Initiative périodique ou organisation durable pour se réapproprier l'espace public en éliminant les effets nocifs de la pollution environnementale ? Si la définition d'une campagne de nettoyage porte en elle la notion ponctuelle, elle ne vise pas moins, dans ce cas précis, une continuité de l'action pour donner son plein sens à la propreté durable de l'environnement, partout et en tout instant. Sinon, la campagne en question serait insignifiante, ou prendrait une dimension propagandiste de fausses civilités. Combien de campagnes de nettoyage des espaces publics a-t-on vu passer ces dernières années sans enraciner cette culture de la propreté de l'environnement dans la société ? L'initiative des pouvoirs publics à travers le lancement, le 30 septembre, d'une grande campagne de propreté de l'environnement porte dans le fond une visée similaire aux expériences vécues sur ce plan par le passé, «éliminer les points noirs à travers toutes les wilayas et améliorer le cadre de vie du citoyen et la prise en charge de ses préoccupations ». La campagne vient «en appui aux missions quotidiennes et permanentes du service public de propreté assuré par les collectivités locales», selon le communiqué du ministère, relevant que la campagne en question sera organisée régulièrement (chaque week-end) et vise à rattraper certaines insuffisances. Des insuffisances innombrables dans tout l'espace public urbain, suburbain et rural, y compris dans les mosquées et les cimetières. Comme de coutume, tous les moyens nécessaires au niveau local seront mobilisés pour éradiquer les points noirs, les décharges anarchiques et les déchets solides. Dans l'euphorie de la campagne antipollution de l'environnement - c'est ce qu'on ressent au moment de l'enlèvement massif des ordures en tous genres, où la participation de la société civile est remarquable -, on croirait qu'on ne reverrait plus jamais de décharges sauvages, qu'on est paré pour une vie dans un milieu sain et propre dans l'avenir. Malheureusement, le spectacle désolant des espaces publics agressés par la saleté, des sachets accrochés aux mauvaises herbes des terrains vagues, des détritus partout où se pose la vue, revient toujours au galop. Pour se retrouver l'année prochaine dans la même case du lancement d'une nouvelle campagne de nettoyage grandeur nature. Où se cache l'erreur dans ce décor ? Bien sûr, la campagne en question est salutaire, même si elle permet de respirer un air sain temporairement, mais n'est-il pas plus important encore d'inscrire cette initiative dans les habitudes quotidiennes, un comportement civilisé des citoyens et une mission de plus en plus ardue et régulière des services publics concernés par la gestion des déchets ? La gestion des déchets, voilà peut-être l'aspect scientifique qu'il faut creuser pour arriver à des résultats probants et durables en matière de propreté de l'environnement. Bien sûr, pas sans la contribution du citoyen, qui doit respecter les règles élémentaires de la propreté de son environnement.