Lors de sa rencontre annuelle avec la presse, organisée dans la soirée de lundi, Lafarge Algérie, filiale du Groupe Holcim, a présenté un pré-bilan des réalisations de l'entreprise durant l'exercice 2022, et ses «priorités pour les années à venir», notamment ses «ambitions d'exportations», ses «solutions de construction innovantes» et ses «actions en matière de développement durable», présentés par Nicolas George, représentant du Groupe Holcim en Algérie, Hafid Aouchiche, Export Public Relations Director, et d'autres cadres de la société. Concernant la «situation du marché de l'export et de la demande intérieure de ciment», Lafarge Algérie affiche «10 millions de tonnes (MT) d'exportation» (de ciment et de clinker) en 2022, contre «8 millions MT» en 2021, et des prévisions de «12 MT en 2023», annonce Nicolas George. Ces «perspectives» annoncent aussi une stagnation du volume des exportations à hauteur de 12 millions de tonnes durant quatre années, soit entre 2023 et 2026. Quant à la consommation intérieure de ciment, elle a fortement baissé pour passer de 20 MT en 2020 à 16 MT en 2022. Cette baisse est due particulièrement à la situation sanitaire due au Covid-19, marquée par un ralentissement important du secteur de la construction durant cette période difficile pour l'ensemble de l'économie nationale et mondiale. Cependant, c'est la hausse des exportations, particulièrement depuis 2021, qui a permis de réduire le gap entre la capacité de production installée de Lafarge Algérie, qui est de 40 MT par an, et celle de la «capacité immobilisée», qui correspond aux quantités non produites, en raison de la baisse de la consommation nationale de ciments. Cette «capacité immobilisée» est passée de 17 MT en 2020, à 15 MT en 2021, puis à 14 MT en 2022, avec des prévisions de baisse à 12 MT entre 2023 et 2025, et à 11 MT en 2026 l'année pour laquelle Lafarge Algérie prévoit une reprise à 17 MT de la demande intérieure de l'entreprise. Des investissements et des contraintes logistiques En dehors de la hausse des exportations, l'année 2022 a été marquée par une accélération du processus «neutralité carbone», avec le lancement du ciment «Chamil EcoPlanet», «premier ciment Vert en Algérie», mais également le traitement, dans le cadre de l'activité «Geocycle» de l'entreprise, de plus de 270.000 tonnes de déchets dont des «déchets industriels» (7.200 T), de la «vase de barrages» (254.000 T) et 15.000 T de «déchets de fer». Toujours dans la démarche de la réduction de l'empreinte carbone, le cimentier a lancé un projet «100% solaire» à son usine Lafarge Sacs (LS Spa) de Bordj Bou Arréridj. Le projet est en cours de réalisation et devrait être réceptionné au courant de 2023. A noter qu'une fois la station solaire de l'usine LS fonctionnera uniquement en journée. Par ailleurs, pour réduire les émissions de poussières dans l'atmosphère, la société a équipé «4 lignes de production en filtres à manches». Lors de la rencontre avec les médias, les responsables de Lafarge Algérie ont également évoqué les «contraintes logistiques» que subit la société, comme «l'ensemble des opérateurs» dans «la chaîne de l'export». A ce propos, le cimentier annonce la réalisation, «avec l'appui du Groupe Holcim», de «plusieurs projets d'investissement», dont «l'acquisition d'un Shiploader au niveau du port de Djendjen» pour le chargement plus rapide des navires (de ciment en vrac), un «partenariat avec l'entreprise publique Rail Logistique, filiale du Groupe SNTF», et la «réalisation de silos de stockage». Des projets destinés à optimiser les «flux d'exportation» et les rendre «concurrentiels» sur les marchés internationaux. Pour «stimuler les exportations», le volume d'investissement a atteint 18 millions de dollars» en 2022, dont une partie consacrée à l'acquisition de camions. La taxe carbone : Une échéance capitale pour l'export Dans le cadre de la stratégie du Groupe Holcim de réduire ses émissions carbones d'ici 2025, Lafarge Algérie estime que «le captage de carbone» sera déterminant pour les exportations de l'entreprise mais également pour l'Algérie, en raison de la taxe carbone qui sera effective d'ici 2026 sur les marchés internationaux. «Pour maintenir sa compétitivité à l'export, l'Algérie doit anticiper la mise en place de la taxe carbone à l'entrée des pays de l'Union Européenne, et sans doute sur d'autres marchés», estime-t-on chez Lafarge Algérie. Selon les explications fournies, la taxe à payer à l'entrée de l'UE «par tonne de CO2 émise» sera «en augmentation graduelle». Dès 2026, la taxe sera de l'ordre de 2,5%, puis passera à 5% en 2027, à 10% en 2028, 22,5% en 2029, jusqu'à atteindre les 100% en 2034. Dans le monde, «33 usines du Groupe Holcim ont déjà des projets de «Captage et valorisation du dioxyde de carbone». Les responsables de Lafarge estiment que «l'Algérie a les capacités d'aller vite dans ces opérations». Ils rappellent que vers la fin des années 70, Sonatrach avait déjà employé une technique de séquestration de CO2 dans des formations géologiques (puits abandonnés). Cette opération concerne tous les acteurs et pas seulement le secteur industriel, car elle sera déterminante pour la compétitivité des exportations algériennes.