Pas moins de 160 malades du COVID sont actuellement hospitalisés au niveau de l'hôpital de Haï Nedjma (Chteibo) à Oran dont la capacité maximale d'accueil est pourtant d'à peine une centaine de lits. Une situation appelée à s'aggraver, si rien n'est fait, à cause notamment du manque d'oxygène auquel font face les malades en détresse respiratoire mais aussi les personnels soignant qui, de l'aveu de tous, sont au bord de la rupture. Les besoins quotidiens de l'établissement en oxygène sont de l'ordre de 8.000 litres, alors que les approvisionnements ne dépassent pas les 6.000 litres chaque 36 heures. Au Centre hospitalo-universitaire d'Oran (CHUO) «Dr Benzerdjeb», où trois services sont aménagés pour l'accueil des malades du COVID, la situation n'est pas meilleure. Les approvisionnements en oxygène pour alimenter les cinq évaporateurs dont dispose l'hôpital sont également en deçà des besoins quotidiens de l'établissement estimés de 3.000 jusqu'à 5.000 litres. Ce qui contraint l'établissement à recourir à l'usage des bouteilles d'oxygène. A l'hôpital de Chteïbo par exemple, une moyenne de 110 nouveaux cas confirmés sont enregistrés quotidiennement, dont seuls les cas «les plus graves» sont hospitalisés. Le reste des malades sont priés de rentrer chez eux pour se soigner à domicile et se mettre en quarantaine, affirment des sources hospitalières. Ainsi, bon nombre de ces derniers ont besoin, à un moment ou un autre de l'évolution de leur maladie, d'assistance respiratoire, et faute de lits disponibles à l'hôpital, ils sont le plus souvent contraints à se rabattre sur le marché privé de l'oxygène. Un marché en plein ébullition actuellement à Oran. La bouteille d'oxygène ou «l'obus» de 16 litres comme on l'appelle dans le jargon hospitalier, dont le prix ne dépassait pas les 40.000 dinars serait actuellement proposé à 70.000 dinars par certains. Alors que les concentrateurs d'oxygènes sont actuellement en rupture et ne peuvent être disponibles qu'à partir du mois d'août, date prévue pour leur importation, les nanomètres qui coûtaient, au prix de gros 18.000 dinars, sont proposés actuellement à 35.000 et jusqu'à 40.000 dinars pièce. Le prix du concentrateur d'oxygène a quant à lui carrément triplé, passant de 60.000 dinars à 180.000 dinars, en quelque semaines seulement. Sa location est de 20.000 dinars par mois, affirment nos sources. Une frénésie des prix qui a poussé bon nombre de malades et membres de la société civile mobilisés actuellement pour assister les hôpitaux et les malades dans leur lutte contre la maladie, à dénoncer ce qu'ils qualifient d'«opportunisme mercantile» qui, «sans aucune espèce de remord n'hésite devant rien pour se faire le maximum de bénéfices sur le dos des malades, ou des bienfaiteurs.» Nos sources illustrent cet opportunisme par le prix des bavettes de type chirurgical vendues à 50 dinars pièce alors que le coût de la fabrication ne dépasse même pas les 4 dinars.