La commémoration officielle du 78ème anniversaire des massacres sanglants de mai-juin 1945 est marquée dans la wilaya de Guelma par des activités organisées par les autorités locales qui se dérouleront à travers les visites des repères historiques et les vestiges témoins de ce crime colonial imprescriptible ainsi que l'accomplissement de la marche solennelle du souvenir le 8 mai à 16 heures pour défendre la mémoire de toutes les victimes. Incrusté profondément dans l'immortelle mémoire collective nationale, le mois de Mai reste le jalon le plus distinctif et le plus expressif dans l'itinéraire douloureux de notre peuple, dans sa dynamique de combat et de sa lutte pour le recouvrement de sa souveraineté. 78 années après, le mois printanier rime toujours avec le mois de l'horreur à Guelma, Sétif, Kherrata...le mois des massacres sanglants de 45000 civils innocents, une évocation tristement maladive qui est intimement liée à la définition de l'acte odieux qui n'est autre qu'un génocide, un crime contre l'Humanité, perpétré par le colonialisme français, au mépris de toutes les considérations pour les valeurs humaines universelles. Mardi 8 mai 1945,Berlin s'effondre et l'Allemagne nazie capitule. Un nouveau monde se reconstitue sur les ruines de la Société des Nations (SDN) et l'on s'agite à organiser la conférence de San Francisco où selon "les rumeurs", l'on devait proclamer l'indépendance de tous les peuples colonisés. A la même heure où fut signé l'acte de capitulation enterrant le totalitarisme nazi, des balles crépitèrent dans nos villes, villages et campagnes pour abattre des manifestants dans leur marche pacifique, donnant ainsi le feu vert à la soldatesque coloniale, soutenue par des milices de colons européens armés, de commettre l'ignoble carnage, dans une "chasse à l'arabe", qui embrasa nos contrées où on tirait à vue et à volonté. Les sinistres Lestrade Carbonnel et Achiary avaient invité les européens à participer aux massacres. A la mi-juillet 1945, un relatif retour au calme a été observé et c'était le temps des constatations et des justifications. Le pouvoir central en métropole constate que sur le nombre des victimes de cette boucherie, plus d'un cinquième ont été perpétrés sur la population de Guelma et sa région, cataloguée comme étant une zone paisible et sans problème. Pour cela des enquêteurs gouvernementaux furent envoyés sur les lieux du drame avec une orientation de prendre la bonne mesure de ce qu'il faut cacher. Il fallait coûte que coûte semer le doute et nier même les évidences sur le carnage et maquiller les vérités. Le crime ordonné par le "boucher de Guelma" était inexplicable et injustifié et qu'il fallait recourir aux subterfuges et aux mensonges pour parvenir à tromper l'opinion publique française et internationale. 78 années après, la commémoration préserve son cachet particulier d'humilité et de dignité devant les douleurs du passé traumatisant et l'ambiance alourdie par toutes ses charges émotionnelles que l'on ressent dans l'accomplissement du devoir de mémoire. La portée expressive du geste à l'unisson dans la rituelle marche du souvenir est bien significative en fédérant les générations d'aujourd'hui dans la défense de la mémoire de toutes les victimes du colonialisme, à travers la recherche scientifique, dans une quête de la vérité sur notre identité historique et faire jaillir ses réminiscences dans la mémoire collective nationale. A travers cette auguste marche du souvenir, nous revisitons notre histoire, faisant allégeance au recueillement dans la dignité par devoir de mémoire.