifs, ils ont souffert, suscitant des inquiétudes de la part des observateurs. Mais, face à l'adversaire le plus dangereux et déterminé à stopper l'extraordinaire série, les coéquipiers de Mahrez ont livré leur meilleure prestation, la plus aboutie en tout cas dans tous les domaines. Lorsque la composition du onze entrant est tombée, on a pressenti que Belmadi a bien préparé son coup d'une part, pour les bonnes retombées du top 5, et d'autre part, pour améliorer la série des rencontres sans défaite. Aussi, il a aligné, à deux éléments près, l'équipe-type qui a brillé en CAN 2019 en Egypte. Il aurait bien aimé avoir sous la main le métronome et meilleur joueur de la CAN-2019 Bennacer et un Guedioura en forme. Quoi qu'il en soit, ce dernier a été fort bien suppléé par le jeune Zerrouki, alors que Belkebla a mis à son actif un match énorme, chacune de ses actions profitant au collectif. Enfin, Belmadi n'a pas apprécié les déclarations tunisiennes d'avant match. Ce fut un derby très musclé que l'arbitre égyptien n'a pas totalement maîtrisé en accordant beaucoup de coups francs aux Tunisiens et en brandissant des cartons jaunes, tant en fermant les yeux sur des fautes évidentes, et en s'abstenant de brandir le second carton jaune au capitaine tunisien Khazri, déjà averti, alors qu'il n'a pas hésité à expulser Guedioura. Si, face à la RD Congo, les Tunisiens avaient adopté un rythme de sénateurs, en revanche, face aux Algériens, ils ont tout donné sur le plan physique. Car, dans le volet du jeu proprement dit, les Verts étaient bien meilleurs, avec des transmissions de balles et des actions individuelles et collectives qui se sont avérées payantes. Ce fut d'abord la connexion Belaïli-Bounedjah qui fut à l'origine du premier but. Ensuite, le coup franc « travaillé» par le duo Belaïli-Mahrez, l'Oranais décalant habilement le ballon de la semelle et permettre à son capitaine d'inscrire le décisif second but. Les Tunisiens ont durement ressenti ces deux buts auxquels visiblement ils ne s'attendaient pas, en tout cas pas sitôt. La logique aurait voulu que les coéquipiers de Khazri, cherchant à résoudre leurs problèmes de sortie du ballon et en attaque face à l'impeccable secteur défensif algérien, s'y emploient de façon plus rationnelle. Ce n'était pas possible face au pressing dingue imposé par les Algériens dans toutes les zones sensibles. Et, si le quatuor défensif de l'EN a fait front avec succès, c'est grâce à l'énorme travail et l'abnégation exercés par le tandem Belkebla-Zerrouki, soutenus par Mahrez, Feghouli, Bounedjah et Belaïli. En somme, c'est le « label » Belmadi pur et dur qui, une fois de plus, a fait ses preuves. Du fait des nombreux duels et la farouche réaction des Tunisiens, la seconde mi-temps a été plus hachée, tout en conservant son intensité. Les Tunisiens ont lancé tous leurs remplaçants, espérant au moins réduire le score. Ils ont mené des offensives en appuyant sur l'accélérateur. Mais les Verts, ayant opté pour la gestion du résultat, ont fait front et ont même mis à leur actif des contres qui ont failli aboutir. De ce duel maghrébin qui n'avait d'amical que le nom, on retiendra que les « Guerriers du désert » sont toujours là, sans que ce qualificatif ne soit réducteur. En effet, les Algériens ont affiché de meilleures dispositions techniques et des inspirations qui auraient pu connaître un meilleur sort. Dans ce domaine, les Tunisiens ont failli et ont reconnu leur infériorité. Nous sommes convaincus qu'un matraqueur comme Laidouni porte préjudice à la sélection de son pays, car il est l'exécuteur de la sale besogne. Bounedjah en a fait les frais, mais le colosse tunisien a trouvé à qui parler lorsque Slimani est entré en jeu. On relèvera le 4-1-4-1 de base choisi par Belmadi a fort bien fonctionné, tandis que la plupart des fautes algériennes ont été commises au milieu et loin d'un M'Bolhi impeccable, vendredi soir. C'est plus important qu'on ne croit, surtout dans ce genre de match serré et engagé. Comme tous les Algériens, Djamel Belmadi peut être fier de ses poulains. Cependant, et c'est logique, il y a encore des défauts à éliminer pour que l'EN soit encore plus performante. Bounedjah, Belamri et Belaili devront, eux, s'abstenir de contester et de gesticuler, car ils écopent de cartons évitables. Quant à Guedioura, avec son âge et sa propension à commettre délibérément des fautes, il est vraiment dépassé et sera supplé avantageusement par le jeune Zerrouki. C'est du moins notre avis. Belmadi sait qu'il doit se pencher sur le cas de ce joueur en fin de carrière internationale. Décidément, cette équipe nationale nous ravit, et on trouvera le temps long pour la revoir de nouveau.