Pourquoi les élèves se détournent-ils des maths dans leurs choix d'orientation scolaire ? Le ministre de l'Education nationale, Abdelhakim Belabed, qui participait samedi à un séminaire national sur l'enseignement des mathématiques, organisé pendant deux jours par l'Institut national de recherche en éducation (INRE), a relevé un « faible engouement » des élèves pour les filières mathématiques et math-techniques, dont le nombre des élèves se situe respectivement entre 2,68% et 10%. La crise des maths n'est pas propre à l'Algérie, puisque des pays développés connaissent la même problématique, et ils vont souvent à la chasse des génies en mathématiques dans les pays du tiers monde, en Asie, pour combler le déficit en cerveaux mathématiciens. Mais ce problème est relativement récent en Algérie, car dans les années 70 et 80, les élèves doués en mathématiques étaient assez nombreux, et ils étaient même ciblés par les chasseurs occidentaux de matière grise, auxquels l'Algérie facilitait la tâche en les envoyant suivre leurs études, avec bourses étatiques, dans des universités en Angleterre, aux Etats-Unis, en Russie et en France, pour ne plus revenir pour la plupart d'entre eux. Les causes qui poussent les jeunes apprenants à bouder les maths sont nombreuses, et cela commence par l'encadrement spécialisé dans cette matière, « qui ne répond pas aux besoins du secteur », selon un constat établi par le ministre de l'Education nationale. Cela laisse-t-il entrevoir une révision de la formation et d'un choix plus rigoureux des enseignants de maths ? Selon les spécialistes, en sus de la qualité des enseignants, les maths se perdent, parfois d'une manière irrécupérable, quand l'élève n'a pas une base solide, qu'on doit commencer à bâtir dans les cycles du primaire et du moyen, avant d'arriver au secondaire où s'opèrent les orientations des élèves. Viennent ensuite d'autres facteurs d'encouragement, essentiellement liés à la politique de l'Etat. M. Belabed a appelé à démontrer les caractéristiques esthétiques et créatives des mathématiques à travers l'organisation de concours, l'activation des matières d'enseignement et la création de clubs des mathématiques, qui peuvent constituer un attrait pour les élèves vers cette filière, mais on peut faire mieux. Si les matheux sont une rareté sur le marché, il faut bien leur donner la valeur qui convient. Ce qui n'est pas le cas. Il n'y a qu'à voir ce qu'est un salaire d'un ingénieur pour comprendre un peu pourquoi les jeunes ne sont pas aiguillonnés vers ces spécialités qui exigent de profondes connaissances en mathématiques, et pas récompensées à leur juste valeur. Sous d'autres cieux, quand on arrive à attraper dans les filets un matheux arrivant d'Afrique ou d'Asie, on lui offre une vie princière, logement, voiture, vacances payées, important statut en entreprise et salaires mirobolants. Des sociétés étrangères, qui ont exécuté des projets ici même en Algérie, payaient certains de leurs meilleurs ingénieurs jusqu'à 30, 40 millions de centimes/mois, alors que dans le secteur public, il fallait diviser ce salaire par 6 ou 7. Il y a, donc, la motivation salariale, et la garantie de débouchés motivants dans la recherche scientifique et la concrétisation de leurs résultats sur le terrain. Pour éviter que d'autres pays les cueillent comme des fruits mûrs.