L'origine de la tension et la rupture sur certaines catégories de médicaments anticancéreux relève d' «une mauvaise répartition» de la distribution, selon un constat établi par le ministre de l'Industrie pharmaceutique, Ali Aoun. Contestant les informations qui font état d'une pénurie de médicaments anticancéreux, le ministre a soutenu que la liste des médicaments anticancéreux comprend 121 catégories, «alors qu'actuellement, il existe une tension et une rupture, sur 15 ou 16 d'entre eux, pas plus». «Ce n'est pas facile de maîtriser rapidement ce marché qui a été perturbé, mais le secteur, le ministère et la PCH travaillent jour et nuit pour la disponibilité de l'ensemble des anticancéreux», a-t-il assuré, précisant que le pays débourse entre 600 et 650 millions d'euros annuellement pour acquérir les anticancéreux. Mais la cause principale de la tension sur ces médicaments a été imputée à une distribution défaillante. D'où l'appel lancé par M. Aoun, avant-hier, aux laboratoires de production pharmaceutique, exhortés à diversifier leurs collaborateurs activant dans la distribution pour étendre leur réseau et atteindre un grand nombre de citoyens. S'exprimant en marge d'une visite de travail et d'inspection, en compagnie du wali d'Alger, Mohamed Abdennour Rabehi, au niveau de cinq unités de production, à savoir les laboratoires Frater-Razes, Generic-Lab, Biopharm, Biocare, ainsi que la Société des industries médicochirurgicales «IMC», le ministre a souligné que la production locale d'insuline et de solutés massifs constituent deux priorités du secteur de l'industrie pharmaceutique. Les deux produits sont considérés comme «des armes» de la politique sanitaire du pays pour assurer notre sécurité sanitaire et répondre aux besoins d'un grand nombre de patients, a-t-il assuré. Appelant dans ce contexte les secteurs public et privé à unir leurs efforts pour réduire la facture des importations en 2023, estimée à 1,5 milliard d'euros/an. Première étape de la mise en œuvre de cette production au niveau local, le ministre a annoncé que Biocare produira de l'insuline injectable d'ici à fin décembre, voire début janvier prochain avec une capacité de 60 millions de stylos, «soit l'équivalent de deux fois et demie les besoins du pays». La production d'insuline au niveau de plusieurs laboratoires pharmaceutiques nationaux « mettra fin au monopole sur l'insuline en Algérie », a-t-il affirmé. Dans ses déclarations à la presse, le ministre a évoqué l'intérêt de produire l'insuline localement, mais aussi la matière première des produits pharmaceutiques. Non sans suggérer l'encadrement de l'activité liée au matériel médical à travers de nouvelles dispositions réglementaires visant à ôter les entraves que peuvent rencontrer les opérateurs économiques de ce secteur. En outre, le ministre a supervisé une unité de production d'anticancéreux de capacité de 10 millions de comprimés/an au niveau des laboratoires Biopharm, ainsi qu'une future unité de production d'insuline au niveau des laboratoires Biocare. Sur un autre registre, le ministre a fait savoir que des modifications seront prochainement apportées au décret exécutif 20-324 du 22 novembre 2020 relatif aux dispositifs médicaux, relevant que le dossier se trouvait actuellement au niveau du secrétariat général du gouvernement. M. Aoun a précisé, dans ce sens, que les producteurs et distributeurs de dispositifs médicaux sont confrontés à certains obstacles et problèmes en raison de ce décret exécutif. Ce texte «est un obstacle à la fourniture de ces équipements nécessaires, notamment au niveau des hôpitaux et des laboratoires d'analyses médicales», a-t-il dit, affirmant que «ce décret sera revu prochainement pour faciliter certaines mesures». En attendant la révision de ce décret, la tutelle a pris une décision permettant aux distributeurs d'exercer leurs activités sous certaines conditions, a-t-il indiqué, relevant que l'objectif était de garantir une distribution régulière de ces équipements dans l'intérêt du malade. Parmi ces conditions, le ministre a cité la nécessité de mettre sur le marché des produits portant le marquage «CE». Concernant les dispositifs médicaux produits localement, il a indiqué que l'usine doit disposer d'un certificat de conformité ISO -en attendant la révision de ce décret-, soulignant que toute cette activité sera réglementée dans les 12 prochains mois.